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Salut Jean-François Groussin

Le jeudi 17 avril 1986.

Encore un morceau de nos années 70 tourangelles qui s’en va en lambeaux, décennie riche en émotions et en luttes sociales dont l’évocation rend encore plus terne et morose le quotidien ambiant d’aujourd’hui.

Jean-François Groussin nous a quitté, il est parti volontairement, n’arrivant sans doute plus à vivre comme ses chansons avec humour et dérisions (un de ses titres d’affiche). Il nous laisse quantité de souvenirs et nous rappelle tant de bons moments, de fêtes, de discussions entre houle et passion, de « Petit Faucheux » (celui d’avant les « cultureux » subventionnés), de bouteilles joviales et aussi… tellement d’angoisses existentielles difficiles à partager.

Héritier de Brassens, la moustache dégoulinante de spleen et de rires, il traînait textes et guitare de caves en cafés, poète ne maudissant que lui-même, vivant de manches et de petits cachetons, entre deux boulots de trimard sans intérêt.

Ami des écolos, des antimilitaristes, des libertaires et de beaucoup d’autres, Jean-François fut de tous les métingues, de tous les galas qui prolongèrent 68 dans la ville de Royer. Quand le groupe Maurice-Fayolle de la Fédération anarchiste organisait une soirée, il était toujours parmi nous, ça allait de soi.

Salut vieux frère, ta poésie coule encore sur les rives de la Vienne et tes textes me redonnent mémoire, entre Tours et Chinon.

Alain Crapaud