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Deuil

Louis Louvet ; Baumel

avril 1971.

Louis Louvet

Nous avons accompagné au columbarium du Père-Lachaise, samedi 20 mars, au petit matin, notre bon camarade Louis Louvet. Il avait 72 ans. Depuis plusieurs années, sa santé précaire l’avit éloigné du militantisme, mais cela ne l’empêchait pas, autant qu’il le pouvait, de venir aux réunions et de participer aux discussions.

Il appartenait à la Fédération anarchiste. Il y chercha toujours à concilier les diverses tendances du mouvement, tant du côté individualiste que du côté social et de l’anarchisme communiste. Surtout, il s’opposa à l’oppression de l’armée, et de la vindicte sociale. Il fut attaché à la propagande en faveur de la paix, à la défense des persécutés, au soutien des camarades. On sait qu’il fut plusieurs fois secrétaire du Syndicat des correcteurs, où il aida efficacement les copains et défendit les positions libertaires.

Pour moi, c’est un vieil ami qui disparait. Voici cinquante ans que nous nous connaissions, et que nous nous rencontrions dans les groupes, les meetings, les réunions diverses. Avec Simone Larcher il dirigea les « Causeries populaires », rue Charles Rappoport, et bien d’autres. La pensée libre et la défense contre l’emprise cléricale étaient à l’ordre du jour. On le retrouva encore au club de « l’Insurgé » boulevard Blanqui, et, toujours avec Simone Larcher, à L’Anarchie.

Après la Seconde Guerre mondiale, il reprit le titre de Sébastien Faure. Ce qu’il faut dire, et voulut continuer l’entreprise de Sébastien Faure commencée avec L’Encyclopédie anarchiste, par une Histoire de l’anarchie et de sa pensée et un Dictionnaire biographique. Mais les moyens lui manquèrent, et il faut le dire peut-être, un manque d’application à suivre et poursuivre régulièrement une action. Il avait trop de projets qui ne pouvaient pas être menés à bout tous ensemble. À la fin, ce fut Contre-courant, avec des brochures éducatives, comme le furent les différentes collections de la « Brochure mensuelle » de Bidault, cette remarquable série dans l’analogue devrait être reprise.

Pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français l’équipe dirigée par Jean maitron a repris magnifiquement la tâche, ce qui prouve aussi la valeur des idées lancées par Louvet.

Louis Louvet reste un exemple de fidélité aux idées libertaires. Les jeunes qui contestent peuvent, comme on dit, en prendre de la graine. Il ne s’est pas contenté de déclamations et de parlotes, mais a mené multiplement une action effective, où l’éducation avait sa grande place, en particulier par le livre. Il aurait voulu encore s’engager dans l’édition, ce gouffre, qu’il faudra pourtant combler de nos efforts persévérants. Louvet demeure avec nous en ces perspectives.

Louis Simon


Louis Louvet : simple hommage d’un individualiste

Tout de suite après la guerre, lors d’un Congrès du livre, à Saint-Étienne, je rencontrais Louis Louvet. Il revint en 1948 pour une tournée de conférences qui débutait à Firminy, dans la Loire, où nous l’attendions. « Il n’y a pas à nous payer le voyage, nous dit-il, l’air réjoui, nous avons brûlé le dur depuis Valence. » À cette époque, la caisse du groupe était vide et cette franchise nous plut doublement.

Car en lui, le propagande se doublait de l’homme ami, du camarade sur lequel on pouvait pratiquement compter.

Lorsque je suis venu à Paris, que ce soit avec les amis d’E. Armand et, plus tard, avec le Foyer individualiste, lorsque j’eus besoin de son concours, jamais il ne refusa son aide. Lors de notre dernière fête, en 68, Contre-courant portait en première page illustrée, salle Trétaigue, de notre réunion.

Louis Louvet ne fut jamais sectaire. Ironique et sceptique, toujours fraternel, ce fut un homme qui ne m’aura jamais déçu. Je ne crois pas qu’ils soient très nombreux, ceux-là qui peuvent dire avoir aussi bien agi, dans toutes les directions libertaires, sans rien abdiquer, ni oublier.

Individuel dans ses actions, social et néomalthusien, honnête et généreux, le libertaire Louis Louvet, notre camarade, notre ami, restera toujours là, compagnon accroché à notre personne et que nous n’abandonnerons que le jour où nous-mêmes définitivement quitterons ces lieux.

René Guillot


Une Camarade chère nous quitte

La camarade de toujours de notre ami Baumel du groupe d’Oyonnax vient de nous quitter.

Au nom de la famille anarchiste nous adressons à notre camarade l’expression de notre soutien dans le malheur qui le frappe et le témoignage de toute la part que nous y prenons.