Jeanne Laisant, la maman de notre camarade Maurice Laisant, vient de disparaitre et c’est tout notre mouvement libertaire qui ressentira profondément cette perte. On ne dira jamais assez tout ce que notre mouvement doit à ces femmes courageuses, compagnes ou mères des militants attentives à entretenir la chaleur d’un foyer où les hommes las de parcourir les chemins à semer de la poésie sociale, viennent se réchauffer, se retremper, oublier les échecs et construire de nouveaux bonds en avant. Jeanne Laisant fut véritablement le symbole de ces gardiennes attentives du refuge et dans sa maisonnette sertie d’un jardinet auquel les fleurs conféraient ce cachet qui est celui des êtres d’élite, des générations de militants, venant de tous les horizons, sont passées et tous avaient apprécié la tranquille douceur que la bonne hôtesse savait entretenir.
Oui, Jeanne Laisant, qui fut tout cela, nous laissera un souvenir attristé, mais limpide comme le fut sa vie qui s’épanouit harmonieusement dans un milieu fécondé par notre pensée anarchiste. Elle est partie simplement comme elle avait vécu, sous le souffle impitoyable du temps. Mais son souvenir restera parmi tous ceux qu’elle considérait un peu comme ses « petits » et qui pleureront comme quelque chose de rare, de fragile, hélas, mais de toujours présent.
Maurice Joyeux