Le 5 mai, vers 8 h du matin, est décédé Piotr Petrovitch Siuda à l’hôpital municipal de Novotcherkassk. Causes du décès coups et blessures corporelles.
La veille, des amis l’ont vu partir de chez lui et tout semblait normal. Quelques jours auparavant, Piotr Siuda s’était entretenu d’une affaire grave avec le correspondant local du Komsomïskaya Pravda (journal central des jeunesses communistes). Piotr Siuda était rentré en possession de circulaires secrètes du KGB sur la répression du mouvement ouvrier de Novotechkassk en 1962. Ces documents comportaient notamment l’ordre du KGB de tirer sur la foule, le bilan de cette répression féroce fut très lourd puisqu’il y eut plusieurs centaines de tués et que de nombreuses arrestations furent suivies de déportations et de lourdes peines d’internement. Piotr Siuda était né le 13 décembre 1937 à Rostov-sur-le-Don. Son père, bolchevik, était un ancien compagnon de route de Staline, il s’était engagé dans la lutte révolutionnaire à Batoumi, en 1902, il fut par ailleurs, un proche de plusieurs des 26 commissaires de Bakou, il mourut sous la torture à la prison de Rostov en 1937 et, par conséquent, ne connut jamais son fils…
Piotr Siuda avait pris une part active à ces événements et lui-même fut condamné, le 12 septembre 1962, à 12 ans de camp en régime sévère suivant l’article 72 du code pénal d’URSS. À la faveur d’une révision du procès, il fut libéré après plus de quatre années de camp. Immédiatement il a commencé à mener une lutte active visant à informer l’opinion publique sur les événements de Novotcherkassk, et à faire reconnaître par le gouvernement sa responsabilité. Il a lutté pour la réhabilitation de tous les condamnés et de tous les tués. Il a rassemblé des renseignements sur le destin des blessés, et aussi pour que ceux qui ont donné l’ordre de tirer sur la foule soient jugés pour crime contre l’humanité. Siuda était membre actif de l’organisation « Memorial » de Rostov et de l’association des victimes de la répression.
Depuis le 1er Mai 1989, date du congrès constitutif de la KAS (Confédération anarchosyndica-liste), Siuda militait pour la reconstruction d’un mouvement anarchiste organisé. Là s’arrête son parcours, à l’âge de 53 ans.
Relations extérieures de la fédération anarchiste