Accueil > Archives > 2013 (nº 1693 à 1726) > 1716 (26 septembre-2 octobre 2013) > [éditorial du nº 1716]

éditorial du nº 1716

Le jeudi 26 septembre 2013.

Le fascisme a encore tué. Cette fois-ci, c’est en Grèce, où le mouvement néonazi est en pleine expansion, qu’il a sévi. Sa victime ? Pavlos « Killah P » Fyssas, un rappeur antifasciste athénien. Rapidement, les flics ont arrêté le coupable — un militant d’Aube dorée, parti nazi grec — et le gouvernement a promis une réponse sévère. Mais ne nous leurrons pas : quelques flics et quelques années de prison n’endigueront pas la montée des discours et de la violence fascistes. Ce n’est pas pour rien si ces mouvements se développent dans les périodes de crise.

Bien qu’’au service des intérêts des bourgeoisies nationales, ils s’appuient sur des revendications « sociales » teintées de xénophobie pour faire leur beurre. Dès lors, la réponse au fascisme ne réside pas dans l’État qui en contient l’essence même, mais dans les entreprises et dans les rues, sur le terrain du social. Désertons ce champ de bataille, et nous y verrons fleurir les fascistes de tout poil. Et, si les démonstrations de force dans les rues sont nécessaires pour montrer aux nostalgiques du nazisme qu’ils ne sont pas ici chez eux, notre implication dans les luttes du monde du travail (syndicalisme) et notre engagement dans la construction d’alternatives libertaires concrètes doivent être nos priorités.

Car derrière les groupes ouvertement violents et extrémistes se cache le FN, lequel, plus subtil, ne manque pas de se nourrir de ces faits divers pour tenter de se donner belle allure. Mais ce qu’il vise, le pouvoir, est bien plus dangereux, pour la société, que quelques dizaines de brutes décervelées. Pour autant, nulle union sacrée n’est envisageable, et il est plus que jamais nécessaire de ne pas nous laisser berner par les sirènes de l’antifascisme bourgeois, lequel voudrait nous faire croire que la lutte des classes peut attendre. Le fascisme est intrinsèquement lié au capitalisme et ce n’est qu’en nous débarrassant de ce dernier que nous le liquiderons.