À Lille aussi l’été fut antinucléaire. Quelques jours après l’annonce de la reprise des essais nucléaires français en Polynésie , un collectif s’est constitué pour riposter. Oubli ou volonté délibérée, les anarchistes n’avaient pas été contactés pour rejoindre ce collectif. C’est par hasard que les libertaires lillois ont eu connaissance de la tenue de la première manifestation en juin dernier.
Le 6 août dernier, cinquantième anniversaire de la bombe d’Hiroshima, 600 personnes se sont rassemblées, place Rihour, à Lille, rebaptisée pour la circonstance place Hiroshima, avant de former une chaîne humaine jusqu’à la préfecture, à l’appel du collectif régional. S’il a participé à la manifestation et à la conférence de presse qui l’a précédée, le groupe Humeurs Noires de la Fédération anarchiste s’est refusé à signer l’appel aux côtés du Parti socialiste. En effet, celui-ci a été accepté au sein du collectif par les autres organisations (Les Verts, Mouvement de la paix, PCF, AREV, LDH…) en dépit de la politique nucléaire qu’il a menée pendant les deux septennats de François Mitterrand.
Le groupe Humeurs Noires et les autres composantes du mouvement libertaire lillois, notamment les anarcho-punks, se sont efforcés tout au long de l’été de montrer que la lutte contre les essais ne pouvait être dissociée de la lutte contre le nucléaire civil, la militarisation de la société et le néo-colonialisme de l’État français.
Outre la participation critique aux manifestations organisées par le collectif, les anarchistes lillois ont multiplié collages, émissions de radio, communiqués de presse (que d’ailleurs la presse locale n’a pas jugé bon de reproduire). Ils étaient également présents à un rassemblement préparé par des anarcho-punks à Tournai, en Belgique, le 9 août 1995, cinquantième anniversaire de la bombe de Nagasaki ainsi qu’au Festival anti-dech’nuc les 26 et 27 août dernier à Cirfontaines-en-Ornois (Haute-Marne). Ce festival, organisé par la Coordination nationale contre l’enfouissement des déchets nucléaires, a réuni plus de 3 000 personnes, qui ont pu, entre deux concerts, s’informer auprès des différentes associations venues tenir un stand.
La documentation collectée à l’occasion de ce festival permit de tenir une table antinucléaire sur le stand libertaire à la braderie de Lille, les 2 et 3 septembre. Dès le lendemain du premier essai, 200 personnes se sont réunies devant la préfecture du Nord et 500 le jour suivant pour une manifestation de la place Rihour jusqu’à la préfecture.
Christophe Fétat et Bertrand Dekoninck (groupe Humeurs Noires - Lille)