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Congrès de la FAI à Bologne

Motion finale
Le jeudi 18 octobre 2001.

À presque un mois du 11 septembre, nous n’avons aucune certitude objective sur les auteurs du massacre et sur leurs commanditaires. Nous sommes cependant certains que les victimes de tout ceci, à part les milliers de morts dans l’immédiat, seront les prolétaires du nord et du sud de la planète qui connaîtront d’autres morts, destructions, pillages, oppressions, misère et suppression des libertés politiques, sociales et syndicales. Ceci est la conséquence certaine du combat militaire et économique entre les puissants.

Pendant que nous écrivons ces lignes, nous parviennent des nouvelles de l’attaque anglo-américaine contre les populations afghanes et des premières victimes civiles des bombardements « chirurgicaux ». La situation actuelle, dans sa complexité, confirme les analyses anarchistes du rapport inséparable entre logiques d’État et guerre comme condition permanente du développement de la domination et de la société d’exploitation.

Il faut empêcher la logique du combat militaire et économique, masquée par le conflit « de civilisation » entre les seigneurs de la terre. La politique US, depuis la guerre du Golfe en passant par les guerres yougoslaves, s’est caractérisée par la tentative d’affirmer sa propre hégémonie sur le système économique et politique international, se garantissant le contrôle du territoire de toute la planète. Une politique qui voit sur le plan intérieur de toutes les nations impliquées, une hausse des dépenses militaires au détriment des civiles, l’accroissement de la répression, l’attaque contre les conditions de vie et le revenu des classes travailleuses.

Les États nous ont conduits, hier comme aujourd’hui, à une situation « de guerre infinie » tournée dans cette phase historique surtout vers le contrôle des ressources stratégiques et aussi des voies de communication et de transport. La création de l’image actuelle de l’ennemi islamique, terroriste par définition, est utilisée, dans sa fausseté, à la justification des massacres déjà commencés : massacres qui comme toujours, frapperont presque exclusivement les populations désarmées. Il s’agit d’une tentative de véritable militarisation des consciences, utilisée aussi pour forcer l’acceptation des lois liberticides et racistes (on pense, pour l’Italie, à la célèbre loi Bossi-Fini sur l’immigration).

L’opposition à la guerre, à l’État, au capital, au militarisme et à la « globalisation » doit être intransigeante. Il faut sortir de la logique de la spectacularisation du conflit, imposée par les moyens des masse-médias, à laquelle malheureusement (on pense à Gênes) n’échappent pas de vastes secteurs du mouvement d’opposition. Secteurs dont les « actionnaires de majorité » se sont portés sur le chemin de l’institutionnalisation au moyen du projet d’un énième petit parti (l’Italia social forum).

C’est notre intérêt au contraire de se référer aux thématiques antimilitaristes, antiétatiques et anticapitalistes parmi « les gens communs » qui subissent les effets dévastateurs de la société hiérarchique : il faut éviter le plus possible l’isolement social que la politique de guerre veut construire autour de tout mouvement d’opposition réel. Nous ne pouvons alors que confirmer et répéter le choix de conjuguer radicalité et enracinement qui, comme anarchistes fédérés, nous a caractérisé dans l’opposition au G8 à Gênes, au printemps et cet été, cherchant à construire des moments d’agrégation de masse contre la guerre qui mettent sur pieds des initiatives de lutte et confrontation antimilitariste.

Les compagnes et compagnons de la FAI réunis les 6 et 7 octobre à Bologne en congrès national décident :

1. Sur la base de ces contenus d’analyse, donnent mandat à la commission antimilitariste pour qu’elle réalise un manifeste national contre la guerre.

2. Invitent les compagnons à poursuivre leur mobilisation contre la guerre et en particulier prévoit pour le 4 novembre 2001 une journée nationale à caractère antimilitariste basée sur des initiatives locales.

3. Donnent mandat à la commission antimilitariste pour la constitution d’un site Internet qui contienne documents, tracts, liaisons sur l’antimilitarisme et l’opposition à la guerre.

4. Donnent mandat à la commission de correspondance et à la commission antimilitariste pour estimer la possibilité d’annoncer une manifestation contre la guerre, ouverte à d’autres sujets, politiques, sociaux, pacifistes et antimilitaristes.

5. Reconnaissent l’exigence d’un congrès international des forces anarchistes et libertaires sur les thématiques antimilitaristes et de l’opposition à la guerre.

Contre l’extermination des populations sans défense, désertons la guerre et le militarisme !

L’unique guerre que nous sommes disposés à conduire est celle de classe pour la révolution sociale, pour l’internationalisme prolétarien, pour l’égalité et la liberté !

les 6 et 7 octobre 2001