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Assises du Nord

Un skinhead condamné

Le jeudi 31 janvier 1991.

Christophe Lhorte, dit « Neurone », le skin qui d’un coup de Doc Martens, chaussures renforcées d’une coque métallique, avait tué Patrick Le Mauff un soir d’octobre 1988, dans un square lillois, comparaissait vendredi 18 janvier devant les Assises de Douai. C’est deux mois après le reste de la bande (cf ML nos 804 et 805 ) que le principal acteur de cette nuit meurtrière répondait de ses actes devant la justice. C’est aussi dans un climat de violence, puisque l’on apprenait une semaine plus tôt qu’un des complices de « Neurone », Marc Grubica, avait commis un meurtre (lire ci-contre), que s’est ouvert ce procès.

Comme ses complices, Christophe Lhorte, deux ans après le meurtre, ne se souvient de rien et renie son appartenance au mouvement skin : « C’était du folklore ». Preuve en est, sa coiffure a bien changé et ses cheveux tirés en queue de cheval en témoignent.

Après une analyse psychologique : « Un être faible, qui prend toute sa dimension en groupe » dira le psychiatre, la justice s’est penchée sur les faits et l’audition des témoins, les autres membres de la bande. « Rien vu, rien entendu ! » se contentent de déclarer ceux-ci, en jurant ne plus appartenir au mouvement skin. Affirmation totalement fausse, puisque l’on peut toujours en rencontrer certains, en fac de Lille III notamment, distillant leur propagande nationaliste et raciste pour le compte du Groupe Union-Défense, ou de Troisième Voie.

Le procès des bandes skins ?

L’avocat de la partie civile, ainsi que l’avocat général s’efforcèrent de dénoncer l’idéologie et les agissements des skins, en général et de « Neurone », en particulier. rappelons que celui-ci n’en est pas à son premier coup de force. En effet, il figurait déjà parmi les condamnés pour injures raciales lors de la ratonnade de Chateauroux.

L’avocat de la défense, après une dénonciation des bandes de skins « qu’on laisse agir en toute impunité tant qu’ils se contentent de faire peur » s’attachait à démontrer les influences néfastes de celles-ci auprès d’une personnalité faible comme « Neurone ». Cependant, celui-ci tendait à s’en éloigner, puisque c’était « sa vie de skin » qu’il venait d’enterrer ce fameux week-end d’octobre.

Les jurés ont abondé dans ce sens, puisqu’ils ont condamné Christophe Lhorte à dix ans de réclusion criminelle, alors que l’avocat général avait requis entre treize et quinze ans. C’est donc la bêtise et l’idéologie raciste qui sont une nouvelle fois condamnées par la justice à Lille, après deux ans infligés aux complices de « neurone » pour non dénonciation de crime. Cependant, les actes et les discours racistes n’en continuent pas moins de faire leur chemin en France.

Qu’est-ce qui pourrait y mettre un terme si ce n’est l’action concertée d’une large frange de la population ?

José Da Costa (gr. Humeurs Noires de Lille)