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Meurtre

Le skinhead Marc Grubica poignarde un jeune lillois

Le jeudi 31 janvier 1991.

Dans la nuit du dimanche 13 janvier 1991, vers 2 heures du matin, à la sortie d’un café de Lille, Nicolas Poitevineau, 28 ans, employé à la perception de Marcq-en-Barceul, et deux de ses amis sont pris à partie pour les dépouiller d’un blouson. Nicolas se lance à la poursuite des agresseurs pour relever le numéro d’immatriculation d’une de leurs deux voitures. Il revient auprès de ses amis et s’effondre mortellement blessé. Il a pris un coup de lame en plein cœur. L’auteur présumé du coup sera rapidement identifié, c’est Marc Grubica, un skinhead. Le motif : Nicolas aurait porté le regard sur sa copine !

Voilà un crime sordide à mettre, un fois de plus, à l’actif des skinheads lillois qui, déjà en 1988, avait froidement assassiné Patrick, un jeune de 27 ans, paisiblement assis sur un banc dans un square lillois.

Il n’y a pas si longtemps, le 19 novembre 1990, Marc Grubica était jugé au côté de ses complices pour avoir fait partie du groupe de skinheads qui, le 1er octobre 1988, accompagnait Christophe Lhorte, au moment où il assassinait Patrick Le Mauff.

Devant le tribunal correctionnel de Lille, les skins avaient adopté un profil bas. Non, ils n’avaient rien vu, rien entendu ! Non, ils n’avaient aucune idée politique ! Ce n’était qu’un groupe « musical » qui avait commis une erreur de jeunesse… Une de plus ! Car, les skinheads lillois, adeptes du mouvement Troisième Voie et du Parti nationaliste français et européen (PNFE), n’en sont pas à leur coup d’essai.

Depuis quelques années Marc Grubica a été dans tous les sales coups, comme on peut en juger au regard de l’inventaire qui suit :
— Le 5 septembre 1987, trois skins agressent des homosexuels à Lille. Ils seront condamnés à treize mois de prison avec sursis ;
— Les 27 et 28 mai 1987, quinze skins ratonnent à Rouen. Ils seront condamnés à trois mois de prison ferme pour violences avec armes ;
Le 27 août 1988, des militants fascistes participaent au congrès néo-nazi européen, à Courtrai (Belgique) ;
— le 1er octobre 1988, Christophe Lhorte vient visiter son ami Marc Grubica. C’est ce dernier qui, après l’assassinat de Patrick Le Mauff, l’aidera à fuir ;
— le 3 novembre 1988, trois skins sont condamnés à huit mois de prison ferme pour diverses agressions faites les 7 et 30 septembre 1988 ;
— le 13 mai 1990, une cinquantaine de skins, réunis par Troisième Voie, mani-festent à Lille. Parmi le service d’ordre, on retrouve Marc Grubica.

Grubica, un skinhead parmi d’autres !

Certes, le 26 novembre 1990, Grubica fut condamné à huit mois pour dissimulation de preuve, après l’assassinat de Patrick. Et cinq de ses complices à 2 ans de prison ferme, pour non assistance à personne en danger. Mais deux d’entre eux, mis sous mandat de dépôt à l’audience, étaient libérés à peine trois semaines plus tard par une décision du Président de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Douai. Les deux skins, Pattin et Collard, ne se sont-ils pas présentés comme de sages étudiants et n’ont-ils pas déclaré avoir abandonné toute activité politique néo-nazie !

Ceci dit, les étudiants de Lille III peuvent toujours voir les skins en question déambuler avec leurs « anciennes » relations et afficher le même look et insignes sans équivoque sur leurs idées fascistes.

Et pour Pattin, en tous cas, il a participé à peu près aux mêmes affaires que son ami Grubica.

Cette libération n’a-t-elle pas donné aux skinheads lillois le sentiment qu’en fin de compte ils pouvaient bénéficier d’une relative impunité ?

La mort de Nicolas Poitevineau ne doit pas être banalisée ! Comme nous l’avons fait après l’assassinat de Patrick, comme, naguère, après l’agression de la Braderie de Lille, il faut agir et riposter !

information transmise par les groupe Humeurs noires de Lille