Accueil > Archives > 1960 (nº 56 à 65) > ..56 (janv. 1960) > [Yves Deniaud]

Yves Deniaud

janvier 1960.

Notre ami Yves Deniaud s’en est allé, « notre pote » comme il aurait dit dans son langage, car cet ancien camelot n’avait rien perdu de sa jeunesse, rien, ni ses expressions, ni ses amitiés, ni surtout ses sentiments et ses idées. Il est trop rare, le cas de ceux qui restent fidèles à leur passé, que l’argent ne gâte point, à qui le succès ne monte pas à la tête, pour qu’on ne le souligne pas dans ce journal. Ce journal qui était le sien, il tenait à l’affirmer, car il n’avait rien renié non plus de ses convictions libertaires. Les responsables des galas et même des fêtes plus modestes, de quartier, ne pouvaient faire appel à lui sans qu’il accourut, lorsqu’il était libre et peut-être n’ont-ils rien su des sacrifices qu’il faisait pour « être libre ».

Je m’aperçois que le tour de cet article est triste et compassé. C’est une erreur. Yves Deniaud était gai, drôle, spirituel. Il aurait aimé - c’est une certitude - qu’on ne parle de lui qu’en rappelant sa bonne humeur, ses bons mots, les extravagantes histoires qu’ils savaient raconter. Il fallait l’entendre interpeller ceux de ses amis qui s’étaient ralliés à l’idéologie marxiste - (ils étaient rares) - et leur faire en argot, le procès de la doctrine. Inutile, n’est-ce pas, de vous rappeler les étapes de sa carrière qui l’ont mené de sa « carante » des boulevards aux triomphes de l’écran et surtout du théâtre. Je dis surtout, car il fait encore souligner une des qualités de Deniaud : il était extrêmement intelligent. Il savait qu’un succès d’acteur n’est rien, tant qu’il n’est pas confimé par l’épreuve redoutable de la scène. Yves Deniaud était donc aussi un redoutable acteur de théâtre et de music-hall. Il plaisait à la foule et la foule lui plaisait. Il restera longtemps dans son souvenir.

L.C.


Nous rappelons que le groupe Louise-Michel consacre à la mémoire d’Yves Deniaud une soirée avec le concours de ses amis du cinéma et de la scène parisienne.


Samedi 9 janvier 1960 à 17 h 30 précises, dans son local à Montmartre

notre ami Yves Deniaud

par un de ses camarades du cinéma
poèmes, récits par ses amis artistes