Comme nous l’indiquions la semaine dernière, l’obligation de changer de local pour confectionner le Monde libertaire ainsi que la nécessité de diminuer notre déficit chronique nous a conduit à effectuer un certain nombre de propositions aux militants de la Fédération anarchiste, mandatés par leurs groupes respectifs, lors du week-end des 14 et 15 octobre 1989. Un plan de restructuration du journal a été élaboré afin de lui permettre de continuer à paraître et de retrouver un équilibre financier.
Nous n’avons jamais caché aux lecteurs du Monde libertaire nos difficultés et ils se sont toujours retrouvés à nos côtés pour franchir les étapes difficiles. Cela crée des liens et des obligations, entre autres celle de dresser un bilan le plus exact possible de notre situation actuelle. En 1987, sur 45 numéros, nous avons enregistrés 279 454 F de pertes (soit 6 210 F par nº) ; en 1988, Pour 44 numéros, 195 938 F (soit 4 453 F par nº). Un contrôle plus strict de la gestion l’année passée nous a permis de diminuer le déficit, mais non de le supprimer. Au début de l’année, les hausses de prix de nos fournisseurs (3 % pour le papier, 3,15 % pour l’impression et près de 40 % pour le routage) nous ont durement touché. Un tirage plus important, nécessaire pour réajuster notre distribution, a encore augmenté nos sorties. Maintenant, une hausse des tarifs postaux de 15 % nous frappe (justement dénoncée par le Canard enchaîné et par notre hebdomadaire car privilégiant les journaux les plus « lourds », bénéficiant déjà de la « manne » publicitaire). Tout cela nous conduit à prévoir un déficit à la fin de l’année insupportable pour notre organisation et mettant en danger toutes les œuvres de la Fédération.
Il était donc temps de réagir et d’adopter des mesures assurant au Monde libertaire une parution régulière dans les mei-leures conditions possibles. Afin de diminuer nos coûts et remplacer un matériel vieillissant et encombrant, nous envisageons de nous équiper en micro-informatique pour fabriquer le journal en P.A.O. Mais si certaines de nos dépenses baisseront (loyer du local et photogravure essentiellement), cela ne sera pas suffisant car nos coûts réduits au minimum au cours des années précédentes ne sont pas indéfiniment compressibles. Lorsqu’un journal ordinaire passe d’une photocomposition traditionnelle sous-traitée à la P.A.O., il diminue surtout ses coûts en assurant par lui-même cette opération. Ce n’est pas notre cas, et nous devons être l’un des rares hebdomadaires depuis douze ans à paraître avec un seul permanent rémunéré (au S.M.I.G.) et une équipe de bénévoles constituant le comité de rédaction.
Une nouvelle formule
Cela ne sera pas suffisant et nous devons réduire nos coûts sur ce qui constitue l’essentiel de nos dépenses : le papier et l’impression (respectivement 22 % et 42 % de nos sorties). Nous nous voyons donc contraints à diminuer la pagination de notre hebdomadaire, passant de douze pages à huit. Cependant la micro-informatique nous apportera une qualité supérieure, nous permettant de présenter une maquette et un montage plus modernes (1re page rédactionnelle et habillage des photos par exemple). En effet, notre restructuration des moyens de fabrication s’accompagnera nécessairement d’une évolution de la maquette et de la partie rédactionnelle. Nous y travaillons actuellement et le huit pages constituera véritablement un Monde libertaire nouvelle formule. Il est difficile de prévoir exactement ces changements de présentation qui aboutiront officiellement le 1er février 1990 car il s’agit de marier harmonieusement nouvelles possibilités techniques, évolution rédactionnelle et ce qui constitue depuis de nombreuses années le fond commun de notre journal.
Le M.L. nouveau en février 1990 ? Oui, car une période de transition est nécessaire pour évoluer sans à-coups et nous devrons pendant ces trois mois peaufiner les différents projets afin de présenter la meilleure formule possible. Nos moyens ne nous permettant pas d’aborder cette période de transition en assurant à la fois le M.L. hebdomadaire à douze pages et la préparation de la nouvelle formule, notre journal paraîtra donc dès ce numéro d’une façon bimensuelle. Vos prochains rendez-vous avec le Monde libertaire sont donc fixés au 9 novembre (nº 767), 23 novembre (nº 768), 7 décembre (nº 769), 21 décembre (nº 770), 4 janvier (nº 771) et 18 janvier (nº 772). Nos abonnés ne souffriront pas financièrement de ce changement de parution car leur abonnement continuera à fonctionner selon le nombre de numéros parus.
Et cela pourrait constituer un soutien efficace si tous ceux, achetant leur journal en kiosque, qui le peuvent et nous font confiance, s’abonnaient dès le prochain numéro. Car cette étape à franchir ne le sera que grâce à votre soutien (abonnement, souscriptions, virements automatiques). Si cette nouvelle formule, Monde libertaire à huit pages en P.A.O., doit nous permettre de continuer tout en équilibrant nos comptes, elle nécessite des investissements immédiats. Sans vous, sans soutien, rien ne se fera !
Certains, déjà, nous ont entendu tels la revue bulgare Révolution anarcho-communiste ou Nabate (Liège, Belgique) qui, fraternellement, nous ont envoyé une aide pour que notre journal « [qui] tient une place unique dans le monde franco-phone en ce qui concerne l’information » puisse continuer. Ou bien encore cette « vieille (!) anar de 77 ans », toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agit de passer un cap difficile. Nous sommes persuadés que vous êtes nombreux à vouloir que la voix du Monde libertaire ne s’interrompe pas au milieu du concert de l’autoritarisme « mou » de la social-démocratie. Alors prouvons-le, tous ensemble ! Fidèles à notre volonté de vous informer, à chacune des prochaines parutions, nous feront le point sur les projets et le soutien.
Salut et révolution sociale.
Les administrateurs