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C.-A. Bontemps est mort

Le jeudi 29 octobre 1981.

Sociologue, philosophe, écrivain, poète, conférencier, Charles-Auguste Bontemps, mort à Paris à l’hôpital Bichat, fut tout cela à la fois, et aussi militant libertaire, assidu aux réunions, aux cause-ries, aux débats.

Il était né à Billy-sur-Oisy (Nièvre) le 9 février 1893 et, à l’âge de sept ans, avait perdu son père victime d’un accident du travail. Il avait construit autour de sa conception idéologique, non pas une doctrine, mais une thèse qu’il appelait « l’individualisme social » qui était, disait-il, « une manière de vivre naturelle permettant à qui l’adopte d’être heureux ».

Il a développé ses vues sur le monde, dans des milliers d’articles et de nombreux livres, dont les principaux ont des titres qui annoncent bien le contenu : La Femme et la sexualité, L’Homme et la race, L’Homme et la propriété, Le Démocrate devant l’autorité

Il empruntait à toutes les sciences, à toutes les disciplines une somme d’érudition considérable, sans jamais être tenté de plier les faits à une idée reçue.

Le sociologue se délassait dans la poésie ; il publia plusieurs recueils, tels que Destins, des chansons (Paganes), des récits (Félix de la forêt). En 1979, il réunit dans un volume de 320 pages, Marginales, l’essentiel de son oeuvre poétique, de même qu’en 1972 il avait rassemblé, dans les 220 pages de Miroir d’hommes, différents textes qui reflétaient les aspects majeurs de sa pensée.

Bontemps collabora à la plu-part des organes libertaires, notamment au Monde libertaire, à L’Homme libre, à Défense de l’homme, à Liberté et au Réfractaire. Il avait été amené aux idées anti-autoritaires, dit-on, par Pierre Martin.

À une époque où le nudisme faisait scandale, il fut un pionnier du naturisme. Quand la question sexuelle constituait encore un thème inabordable défendu par le tabou, il publia des livres hardis tels que, dans les années 20 Ton cœur et ta chair et Œuvre de l’homme. Ennemi résolu du racisme et de l’anti-sémitisme, il collabora aux organisations (notamment la LICRA) et aux journaux qui combattaient ces fléaux du genre humain.

Il parla aux Causeries populaires, aux réunions périodiques d’E. Armand et aux débats de controverses (l’une de ses conférences, L’Homme servant l’Église, a été éditée sous forme de brochure). Il enregistra un disque en 33 tours intitulé Éloge de l’égoïsme. Il ne cessa de participer aux réunion du Club du faubourg depuis la fondation de ce club par Léo Poldès jusqu’en mai dernier. Il prit la parole pour la dernière fois en septembre, dans un colloque des Amis de Han Ryner, avant d’être frappé d’hémiplégie.

Les obsèques de notre camarade ont eu lieu au colombarium du Père-Lachaise le 21 octobre. Nous exprimons notre amitié et notre tristesse à l’artiste-peintre Aline Aurouet, sa compagne, qui n’a cessé d’illustrer de son talent les œuvres de l’écrivain.

P.V. Berthier