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éditorial du nº 1416

Le jeudi 17 novembre 2005.

Les médias, « aveuglés » par ce qui se passe dans les banlieues parisiennes et ailleurs, ont beau jeu de passer sous le coude ce qui se passe dans le monde du travail. Pourtant, si la grève de la TRM a repris ce dernier week-end à Marseille, le gouvernement s’attaque à la légitimité de la grève du 21 novembre. Le président de la SNCF (Louis Gallois) a même qualifié d’« artificiel » le motif invoqué par les principaux syndicats pour déposer leur préavis pour lundi prochain. Comme pour Marseille, combattre les dangers de la privatisation n’est pas (selon les énarques qui nous régentent) dans le rôle du syndicalisme ; celui-ci devrait se contenter de revendications salariales.

La manifestation du 19 novembre serait-elle aussi illégale ? Faudrait voir. Une mobilisation générale pour la défense du service public ne traite pas de question de salaires, mais conserve un caractère syndical. Donc deux poids deux mesures. Dans ce panorama social, où faut-il voir la vérité, où faut-il espérer dans l’avenir ?

Ou alors faut-il, comme l’écrit judicieusement Françoise Blum dans un quotidien hexagonal de l’après-midi, penser que les médias dictent la réalité à la réalité ? Qu’une grève n’est « légitime » que si elle passe aux « 20 heures ». Faut-il faire preuve de « menaces criminelles » pour accéder aux étranges lucarnes ? L’actualité et puis après ? C’est là tout le problème !

Demander la démission d’un ministre, tout le monde le fait dans les couloirs, mais ces « gamins » le font dans la rue. En fait, comme l’écrit la précitée « Il ne s’agit pas d’une révolte ouvrière, mais d’une révolte d’enfants de la classe ouvrière ».

Les aïeux des jeunes français issus de l’immigration ont été recrutés par les entreprises françaises pour reconstruire la France après la Libération. « Logés » dans des bidonvilles, ils ont édifiés les HLM où sont parqués leurs descendants et d’autres ! Question insertion sociale, ce n’est pas l’espérance d’une nouvelle vie.

Demandez donc à ceux qui, à l’usine Citroën d’Aulnay-sous-Bois, sont « embauchés » pour des missions de quelques mois et sont remplacés par des ouvriers d’origine française !

Bon, à part tout cela ? Les expulsions parisiennes sont encore malheureusement à l’esprit. Rue de la Fraternité dans le 19e arrondissement, l’immeuble anciennement occupé est déjà en vente. Paraîtrait que c’est un loft pour des artistes ! Leur monde du marché poursuit son cours, à nous d’enrayer la machine !