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49e congrès à Lille de la Fédération anarchiste

Le jeudi 18 juin 1992.

Rendez-vous important, les 6,7 et 8 juin derniers pour les militants de la Fédération anarchiste : notre congrès annuel, cette fois-ci avait lieu Lille.

Chaque année, un groupe ou une ville prend l’initiative d’organiser ce qui constitue pour nous la seule et unique instance décisionnelle. Ambiance studieuse donc ! C’est que nous ne disposons que de trois jours pour faire le bilan de l’année écoulée et surtout pour préparer celle à venir. Trois jours pour régler les problèmes de fonctionnement de l’organisation, la gestion de ses outils que sont le Monde libertaire, Radio Libertaire, la librairie et les éditions du Monde Libertaire. Tout cela ne fonctionne en effet que sous le contrôle direct du congrès et de chacun des membres de la FA. Ses responsables
sont mandatés précisément en congrès et révocables. Nous ne faisons là qu’appliquer les principes du fédéralisme libertaire. Trois jours pour aborder également la situation sociale, économique, écologique, politique… du monde dans lequel nous vivons. C’est là que nous élaborons les thèmes des campagnes fédérales pour l’année à venir. On y parle donc beaucoup. Les points de vue s’y affrontent souvent. Les discussions peuvent être longues, mais nous parvenons, par notre réflexion commune, à des positions de synthèse. C’est que le fonctionnement du congrès est tel qu’une position n’est adoptée que si elle fait l’unanimité, ou du moins si elle ne suscite pas d’opposition de la part d’un militant. Aucun comité central ou bureau politique ici pour imposer une ligne à la fédération.

Le congrès, c’est aussi l’occasion pour nous tous d’échanger nos expériences : problèmes de logement, squatts, luttes antinucléaires, écologie, luttes pour les droits des femmes, syndicalisme… Ils sont nombreux les militants de la FA à s’investir locale-ment ou nationalement dans ces domaines. C’est ce qui fait la richesse de l’organisation. Au congrès, nous pouvons également faire connaissance avec les militants de Nice, Toulon, Bordeaux, Rennes, Paris, Lyon ou d’ailleurs, ce qui est tout de même une occasion rare. On en profite pour faire la fête, pour entonner aux heures d’après-boire les vieux chants révolutionnaires. Étonnez-vous, après cela, que l’on ressorte exténué d’un congrès !

Bien sûr, c’est aussi pour la FA l’occasion d’apparaître d’une manière un peu plus médiatique. Nous avons notamment pu noter cette année l’intérêt accru de la presse à notre égard. Comme quoi l’anarchie, après l’effondrement du « socialisme de caserne » commence à redevenir un sujet digne d’intérêt pour les mass-médias. Que ce soit Libération, Le Monde, FR3 ou la presse quotidienne régionale, tous y sont allés de leurs articles, plus ou moins longs sur le « congrès des anars », la plupart du temps objectifs, même si certains ont tendance à confondre journalisme et ragots de comptoirs. Nous pourrions d’ailleurs nous inquiéter de savoir ce que cache cet intérêt soudain pour l’anarchisme de la part de médias qui, pour la plupart, n’ont jamais été particulièrement tendres ou objectifs avec nous.

Bertrand Dekoninck