Encore un ami qui s’ajoute à la liste, hélas trop longue, de ceux qui nous quittent pour le voyage sans retour.
Paul Primert, cheveux au vent, le regard doux abrité par d’épaisses lunettes, respirant la bonté et la fraternité. Tirant toujours le diable par la queue pour gagner la pitance quotidienne, il ne pouvait supporter aucune misère autour de lui.
C’était un habitué de nos cercles littéraires. Lorsque, avec Chassin, je fondais les matinées du « Tire-Bouchon », il fut un des premiers à nous apporter son amical soutien. Il nous récitait ses poèmes avec une fougue jamais lassée et nous avions grand plaisir à l’entendre. Il se faisait l’interprète de l’un de nos amis, le chansonnier poète Eugène Bizeau dont il nous gratifiait toujours des dernières œuvres.
Son œuvre qu’il qualifiait lui-même d’humaine, restera dans les milieux libertaires comme un modèle de foi et [partie manquante ?] querre, la bêtise humaine, la société pourrie dans laquelle nous sommes contraints d’évoluer et l’hypocrisie des cléricaux, Primert savait toujours conclure en montrant le chemin du bonheur, l’espoir de lendemains heureux où l’anarchie rendrait à l’homme sa dignité et son bonheur.
Son souvenir restera longtemps gravé en nos cœurs. Sur cette Butte qu’il affectionnait particulièrement et où il amait rencontrer ses Amis, nous parlerons encore bien souvent de ce petit bonhomme habillé de velours, toujours souriant, aimant plaisanter, et dont le talent découvrait un intense amour de l’humanité.
Une vingtaine d’amis ont pu, malgré les vacances, l’accompagner à sa dernière demeure, ceux qui en furent empêchés le regrettent, mais tous, sans exception, évoqueront longtemps leur bon camarade Paul Primert.
Bernard Salmon