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En vrac

Le jeudi 24 avril 2003.

Skuds & Panic People, le nom du groupe évoquerait vaguement une certaine actualité moyen-orientale si ce n’était tout à fait fortuit. C’est plutôt festif, comme on dit, entre ska sautillant et punk musclé. Voire carrément hardcore parfois étant donné le son énôôôrme qui sort des enceintes, à se demander s’il n’y a pas quelque sortilège dans les studios d’enregistrement de Bretagne (car le groupe vient de là-bas). Les textes, servis par deux chants masculins — voix de basse volontiers rauques — parlent des copains, d’unité dans la lutte antifasciste et anticapitaliste, de la violence qui explose parfois… Bref, de toutes ces choses que l’on retrouve habituellement chez la plupart des groupes oï antifa. Un album punk où le ska n’est jamais tout à fait absent (et inversement), à ranger à côté de Ya Basta, Brigada Flores Magón, voire Nuclear Device pour les mélomanes qui n’auront pas bazardé tous leurs vieux disques. En concert, ça doit être terrible !

Contact : Yann au 06 07 40 30 09, skudsmania@caramail.com

Ex-fan des eighties, seras-tu séduit(e) par le disque des Darling Genocide, pourtant pas d’époque ? Ce premier album qui vient tout juste de sortir, plonge dans l’univers musical alterno-déglingue des années 80 : guitare, chant et clavier pour une zique punk synthétique assez accrocheuse où il est question de mal de vivre, de dégoût, de cette société qui condamne l’individu aux frustrations, où l’on se consume de sur-consommer. Le disque s’intitule Voyage au bout de l’ennui, et indépendamment de ce charmant programme, la référence à peine voilée ne surprend pas. Le groupe navigue entre rage et nihilisme avec parfois, peut-être, une certaine complaisance qui pourrait assez vite devenir grotesque si personne n’y prend garde. L’esthétisme à tendances suicidaires d’une certaine new wave occidentale n’ayant pas laissé d’impérissables souvenirs, à quoi bon reprendre un flambeau éteint ? Cette mise en garde posée, j’aime assez cette petite galette autoproduite, qui réserve deux reprises sympas : la Machine de Dani, et Bananas split de Lio. Sont vraiment restés bloqués en 80, ma parole !

Contact : Broken Wings, 99, avenue de la Marne, 92600 Asnières, www.darling-genocide.fr.st

Récemment mis sur pied en France, l’Anarcho-Punk Federation (APF) est une regroupement d’activistes qui souhaitent rompre avec l’isolement et l’apolitisme, discuter, échanger, construire des choses ensemble, et (re)placer le punk dans un contexte et des problématiques politiques. Contre-culture, leur publication irrégulière, est un premier espace de paroles et d’échanges, un genre de lien fédéral en somme. Le premier numéro du zine, paru il y a quelques mois maintenant, m’avait passablement déçu. C’est dire si j’attendais ce deuxième numéro avec impatience, tant l’ambition de la fédération anarcho-punk me semble bienvenue. Le contenu donne un aperçu de ce qui se passe et de ce qui se pense dans la mouvance punk anar, en France et ailleurs. C’est d’ailleurs la partie internationale, composée d’articles sur la Malaisie, l’Indonésie, le Nigeria et d’interviews d’activistes locaux, qui m’a paru la plus intéressante, ainsi que les pages consacrées aux chroniques diverses (disques, livres, zines, journaux, etc.). Mais, bon, la déception est hélas encore au rendez-vous, entre les questions pas toujours très intéressantes de certaines interviews (celle du groupe Fœtus Party notamment), quelques articles de « réflexion » (paraît qu’il faut dire « colonnes ») plus ou moins consternants, et un bâclage en règle des textes rédigés à la vas-y-comme-j’te-parle et tellement bourrés de fautes d’orthographe que leur lecture relève parfois du supplice.

Franchement, les punks souffrent déjà de trop de préjugés pour qu’on donne des billes à ceux qui les traitent d’analphabètes. Bref, ça manque encore cruellement de relecture et d’exigence, c’t’affaire. Encore dommage.

Prix libre à Maloka, BP 536, 21014 Dijon cedex

Une véritable petite caverne aux trésors visuels est accessible sur le net. Je veux parler du site web des Éditions Humeurs, consacré aux dessinateurs et artistes indépendants.

En le visitant, je me suis tout d’abord réjoui de constater que l’activisme underground conduit presque nécessairement aux réseaux, aux liens, à l’échange. Le milieu du graphisme thrash n’y échappe pas. À ce titre, le site des Éditions Humeurs constitue un véritable foisonnement d’auteurs, certains présentant une partie de leurs travaux dans un menu qui leur est spécialement consacré (avec, au hasard, Winshluss, Tanquerelle, Poincelet, Ambre, Blanquet, Julie Doucet, Kerozen, etc.), les autres — ceux qui ont l’avantage de proposer leur propre site web — étant accessibles via des liens. Pour autant, les Éditions Humeurs n’en oublient pas de présenter leur propre came, à savoir les productions de Sylvain Gérand (dont on retrouve la collection quasi intégrale de son graphzine : L’Horreur est humaine, que nous avons chroniqué ici même il y a quelques temps) et celles de Max. De quoi s’en mettre plein la vue, d’autant plus que certains graphismes sont particulièrement destroy.

Contact : editionshumeurs.free.fr

André Sulfide