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Timor

Propagande et exactions indonésiennes

Le jeudi 21 janvier 1993.

Depuis le mois de novembre, des arrestations et des disparitions par centaines ont eu lieu au Timor oriental occupé depuis 1975 par l’Indonésie. Dont celle de Xanama Gusmao, chef du Conseil national de la résistance maubere (CNRM), arrêté près de Dili tôt le matin du 20 novembre. Celui-ci, après avoir été détenu au moins une semaine à Bali, est actuellement détenu à Jakarta (Indonésie) et a été maintenu au moins 17 jours au secret. Les autorités indonésiennes ont diffusé le ler décembre des « interviews » de Xanama en état de choc (sous l’effet de la drogue, de pressions psychologiques ou de la torture) dans lesquelles il déclare notamment avoir « réalisé que Timor fait partie de l’Indonésie ». Il devrait passer en procès pour « subversion » d’ici deux mois et risque la réclusion à perpétuité voire la peine de mort.

Des centaines d’autres personnes ont également été arrêtées et d’autres ont disparu. Les cas de torture particulièrement brutale seraient nombreux. Ainsi, au moins un détenu, Jorge Manuel Araùjo Serrano, aurait été torturé à mort. Des cas de viols de jeunes filles par des soldats devant leur famille ont été rapportés.

Parallèlement à ces exactions, la propagande indonésienne bat son plein. Le 3 décembre, les autorités ont « offert le pardon aux rebelles timorais » qui se rendraient. Ce grand classique depuis 1975 a déjà valu la mort à des milliers de Timorais et de Timoraises qui y avaient répondu. Les groupes de résistants timorais Fituri et Ojetil ont été interdits et leurs dirigeants contraints de se repentir publiquement. Les groupes Renetil et UJTL sont également menacés. Selon l’armée d’occupation, jusqu’à 1 000 membres de groupes clandestins se sont « rendus » depuis la capture de leur leader. La presse indonésienne, aux ordres, fait état de nombreux rassemblements de masse de Timorais dénonçant Xanama Gusmao, apparemment totalement orchestrés par l’armée, et de « dissolutions » spontanées de groupes de résistance.

Tout ceci intervient au moment où des négociations entre l’Indonésie et le Portugal (ex-colonisateur) avec la participation de représentants Timorais, dont Xanama Gusmao, devaient avoir lieu dans le cadre de l’ONU. Le 2e round de ces discussions s’est toutefois tenu à New York le 17 décembre et n’a débouché sur rien, les deux pays restant intransigeants. D’autre part, lors de sa visite à Jakarta le 4 décembre 1992, Dominique Strauss-Kahn, ministre français du Commerce et de l’Industrie a déclaré que le groupe des 7 pays les plus industrialisés (G7) envisageait d’inviter l’Indonésie au prochain sommet de Tokyo, les 7 et 9 juillet 1993, en sa qualité de président des non alignés. Jakarta pouvait-elle rêver plus belle caution internationale ? Le 18 décembre, Tokyo indiquait qu’une telle invitation risquait de poser problème car l’Australie désirait également être présente. La question reste donc en suspend.

Bertrand Dekoninck (Informations transmises par « Agir pour Timor »)