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éditorial du nº 587

Le jeudi 3 octobre 1985.

La maladresse que l’État français met à défendre une souveraineté, déjà bien entamée, dans le Pacifique sud ne doit pas nous faire oublier que la Nouvelle-Calédonie, ce n’est pas seulement le nickel. Mais également qu’elle demeure l’un des bastions du colonialisme français et le maillon d’une politique de défense stratégique dont l’atoll de Mururoa et son centre d’expérimentations nucléaires permet bien des libertés. Une mort d’homme par exemple.

Les élections du 29 septembre sont et vont être significatives de l’état des forces en présence. C’est bien là leur seul intérêt car ce scrutin régional ne pèsera en aucune manière sur le cours des événements qui précéderont le référendum d’autodétermination, si tant est qu’il ait lieu.

Attendre d’un bulletin de vote une clé pour se libérer de l’oppression colonialiste ne conduit qu’à des désillusions. Le danger d’un ordre musclé à Nouméa existe. Et les conséquences que cela implique ne doivent pas être considérées à la légère. Il faut le reconnaître ! Et la majorité que prendra ou non le RCPR ne servira pas davantage les intérêts français que celle du FLNKS. La surenchère que se livraient, en période pré-électorale, Le Pen et Chirac ne dissimulait qu’à moitié les profondes affinités de pensée et d’action qui existent entre le Front national et le RCPR sur cette question. Pour témoin, le retrait de la liste du FN dans la région centre.

La Nouvelle-Calédonie sert de test, n’en déplaise aux intéressés, les Kanaks ; test révélateur d’une influence, d’un poids qui sont ceux des forces politiques pour lesquelles la conquête du pou-voir reste l’essence de leur engagement. Pour utiliser des termes qui nous sont peu familiers, ce front de lutte dépasse le domaine de la solidarité militante envers les exploités pour devenir terrain d’affrontement totalement étranger aux intérêts du peuple Kanak.