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La Lutte de Dominique Lestrat à l’hôpital de Prémontré

Le jeudi 13 septembre 1984.

Le Monde libertaire, dans son numéro spécial été, relatait la lutte que menait Dominique Lestrat pour sauvegarder une expérience originale de soins à l’hôpital psychiatrique départemental de l’Aisne. Un ancien militaire, M. Imbert, n’y connaissant rien en psychiatrie, promu directeur du CHS sous le ministère Bérégovoy, s’était mis en tête de détruire ce service institutionnel qui avait eu l’audace de mettre en place des structures collectives de concertation et de gestion.

Pour avoir défendu cet outil de travail élaboré progressivement par l’équipe soignante depuis 1968 et sous des prétextes fallacieux, Dominique, militant anarchiste était licencié le 25 avril 84. Les ML de juin vous ont relaté la grève de la faim que notre camarade a mené pour populariser la résistance du service de psychiatrie infanto-juvénile de Prémontré contre ce « Jojo-la-trique », comme le surnomme si bien un slogan peint sur les murs d’Ani-y-le-Château. Le Monde libertaire ayant cessé de paraître hebdomadairement durant l’été, le numéro de vacances, bouclé au 40e jour de grève de la faim de Dominique, s’arrêtait sur l’espoir d’une issue rapide et satisfaisante du conflit. Il a encore fallu jeûner 3 jours supplémentaires pour enfin obtenir du ministère et de la préfecture de l’Aisne des propositions acceptables. La grève prit donc fin le 3 juillet 84 après 43 jours sans alimentation et 26 kgs perdus, après plus d’un mois et demi de mobilisation tous azimuts des amis de Dominique dont tous ceux de la Fédération anarchiste, et après que Paris et la région de Prémontré soient recouverts d’affiches. Suite aux négociations, Dominique obtenait la garantie écrite de toucher son salaire intégralement jusqu’à ce que le tribunal administratif statue sur son licenciement arbitraire et la promesse d’être réintégré dans le service du Dr. Cadoret dès l’ouverture de l’hôpital de jour de Laon, prévue pour début 1985.

L’ouverture de cet hôpital de jour fait partie des projets d’extériorisation du service de psychiatrie infanto-juvénile de l’HP, projets qui ont pris du retard compte tenu de l’opposition du directeur actuel qui n’avait pas hésité à dire à des parents d’enfants hospitalisés que pour lui « 140 enfants dans un seul lieu, c’est plus facile à surveiller ! » Quand on vous dit qu’il n’y connaît rien en psychiatrie !

Le combat continue à Prémontré, Georges Imbert, dit « Jojo-la-trique », use de tout son pouvoir, avec la complicité d’une préfecture et d’une DASS à sa botte, pour rendre impossible tout travail thérapeutique à l’hôpital psychiatrique. La peur s’est installée sur l’hôpital. C’est aujourd’hui le royaume de la délation ; les scandales y fleurissent quotidiennement. De l’utilisation des malades contre les grévistes à l’interruption d’une réunion de commission paritaire, « Jojo » est omniprésent. Il a même fait changer les verrous des pavillons pour pouvoir y entrer à toute heure par surprise. Nul doute que bientôt l’actualité reviendra sur Prémontré.

Si la grève de la faim de Dominique est terminée, la situation à Prémontré n’a guère évoluée, Imbert y règne toujours aussi féodalement. Les pouvoirs publics prennent une bien grande responsabilité en laissant agir ce triste individu. Viré des deux places qu’il occupait précédemment, le personnel attend avec impatience qu’il en soit de même pour son poste de directeur à Prémontré. Les libertaires de l’hôpital s’y emploient activement.

Gr. Anizy-le-Château