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Madeleine Lamberet nous a quittés…

Le jeudi 17 juin 1999.

Madeleine Lamberet nous a quitté dans sa quatre-vingt-douzième année, le 9 mai 1999. Une longue vie, vécue pleinement, tant dans la création artistique, dans la fidélité à ses idées de jeunesse, dans l’ouverture à l’amitié sincère avec toutes les générations. Madeleine Lamberet nous laisse surtout des portraits de tous ceux qui lui ont été proches, mais aussi des fresques au message politique.

Dans les années trente, quand éclate la guerre civile, en 1936, elle retourne en Espagne avec sa soeur aînée Renée Lamberet. Il s’agit d’apporter un soutien à la révolution et à l’anarchosyndicalisme qui les a conquises. Munies de sauf-conduits délivrés par les responsables de
la CNT, elles recueilleront, l’une en historienne, l’autre en artiste, des témoignages inestimables sur la révolution et ceux qui sont en train de la faire. Renée enquête sur les collectivités. Madeleine la suit avec son carnet à dessin et elle croque sur le vif les militants anarchistes rencontrés, des scènes de la vie quotidienne.

Pendant la période de l’occupation de la France par les nazis, Madeleine ne restera pas inactive. Elle utilisera notamment ses compétences de graveur pour permettre aux camarades de survivre dans la clandestinité. Après la guerre, il faut aussi se préoccuper des libertaires bulgares persécutés par le régime stalinien.

À Paris, Renée Lamberet, qui va devenir secrétaire de l’AIT, préside la
Commission d’Aide aux Antifascistes Bulgares. C’est dans ce cadre, et en dissimulant bien intendu ses intentions, que Madeleine se rend en Bulgarie en 1947. Elle est en mission pour prendre contact avec les camarades et en particulier avec Georges Grigoroff. Celui-ci, menacé, doit fuir le pays dès 1948. Après être passé par la Turquie et l’Italie, il arrive en France en décembre en 1949. Georges sera, jusqu’à son décès, en octobre 1996, le fidèle compagnon de Madeleine. Ils sont alors complices dans toutes les activités de l’Association Internationale des Travailleurs et dans celles de l’Union des anarchistes bulgares à l’étranger.

D’après le Combat syndicaliste nº 201 (CNT-Vignoles).