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éditorial du nº 1208

Le jeudi 1er juin 2000.

Chirac qui a besoin de cultiver son image de pourfendeur de la fracture sociale n’hésite pas à faire feu de tout bois. Il a ainsi daigné se pencher sur le RMI en émettant le vœu de voir le gouvernement réfléchir à sa revalorisation. Il est vrai que nous approchons de juillet, mois traditionnel de hausse pour le Smic et autres minima sociaux.

Ces manœuvres de basse politique pourraient prêter au seul ridicule si cela ne se faisait pas sur le dos de centaines de milliers d’individus, en situation de survie permanente.

L’honneur des grands de ce monde n’est vraiment pas très regardant. Les pauvres ont une meilleure conscience de leur dignité. Le G7, avec le même rapport à la morale que Chirac, montre du doigt les paradis fiscaux où prospèrent plus de cinq mille milliards de dollards. Cette masse d’argent considérable (équivalent à 15 fois le budget de l’État français) constitue le magot de ceux qui trafiquent et font commerce de tout, pourvu que ça rapporte.

L’hypocrisie des États du G7 est totale puisque ces coffres forts n’existent que par leur volonté. Pourtant la réquisition de 5 000 milliards de dollars résoudraient la plupart des problèmes économiques auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres. Ce serait cent fois plus révolutionnaire que la taxe Tobin. ATTAC est dépassé sur sa gauche par les boursicoteurs eux-mêmes ! Seulement voilà, il y a peu de chance de voir les capitalistes tuer la poule aux œufs d’or. Ceux qui organisent la misère pour accumuler des richeses colossales ont besoin de points de chute discrets pour leurs grosses affaires afin de traficoter en paix et en toute légalité.

Le G7 se paye un bon coup de pub pour trouver un minimum de crédit auprès des populations après les manifestations de Seattle et Washington car la contestation de l’ordre économique tend à prendre de plus en plus d’ampleur. Dans la pratique rien ne bougera. Les paradis fiscaux resteront. Tout au plus y aura-t-il une liste officielle de lieux non fréquentables comme il y a des États dictatoriaux avec lesquels la communauté internationale ne commerce pas ouvertement, mais qui néanmoins torturent et massacrent en toute impunité.

Capitalistes et États n’auront jamais aucun scrupule à mettre à l’abri le produit de leurs trafics infâmes. Plus que jamais, il faut en finir avec un système qui organise et protège le pillage systématique des richesses.