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Manifestations anti-Le Pen

Une mobilisation réussie à Lille

Le jeudi 12 mars 1992.

Près de 4 000 personnes ont manifesté jeudi 5 mars à Lille contre la venue de Jean-Marie Le Pen, qui a réuni environ 2 000 beaufs racistes et avinés pour son meeting à l’Espace Foire. Beau score pour les antifascistes. Cela faisait longtemps que l’on avait vu tant de monde dans la capitale du Nord pour crier « Non à l’exclusion ! » et « F comme fasciste ! ». C’est un collectif allant de la Gauche socialiste jusqu’aux anarchistes (FA, CNT…) en passant par la Ligue des droits de l’homme et la Jeunesse ouvrière chrétienne qui avait appelé à la manifestation. Seuls le PS et le CRI (antenne dans le Nord du Manifeste contre le Front national) avaient refusé d’appeler à, selon leurs dires, « cette manifestation d’extrémistes ».

Les libertaires étaient regroupés derrière la banderole commune FA-CNT, rappelant : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». On en comptait environ 250, criant « Ni Dieu ni maître ni nationalités ! ». Autre présence remarquée et bruyante, celle des Flamands Roses (association de gays et lesbiennes de Lille, membre du Centre culturel libertaire) et de militants d’Act up, arrivant de Paris, criant que le fascisme s’attaque également aux homosexuels. Tout cela se déroulant dans le calme jusqu’à la dissolution de la manifestation annoncée dans le centre de Lille. C’est alors qu’environ 200 manifestants, libertaires, autonomes, jeunes et autres refusèrent de s’arrêter là. Ils se dirigèrent vers l’Espace Foire. Emmenés sur les lieux par les libertaires et la banderole FA-CNT, ils se contentèrent de balancer quelques injures aux « amibes » de l’impressionnant dispositif policier mis en place, qui allait des CRS en grande tenue jusqu’aux flics en civil, armés de matraques.

Ce n’est que plus tard que des incidents éclatèrent entre une quarantaine d’irréductibles et les « forces de l’ordre », alors que la plupart des manifestants étaient partis. Ces incidents furent brefs mais violents, surtout de la part des flics. Ces affrontements firent 5 blessés légers chez ces mêmes flics, parmi lesquels le commissaire principal (bien visé !), et nombre de blessés ont été dénombrés chez les manifestants allégrement matraqués (un journaliste de FR3 se prendra, d’ailleurs, un sérieux coup de matraque). Sept personnes ont été retenues par la police à l’issue de ces affrontements, dont le lanceur présumé d’un cocktail Molotov. Vendredi matin, six de ces personnes ont été relâchées, sans charge, et la septième ne l’a été que l’après-midi, inculpée de port d’arme de 6e catégorie (un pistolet à grenaille).

Bertrand (gr. Humeurs Noires - Lille)