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La lutte continue

Pizza Hut ou Pizza Honte ?

Le jeudi 1er mai 2003.

Pizza Hut a 45 ans. La boîte naît à Wichita, Kansas, États-Unis, et sa pub nous raconte le rêve américain : deux frères empruntent 600 dollars à leur mère pour ouvrir un premier kiosque à pizzas et, bientôt, leur premier restaurant. Un demi-siècle après — devenue désormais partie intégrante de l’empire Pepsi, qui se targue d’être le premier groupe mondial de la restauration rapide avec ses 22 milliards de chiffre d’affaires — Pizza Hut affiche en France un chiffre d’affaires de 272,718 millions d’euros pour 2001, 4 000 salariés, 100 points de livraisons, 30 restaurants.

Mais quel est donc le secret d’une réussite aussi foudroyante ? La matière première — vous le savez bien — est la pâte à pizza, donc de la farine, de l’eau et quelques garnitures, pas de quoi se faire des millions. La maison mère contribue certes avec ses boissons sucrées et sa pub, mais cette ascension n’aurait pas lieu sans une exploitation effrénée des employé(e)s, souvent jeunes, presque toujours précaires, traité(e)s comme des moins que rien par des gérants aux dents longues.

C’est donc contre les conditions de travail infâmes, les brimades continuelles, les pressions morales, les cadences infernales, des méthodes qui consistent à dresser les uns contre les autres que les employés du restaurant Pizza Hut de Bonne-Nouvelle se sont mis en grève le 28 février 2003. Que demandent-ils, outre le respect de leur dignité ?
 Une augmentation de 10 % des salaires ;
 Le versement d’un treizième mois ;
 Le remboursement intégral des taxis (pour ceux qui rentrent la nuit) ;
 Un service d’entretien distinct de la cuisine et du service aux tables ;
 Une prime de renouvellement de chaussures et collants de 40 euros ;
 Les jours fériés travaillés, payés double dès l’embauche ;
 Une mutuelle adaptée ;
 Le payement intégral des jours de grève et une prime de reprise du travail ;
 L’annulation de toutes les sanctions contre les salariés.

La direction de la boîte a répondu par le refus de négocier, par l’appel à la police et d’un huissier grassement payé, par des intimidations et des pressions individuelles, des tentatives de briser la grève en employant des salariés d’autres restaurants, l’utilisation de faux clients pour provoquer les grévistes.

Collectif de solidarité avec les salarié(e)s de Pizza Hut et McDonald’s en lutte


Bonne-Nouvelle : les grévistes du Pizza Hut ont gagné !

Les salarié(e)s du restaurant Pizza Hut du 26, boulevard Bonne-Nouvelle, Paris 10e, ont gagné au bout du 29e jour de grève, contre la Multinationale YUM. Le 28 mars 2003, un protocole de fin de conflit a été signé entre la direction du restaurant et le représentant des grévistes que la direction refusait de voir à la table des négociations malgré qu’il soit choisi par les salarié(e)s et mandaté par la Fédération CGT Commerce, Abdel Mabrouki, délégué syndical CGT pour l’UES Pizza Hut. Les grévistes ont gagné :
 Une prime de chaussures de 30 euros par an ;
 Le remboursement du taxi ( pour rentrer du travail la nuit ) à hauteur de 15,24 euros ;
 Les collants à disposition ;
 La construction dans le restaurant d’une douche et d’une salle de repos ;
 L’abandon de toutes les sanctions depuis l’arrivée, le 9 janvier dernier, du nouveau manager ;
 Le gel des mutations pendant un an ;
 Le paiement des jours de grève, équivalent à 50 %.