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éditorial du nº 1229

Le jeudi 25 janvier 2001.

La Belgique vient d’annoncer qu’elle dépénalise l’usage du cannabis. La consommation est ainsi dépénalisée mais la vente et l’achat restent interdits et donc punissables par la loi. D’ailleurs, la Belgique s’est empressée de préciser qu’il n’était pas question d’aller vers un modèle du type des Pays-Bas avec vente du cannabis dans des coffee-shop. Que les choses soient claires, il ne s’agit pas de favoriser la consommation de cannabis et celle-ci doit continuer à être perçue comme « pas bien ».

Il faut préciser que des réserves d’importance entourent cette évolution législative. Ainsi des poursuites judiciaires restent possibles en cas de « consommation problématique ». La pirouette est subtile. Avec une notion aussi floue — en effet, où commence et où s’arrête l’aspect problématique de la consommation ? — le gouvernement maintient la possibilité de criminaliser certaines formes de consommation, entendez certains types de consommateurs.
Si bon nombre de pays, notamment la France, traînent les pieds pour abandonner cette forme de criminalisation, c’est parce que l’interdiction permet le contrôle, le flicage en particulier de la jeunesse et rend possible la répression. De quoi relativiser donc l’aspect positif de cette dépénalisation puisque la criminalisation des fumeurs de joints reste une possibilité bien réelle pour le gouvernement et la justice belge.

D’autre part, la dépénalisation dans laquelle s’engage la Belgique apparaît sous des modalités quelque peu absurdes. En effet, dire que l’on a le droit de consommer mais non d’acheter est franchement paradoxal : pour consommer un produit, il faut déjà en avoir !
Là encore, le discours officiel tente de restaurer l’apparente cohésion de cette loi. Il serait ainsi « toléré » de faire pousser chez soi un ou deux plants de cannabis. Une fois de plus, la notion de tolérance est complètement floue et nous laisse craindre que la répression soit toujours d’usage pour épingler des individus ou des associations qui seraient un peu trop dérangeants.

Enfin, cette dépénalisation fait l’économie d’un discours global sur la question des drogues : qualité des produits, information large sur les différents types de drogues, modalités économiques de production et de distribution, etc.