Cest à lappel de quelques associations homosexuelles de Nancy (Homonyme, Les Surs, Les Biens nées ) quun collectif de lutte contre l'homophobie et pour la reconnaissance des droits gays et lesbiens (1) a vu le jour depuis quelques semaines dans notre région.
Ce collectif, dont la F.A. de Nancy est membre, a pour but de lutter contre toutes les formes de discriminations quelles quelles soient : physiques, sociales, politiques et de lutter pour la reconnaissance du Contrat dunion sociale dont le projet de loi va être déposé à lAssemblée nationale avant la fin de lannée par Mme Guigou, dont les dernières déclarations laissent perplexes.
Celle-ci a en effet affirmé (journal de France Inter du 27 avril 1998) que ce contrat permettrait à tous les couples hétérosexuels (désireux de ne pas se marier) et homosexuels de pouvoir régler leur problèmes fiscaux, successoraux et sociaux, mais quil est hors de question pour ces derniers davoir la possibilité dadopter des enfants afin de " lever toute ambiguité et pour ne pas toucher aux ordres symboliques des choses concernant la filiation. "
Notre ministre de la Justice ne serait-elle pas homophobe ? Rappelons que la pétition de Michel Pinton, maire de Felletin (Creuse), daprès un texte dIsabelle Seneider, membre dune association familiale catholique (2), contre ce Contrat dunion sociale est signé par 12 000 de ses confrères
Tous ces braves élus qui finalement se comportent en homophobes en ne donnant pas la parole aux homosexuels quils soient pour ou contre ce fameux contrat, quand et où ont-ils laissé sexprimer les premiers concernés ?
En tous cas pas à Nancy, où ce dernier dimanche davril, en souvenir de la déportation, quelques membres du collectif se sont rendus sur les lieux de la cérémonie afin dy déposer une gerbe à la mémoire des déportés homosexuels.
Nous nous sommes vu refusé par M. Denis, préfet de Meurthe-et-Moselle, le droit dassister à cette commémoration car nous arborions le triangle rose, signe distinctif des déportés homosexuels. Par contre, nous avons été autorisés à déposer nos fleurs une fois la cérémonie officielle terminée et la place nettoyée de tous ces uniformes ! Et tous les ans, cest la même chose
Depuis 1954, le protocole en place tend à nier la déportation des homosexuels en tant que tels, alors que des témoignages comme celui de Pierre Seel dans son livre (3)prouvent le contraire.
Nest-ce pas là une fois de plus un signe de discrimination de la part de nos élus, ou de leurs représentants, qui ne veulent pas inscrire dans leurs cérémonies officielles ce fait historique ? Nest-ce pas là un fait de négation digne du Front national ? Cest pourquoi la F.A. de Nancy soutien ce collectif. Ce combat sinscrit dans la lutte contre toutes les formes dexclusion, visant à combattre le fascisme sous tous ses visages.
Un visage militaire ce dimanche matin, que nous étions tout de même quatre à démasquer. Quatre à brandir des affichettes sous les yeux des officiers : " Plus de déportations ni dexpulsions ".
Un message clair mais que les flics et les militaires nont pas su lire. Car les seules manifestations de sympathie que nous avons reçues sont celles danciens déportés ou de simples civils. Certains dentre eux ont dailleurs pu assister à la commémoration avec linsigne des déportés politiques (triangle rouge) dont il nest pas question de nier lexistence. Déjà victimes de ségrégation durant cette triste période, les homosexuels sont aujourd'hui encore discriminés, quoi quen disent mesdames et messieurs les représentants du peuple. Alors qui fait le jeu du Front national ?
(1) Collectif lorrain de lutte contre l'homophobie et pour la reconnaissance des droits gays et lesbiens. c/o Aides Lorraine sud. 3, rue de Chateau Salin, 54 000 Nancy
(2) A.P.P.F. : Association pour la promotion de la famille
(3) Moi Pierre Seel, déporté homosexuel (Calman Levy)