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éditorial du nº 1730

Le jeudi 30 janvier 2014.

À la veille de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi pour l’égalité hommes-femmes (comprenant un amendement visant à assouplir le recours aux interruptions volontaires de grossesse), a eu lieu une « marche pour la vie », manifestation rassemblant les pires associations anti-avortement et ce que la France compte comme groupes fascistes. La menace qui pèse sur l’IVG en Espagne a donné à plusieurs dizaines de milliers de personnes le courage de promener par les rues leur triste carcasse. En tête du cortège, une grande banderole aux couleurs de l’Espagne affichait le slogan « Libre d’être contre l’IVG ». Leur rhétorique a de quoi coller la nausée ; elle est pourtant reprise par tous les journaux. Pro-vie contre prochoix, voici la situation simplifiée dangereusement par les médias. Ces associations sont parvenues à faire croire qu’elles expriment une opinion comme une autre. Le piège dans lequel la société ne doit pas tomber est de relancer le débat sur l’IVG. Il n’y a pas matière à débat. Notre corps nous appartient, sans réserve. Point. Sous prétexte de sauvegarder la vie, ce sont nous, les femmes, que ces personnes tuent. Car qui ne dispose pas librement de son corps est bel et bien mort. En revanche, cet événement tire la sonnette d’alarme en soulevant la question suivante : comment ces gens-là peuvent-ils défiler dans nos rues sans se voir opposer de réelle résistance ? Où sommes-nous pendant ce temps-là ? Luttons, de toutes nos forces, car personne ne le fera à notre place.