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Belgique

Le Groupe des artisans libertaires autonomes de Liège

GALA
Le jeudi 28 avril 1983.

Petit historique

En juin 1981 se crée à Liège un groupe anarchiste, qui prendra par la suite le nom de Fédération anarchiste liégeoise. Les participants, au départ, sont nombreux (une quarantaine par réunion) et fort enthousiastes. Un journal nait (il paraitra deux fois) [1], une fête est organisée en octobre 1981.

Hélas, comme les précédentes organisations anarchistes liégeoises, on assiste à l’émergence de membres assoiffés… d’alcool et de pouvoir ! Les personnes qui veulent construire du solide n’ont pas trouvé leur compte dans les discussions passionnées sans lendemain, et ont désinvesti la FAL, progressivement.

De ce demi-échec est né le GALA

En novembre 1981 commençaient les réunions en vue « de réaliser quelque chose de concret », « créer notre propre emploi »…

C’est ainsi que Jacques, Yves et Carole prirent l’initiative de créer une coopérative autogestionnaire, autonome, libertaire. Encore une fois, beaucoup de monde a été enthousiasmé et beaucoup ont abandonné en cours de route.

Depuis août 1982, le GALA fonctionne

Ses secteurs d’activités sont la restauration de bâtiments (électricité, chauffage, plomberie, menuiserie, maçonnerie), ainsi que es installations d’isolement thermique (double vitrage, laine de verre) et installations solaires (capteurs, serres, véranda).

Problèmes qui se sont posés

1/ Manque de liquidités : les autres coopératives qui se sont lancées dans le même secteur en Belgique débutaient (il y a quelques années) avec un fonds de roulement de 800 000 FB à 1 000 000 FB. Le GALA a commencé avec 40 000 FB !

2) Manque de qualification : un nombre très important de personnes intéressées pour travailler dans le GALA étaient insuffisamment qualifiées. Le GALA n’était pas assez solide financièrement pour supporter le prix d’une main-d’œuvre « non rentable ».

À long terme, si le GALA tient, plus il y aura de travailleurs, plus l’engagement de personnes non qualifiées deviendra possible. Elles pourront alors, comme cela a été prévu dans les statuts, apprendre le métier sur le tas.

3) Problèmes juridiques : pour des raisons juridiques et administratives, le GALA a été obligé d’engager un ingénieur civil, lequel n’a pas encore compris concrètement ce que signifie l’autogestion. Cet engagement provient du fait que les travailleurs n’ont pas l’« accès à la profession » (soit pas assez de pratique, soit pas le diplôme requis). Il fallait engager une personne « surqualifiée » ouvrant accès à la profession pour les autres. De plus, trouver un ingénieur civil anarchiste n’a pas été possible !

Ce problème va trouver sa résolution prochainement puisque l’ingénieur donne sa démission (il ne se sent pas « du même milieu »), et le GALA engagera des personnes qualifiées au moins dans un corps de métier.

4) Deux sortes de coopérateurs : du fait que la GALA n’a pas pu engager tous les fondateurs en même temps, il existe deux groupes de coopérateurs :
 les travailleurs qui vivent des problèmes concrets, immédiats, pensant avant tout à leur revenu ;
 les non-travailleurs s’occupant de la sauvegarde des idées libertaires, organisant la publicité et les réunions.

Cela crée parfois des tensions au sein de la coopérative, mais la bonne entente reste réelle.

Fonctionnement libertaire du GALA

1) Autogestion : chacun est responsable de ses actes, libre d’initiative et de s’organiser comme il l’entend. La collaboration est basée sur l’égalité (entraide, pas de chef), la rotation des tâches.

2) Égalité économique : quelle que sit la qualification, les revenus sont les mêmes pour tous, mais majorés selon les charges (enfants).

3) Pouvoir : la décision appartient aux travailleurs et non aux coopérateurs qui ont mis de l’argent. Tous les travailleurs ont accès à toutes les données : comptabilité, relations extérieures.

4) Ouverture sur l’extérieur : le GALA partage ce que cette expérience lui a apporté avec d’autres organisations et coopératives en formation. Les bénéfices seront mis en commun avec la coopérative « L’Ancre » (café sur une péniche, milieu alternatif de gauche) pour lancer une troisième coopérative.

Conclusion

Le GALA offre sans doute une alternative au salariat traditionnel et aux chômeurs, mais le fait de travailler en tant que société « reconnue », n’est-ce pas soutenir, bon gré, mal gré, le système en place ?

Dans quelle mesure restera-t-il libertaire face aux contraintes économiques et juridiques, la patronat et l’État ?

La question bien connue revient : l’alternative GALA n’est-elle pas en tant que telle une manière de soulager la « tension révolutionnaire » ou bien est-ce un encouragement à continuer puisque entrant dans le réel, le possible ?…