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éditorial du nº 1694

Le jeudi 24 janvier 2013.

COCORICO, notre président, d’habitude si prudent, a décidé de lancer ses légions au Mali pour « arrêter » l’avance des djihadistes à Konna. Le Figaro en bredouille de fierté, tant il est doux de soutenir un conflit où il s’agit de casser du Noir, de l’Arabe et du Berbère et pourquoi pas aussi une croisade proprette de la Franchouillie chrétienne contre la barbarie musulmane. La situation est complexe. Qu’on en juge.

Un « monstre djihadiste » bien armé et entraîné : Ansar Dine et Mujao, Aqmi issue du FIS algérien, enfin les séparatistes touaregs du MNLA. Autant dire d’infréquentables ruffians qui, à l’abri de la charia, cherchent à satisfaire leur soif de pouvoir, de rapines et de viols. Ils sont financés par les « amis de la France », les Émirats et le Qatar, pétés de tune.

Le Mali, un des pays les plus pauvres de l’Afrique de l’Ouest, est en train d’essayer de se remettre d’un coup d’État. Bien des jeunes n’ont d’autre issue pour ne pas crever que de s’enrôler dans une bande armée ou de gagner clandestinement l’Europe. Le Sahel, où s’insère le Mali, est en constante désertification mais aussi un lieu d’échanges entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne, convoité par la Chine, les États-Unis, la Russie.

Au Mali, or et coton jadis aux mains de la Françafrique sont encore l’objet d’une gestion néocoloniale. Même si Hollande n’est pas fâché de faire oublier, au son des trompettes guerrières, le bilan négatif de son début de quinquennat, qu’il se méfie cependant : au-delà d’un certain nombre de soldats tués, leurs familles françaises ne verront plus la jolie guerre d’un si bon œil. Sur les conseils de l’ONU, des pays de l’Ouest africain envoient sans se presser des bataillons diversement équipés. Les pays riches renâclent à mettre le doigt dans ce piège africain, malgré le traitement à la hussarde des prises d’otages européens.

Foin de titatas, comme en Irak et en Afghanistan, les ingrédients sont réunis pour un très long conflit. Commence une longue et sale période pour les civils maliens qui, on peut le parier, vont en prendre plein la gueule pour des rivalités impérialistes qu’ils n’ont pas souhaitées et faire les frais des violences de la guerre, des privations et de la famine. Comme d’’hab’.