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éditorial du nº 594

Le jeudi 21 novembre 1985.

Les politiciens s’y entendent bien, quand ils sont acculés aux artifices à cause de leur incapacité, à souffler sur la braise du nationalisme et du racisme qui couve en permanence. En France, la percée de Le Pen a fait l’affaire de la gauche comme de la droite, qui ont laissé au pantin haineux le soin de travailler l’esprit des honnêtes citoyens et de les amener à « communier » sur le problème de l’immigration.

Pendant que les nazillons gueulent et cognent sur les immigrés fautifs, c’est bien connu, de l’échec du capitalisme français, la gauche condamne le racisme tout en faisant passer ses lois scélérate, anti-immigrés, et la droite classique avoue qu’elle reconnait qu’il y a là un problème que les fascistes ont quand même raison de poser…

Tout est bien orchestré : Le Pen au front, la gauche aux manettes et la droite en couverture. Pourtant, « race » et « nation » sont des concepts fabriqués de toutes pièces et qui ne résistent pas une analyse rigoureuse et objective, c’est-à-dire scientifique. Les frontières n’existent que dans nos esprits, mais nos conditions de vie sont limitées par ceux dont le pouvoir est une raison d’être ce petit monde dont ils veulent nous obliger a nous réclamer.

L’humanité entière souffre de ces divisions qu’on nous impose et dont il faudra pourtant se débarrasser pour qu’enfin l’homme émancipé vive en liberté. Anarchistes, les mots « français » et « étranger » ne signifient pas grand-chose pour nous. Ce que le hasard et l’état civil ont fait de nous ne nous donne aucun privilège.

C’est dans un combat de classe, exploités, baîllonnés, que nous nous retrouvons aux côtés des immigrés. Eux ne peuvent que lutter pour la reconnaissance de leurs droits les plus élémentaires dans une société dont ils font partie. Nous, anarchistes, nous affirmons que cette reconnaissance passe par l’abolition de l’État et du pouvoir, et qu’elle ne doit pas être considérée commune une fin en soi mais seule ment comme un moyen parmi d’autres de viser à l’égalité absolue entre tous les hommes.