États-Unis

L’univers carcéral aux États-Unis

Partout dans le monde, des patrons, des policiers, des agents de l'État ou des particuliers profitent de la précarité des travailleurs clandestins pour les assujettir aux pires conditions de vie et de travail.

La détention des demandeuses d’asile

Descente de police aux U.S.A.Les lois sur l’immigration de 1996 accentuent l’usage de la détention. Le nombre de demandeurs d’asile détenus dans des centres administrés par l’Immigration and naturalization service (INS : Service d’immigration et de naturalisation des États-Unis) s’est considérablement accru augmentant de 75 % entre 1996 et 1998.

L’INS disposait au début de 1998 d’environ 15 000 " lits " et prévoyait que ce nombre atteindrait 24 000 en 2001, date à laquelle la plupart des demandeurs d’asile seraient placés dans des maisons d’arrêt. Les conditions de détentions sont souvent dures et inhumaines.

Fanziya Kasinga affirme avoir fui son pays, le Togo, à l'âge de dix-sept ans pour éviter le rite de la mutilation sexuelle et un mariage arrangé comme quatrième épouse d’un homme trois fois plus âgé. Quand elle est arrivée à l’aéroport international de Newark, elle était sûre de trouver refuge dans un pays qui " croit en la justice ". Au lieu de cela, elle fut conduite au centre de détention d’Esmor, à Elizabeth, New Jersey, où elle a été enchaînée plusieurs fois, mise dans une cellule d’isolement et s’est vue refuser des serviette hygiéniques.

Les persécutions spécifiques aux femmes ne sont pas reconnues comme pouvant autoriser une demande d’asile. Ces femmes comme des milliers d’autres demandeurs d’asile restent emprisonnés pendant des mois ou même des années en attendant la fin des procédures légales. Leur seul " crime " : avoir voulu trouver un refuge contre les mauvais traitements.

L’univers carcéral américain

Le nombre de personnes incarcérées dans les maisons d’arrêt et les centres de détention (1) a triplé entre 1980 et 1996. Le nombre de femmes emprisonnées a quadruplé pendant la même période. Le nombre total de prisonniers s'élevait à plus de sept cent mille personnes à la mi-97. Plus de 60 % des prisonniers appartiennent aux minorités ethniques.

Plus de 350 prisonniers ont été exécutés depuis 1990. Certains étaient mineurs au moment où ils ont commis leurs crimes et d’autres souffraient de graves troubles mentaux. Pas moins de 74 personnes ont été exécutées en 1997, chiffre record depuis quarante ans. En 1998, 38 États américains prévoyaient la peine de mort dans leur législation. En juin 1998, 43 femmes se trouvaient dans le " couloir de la mort " dans 15 États.

À la fin de 1994, le procureur du district d’Oklahoma City a fait campagne pour sa réélection en se vantant d’avoir " envoyé 44 meurtriers dans le couloir de la mort ".

Une étude récente publiée en juin 1998 a révélé qu'à Philadelphie, le risque d'être condamné à mort est quatre fois plus grand pour un noir que pour un blanc, en tenant compte des circonstances aggravantes. Depuis le rétablissement de la peine de mort en Pennsylvanie, en 1978, les autorités de Philadelphie ont condamné à mort huit fois plus de noirs que de blancs. Alors que les noirs ne constituent que 12 % de la population des États-Unis, 42 % des condamnés à mort sont afro-américains.

Les mineurs délinquants et les malades mentaux

En mai 1998, plus de 25 prisonniers étaient en instance d’exécution au Texas pour des crimes commis avant l'âge de dix-huit ans. Huit mineurs délinquants ont été exécutés depuis 1990. Dans 24 États américains, la législation autorise l’application de la peine de mort aux personnes âgées de moins de dix-huit ans au moment du crime.

Condamnations et exécutions

Plus de 3 300 prisonniers sont actuellement sous le coup d’une condamnation à mort. Depuis la fin du moratoire sur la peine de mort en 1977, les États-Unis ont exécuté 467 personnes. Trente-cinq nouvelles exécutions ont eu lieu cette année (avant juillet 1998). Soixante-deux ressortissants étrangers étaient sous le coup d’une condamnation à mort ; la plupart avaient été privés de l’assistance des autorités consulaires de leur pays d’origine, en violation de la législation internationale.

Secrétariat aux Relations internationales de la Fédération anarchiste

Source : Industrial Worker

(1) Les centres de détention sont réservés aux individus condamnés à des peines supérieures à un an d’emprisonnement, tandis que les maisons d’arrêt accueillent les prévenus en instance de jugement, ainsi que les personnes condamnées à des peines ne dépassant pas un an d’emprisonnement.