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Paris

On expulse !

Le jeudi 23 septembre 1993.

Le 16 septembre, 16 familles ont été expulsées du 20, rue Henri-Chevreau (20e arr.). Elles occupaient depuis le 3 juin dernier cet immeuble appartenant à la Ville de Paris, vide depuis quatre ans ! Expulsion d’un squatt ! Le prétexte est trop beau. Pourtant ces familles n’avaient pas le choix toutes ont fait des demandes de logement HLM depuis des années… Toutes sont prêtes à payer un loyer.

Cet immeuble, les squatters l’ont réhabilité. De leur poche ! Alors entendre un architecte, payé par l’OPAC, venir leur dire que l’immeuble serait sur le point de s’effrondrer, puis se faire expulser le lendemain, leur a laissé un goût amer, un goût de raisins de la colère.

Les familles ont protesté, le jour de l’expulsion, devant la mairie du 20e. La mairie les a reçues le lendemain. Quelques propositions de relogement provisoire à l’hôtel. Sans plus.

« Pas d’expulsion sans relogement ! ». Le 18 septembre, des expulsés du 20e et d’autres arrondissements ont manifesté de Ménilmontant, jusqu’à la mairie du 20e. À peine une grosse centaine de personnes ! Les expulsés se sentent bien seuls. Pourtant, il y avait là ceux de la rue Chevreau, d’autres du 15, rue du Chalet (10e arr.), expulsés d’un immeuble vide depuis plus de vingt ans. Il y en avait du 36, rue de la Mare, menacés d’expulsion, et dont le procès est en cours. Ceux de la rue des Amandiers (20e), expulsés parce qu’une société immobilière peu scrupuleuse avait « oublié » de les déclarer comme locataires ! Également, ceux de la rue Olivier-Métral, qui ont mené 70 procédures de justice en trois ans contre des menaces d’expulsion. Et ceux du 35, rue des Partants (20e), expulsés le 20 août, relogés à l’hôtel jusqu’au 20 septembre, date à laquelle ils devaient se retrouver à la rue.

Les expulsés se regroupent, mais restent très isolés. C’est pourtant un combat sur tous les fronts qu’il faut mener. Dans la rue et devant la justice. Ceux du 41, avenue René-Coty passaient en procès le 17 septembre. Ils ont obtenu un nouveau sursis de six mois. Ainsi, les mêmes qui s’étaient fait expulser le 26 août ont légalement le droit de réintégrer l’immeuble. Mais la mairie s’y oppose toujours. Ceux des Amandiers passaient en procès le 20. Un rassemblement était prévu devant le palais de Justice.

Bertrand Dekonninck (gr. Louise-Michel - Paris)