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Débat

Mon orgasme m’appartient !

Le jeudi 18 octobre 2001.

Dans Le Monde libertaire du 4 octobre, dans la page antipatriarcale, l’article « Pour une révolution du masculin », signé L’En-dehors, posait d’intéressantes pistes de réflexion sur le patriarcat d’un point de vue masculin.

Néanmoins, je voudrais revenir sur le passage concernant l’orgasme masculin. Pour l’auteur, les hommes sont conditionnés à confondre éjaculation et orgasme. Le résultat serait un orgasme au rabais : « L’éjaculation dure quelques secondes, notre orgasme se réduirait donc à peu de chose : tout cela pour cela ? Cela n’en vaut vraiment pas la peine ! »

L’En-Dehors présente des techniques taoïstes et tantristes dans le but de stopper l’éjaculation. Cela permettrait aux hommes de « vivre des orgasmes identiques à ceux de nos compagnes ». Ne nous trouvons-nous pas là en pleine logique de compétition, du sport : plus long, plus haut, plus grand ? Les hommes, qui contrôlent déjà les sociétés, les entreprises, la conquête de l’espace et l’application du plan Vigipirate peuvent enfin aussi contrôler leur éjaculation ! Cette terrible éjaculation qui nous laisse parfois passifs et vulnérables…

La propagation de ces techniques taoïstes et tantristes pourrait signifier un recul dans la recherche d’une sexualité masculine libérée de la norme reproductrice. Comme dans la sexualité traditionnelle masculine, l’éjaculation se trouve de nouveau au centre de l’enjeu, par sa négation même !

De plus, l’application de ces techniques demande un véritable entraînement et une maîtrise du corps qui rappellent les arts martiaux. Tout cela me semble être à peu près le contraire d’une sexualité spontanée et libérée des normes.

Le problème, ce n’est pas l’orgasme qui coïncide avec l’éjaculation. Le problème, c’est une norme sexuelle qui s’intéresse exclusivement à l’orgasme (avec ou sans éjaculation) et qui estime peu tout ce qui peut se passer avant et après ces « quelques secondes ».

Heureusement qu’un rapport sexuel peut être grandiose — sans éjaculation, ni orgasme, ni pénétration, ni…

Gustave