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À Lille où jamais rien ne se passe

Le jeudi 28 juin 1979.

Un mouvement dur d’étudiants s’est spontanément constitué à l’USTL [1], pour réagir aux conditions déplorables d’étude et à l’institutionalisation du racisme en France par la loi Barre-Bonnet et la circulaire d’Alice S.S. ; cela tout en se désolidarisant des revendications égocentristes et timorées des enseignants.

À ces deux axes privilégiés de notre lutte se sont peu à peu greffés des thèmes de réflexion tabous qui nous sont chers : imagination meurtrie à l’université, matraquage psychologique par les cours, autogestion des facs…

Les moyens d’action choisis ne sortent pas vraiment des sentiers battus (manif devant la préfecture, délégations d’étudiants, tracts-affiches, usage d’un émetteur-radio…). Un effort est toutefois accompli pour délocaliser le mouvement, lui donner une autre dimension en l’étendant aux lycées et peut-être au monde du travail. Notons en outre la quasi autonomie des commissions (revendications, informations, animation, « cas spéciaux »…) à l’égard du comité coordinateur, l’ouverture et l’indépendance de celui-ci vis-à-vis de toute bureaucratie politico-syndicale. L’évènement que constitue ce mouvement, l’est d’autant plus qu’il se développe dans LE fief du réformisme d’opposition, ennemi juré de l’action directe.

Rappelons enfin aux autres compagnons anarchistes et libertaires de Lille et de sa région que leur participation plus massive (bombages, collages, prêt de matériel d’impression…) assurerait l’autonomie du mouvement.

À Lille où jamais rien ne se passe, le brèche est ouverte, engouffrons-nous y !

Jean-Claude Bordichini (Gr. Lille)


[1Université des Sciences et Techniques de Lille