Le mercredi 21 octobre 1998, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), une toute nouvelle association locale, " Choisir la Vie ", devait tenir meeting au Palais des Congrès. Les libertaires de la région P.A.C.A. (paradoxalement, une région relativement épargnée par les grenouilles de bénitier anti-IVG), ne pouvaient rester sans réagir. Et cest donc des militants du SCALP-Marseille, de la C.N.T. dAix (venus en force pour ces deux organisations) et de lUnion régionale Sud-Est de la F.A. (groupes de Marseille, Toulon et Nice), qui se retrouvèrent une fois de plus en première ligne, drapeaux noirs agités haut et fort (ce qui ne manqua pas de susciter cris et insultes parmi de jeunes fachos, fanfaronnant comme pour masquer leur amertume face à un tel comité daccueil).
Les antifascistes sociaux-démocrates (1) avaient bien appelé à un rassemblement de protestation, mais ils nentendaient surtout pas aller au-delà des quelques slogans habituels. Pour notre part, nous souhaitions, en fonction du rapport de force et des circonstances, perturber autant que possible le rassemblement des suppôts de M. Wojtyla. Ce qui fut fait.
Pendant plus de deux heures, dun face-à-face quelque peu tendu, la présence déterminée des libertaires, ainsi que des jets d'ufs et de tomates bloquèrent tout accès à la salle de conférence. Les flics présents (étonnamment peu nombreux) nen menaient pas large, coincés quils étaient entre les deux parties vociférantes (environ 150 pro-IVG contre une centaine danti-IVG). Du côté des partisans de lavortement, on criait, entre autres choses : " Ah Marie, si tu avais connu lavortement, nous naurions pas tous ces emmerdements " ou encore : " Les grenouilles au bénitier, les femmes en liberté " et " La capote, pas la calotte ".)
Sur le coup des 22 h 30 - 23 heures, le Palais des Congrès étant définitivement fermé, nous pouvions quitter la place sous le regard bovin et rageur des fascistes du cru.
Si cette action fut réussie (et notons quil est rare dans notre région de faire reculer les fachos), lattitude des antifascistes républicains est tout de même consternante de bons sentiments : pour le service dordre de Ras-l'Front, il fallait respecter la liberté dexpression, et ainsi crier quelques slogans, lancer quelques quolibets, puis laisser ces " braves " citoyens tenir leur rassemblement en paix. Certains trouvèrent même que lancer des ufs, c'était faire acte dune violence insoutenable
À lavenir, face aux intégristes de tout bord et aux fascistes de tout poil, nous ne pourrons d'évidence compter que sur nous-mêmes.
(1) Ras-l'Front (Aix et Vitrolles), lUNEF-ID, Les Verts, la Jeunesse Communiste révolutionnaire-RED [si on ladmet au sein de ce légaliste " Front républicain " ayant pris corps ce soir-là], lassociation " Citoyennes et Lesbiennes " réclamant autant la liberté sexuelle que le droit à lavortement.