Le 14 mars, Roger Noël alias Babar, directeur de publication du mensuel belge Alternative libertaire, a été entendu par la police bruxelloise suite à une plainte de la nonciature apostolique de Woluwe-Saint-Pierre contre une affiche publiée par ses soins, jugée injurieuse pour le pape, car stipulant : « Contre le sida : la capote pas la calotte ».
Cette affiche entrait dans le cadre d’une campagne lancée en Belgique contre la venue du pape du 13 au 15 mai prochain.
Babar est un mutant de longue date du mouvement libertaire d’outre-Quiévrain. Dès le milieu des années 70, il participe à la création d’Alternative libertaire, journal « de débats et de convictions », qui affirme sa volonté d’y voir participer toutes celles et tous ceux qui proposent une analyse par rapport aux questions nouvelles posées par la société, cela dans le cadre d’une Belgique où le mouvement anarchiste était peu représenté et très désorganisé. Depuis, le journal a réussi à s’imposer comme une composante essentielle de celui-ci. En 1977, Babar est à l’initiative du lancement du mouve-ment des radios libres en Belgique, qui aboutira notamment à la création de Radio Air Libre, à Bruxelles. En 1978, les émissions clandestines commencent.
Du 5 juillet au 25 octobre 1982, Babar est dans les geôles de Jaruzelski, en Pologne, pour avoir passé en fraude des émetteurs radios pour le mouvement de contestation. Il ne sera libéré que grâce à une campagne de solidarité menée en Belgique et en d’autres pays.
Aujourd’hui, Babar est en passe d’être inculpé « d’injure à chef d’État étranger » pour cette affiche qui sera spécialement rééditée en France avec la signature des groupes FA Humeurs Noires de Lille et Michel-Bakounine d’Oléron. Outrage à chef d’État, disions-nous, car le pape en est un, c’est le potentat du Vatican, un État purement théocratique et autocratique, qui n’a d’ailleurs pas signé la Convention européenne des droits de l’homme.
Au programme de la riposte, est prévue une campagne en faveur de la débaptisation, entre autres choses.… Mais nous vous en reparlerons.
Bertrand Dekoninck (gr. Louise-Michel - Paris)