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Troisième édition du festival « Art et Anarchie » de Lille (1er-15 avril 1995)

Le jeudi 2 février 1995.

Pour la troisième année consécutive, le collectif « Art et Anarchie » organise un festival du même nom. Qui sommes-nous ? Des gens qui croient en d’autres pratiques (d’entraide, libres, anti-autoritaires) que celles que cherchent à nous vendre les voleurs de droite et de gauche contre notre voix au fond d’une boîte noire, la boîte à voter sur laquelle nous n’avons aucun contrôle, même dans le cas des accidents graves qui ne manqueront pas d’arriver encore, avec de tels pilotes aux commandes.

Des gens qui revendiquent l’égalité sociale, politique et économique de tous, sans distinction, et luttent pour une organisation sociale fondée sur le respect de la liberté de chacun et la responsabilité de tous.

Des gens qui veulent gérer leur vie eux-mêmes (et l’art est la vie). Des anarchistes quoi ! Tout ça sans subvention ni publicité. Ça change des « affaires »… pas vrai ?! Nous ne demandons pas d’argent aux institutions autoritaires ni aux entreprises capitalistes. Remarquez, elles ne nous en ont pas proposé.

102 milliards de francs, c’est la somme allouée aux investissements militaires dans le budget 95 de l’État français. 13,4 milliards (0,91 % du budget total) pour la culture. Chouette pays, non ? Et ce n’est le pignouf qui surgira de la boîte à voter qui va nous changer ça, quelle que soit sa couleur.

Aussi n’attendrons-nous pas le résultat des élections pour faire vivre une troisième fois le festival « Art et Anarchie », sans subvention ni publicité, mais sur le mode et par la volonté libertaires.

Car l’art devrait être l’expression libre, la plus vraie, la moins conventionnelle, stéréotypée et normalisée de l’individu. Il peut être l’expression d’une révolte comme d’une affirmation ou encore d’un bien-être.

Et toujours aux antipodes de toute idée d’obéissance ou de commerce. Ainsi défini, l’art se confond avec l’anarchie.

Les anarchistes se sont toujours battus contre toutes les formes d’oppression qu’elles soient morales, politiques, économiques ou autres. Les artistes libertaires occupent une place de choix dans cette lutte de longue haleine. Cette militance revêt aujourd’hui, plus que jamais peut-être, une urgence extrême.

Par leur mode de création, leurs œuvres, leurs opinions, ils essaient sans cesse de prouver à toutes et à tous que notre liberté est la condition sine qua non du développement de notre imagination. Ils s’insurgent contre les institutions étouffantes et agissent chaque jour, bouleversant mœurs et tabous. Qu’importent les moralisateurs et les censeurs de tout poil, l’art demeure et se bat pour que vive la liberté de créer.

Ces libertaires n’ont pas la vie facile, pas un jour ne passe sans que l’un rencontre des problèmes financiers (pour organiser une expo, éditer écrits et musiques…), l’autre rencontre des difficultés économiques (qui peut vivre de ses œuvres ? On est logé au Panthéon les pieds devant, seulement), un autre rencontre encore des embrouilles judiciaires (atteinte aux bonnes mœurs !).

L’art libertaire ne veut pas perdre son intégrité au contact des gros (et vilains) organismes de production, distribution, animation… qui le lui rendent bien, et c’est tant mieux. D’autres formes d’association existent, dont l’objet n’est pas de sacrifier la création au profit du rentable.

C’est au nom de cette liberté que le festival « Art et Anarchie » accueille celles et ceux qui se reconnaîtront dans nos belles déclarations d’indépendance.

La Puce (groupe Humeurs Noires de Lille, pour le collectif « Art et Anarchie »)


N.B. : groupe Humeurs Noires, BP 79, 59370 Mons-en-Barœul.

Lancer de nains au Grand Palais…