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CIRA

décembre 1962.

Si vous passer un jour par Genève, ne manquez pas de vous arrêter au 11 de la rue des Granges. Dans un des quartiers les plus élégants de la ville, quatre murs lépreux et de guingois vous accueillent ; au premier étage, une chambre encombrée, empoussiérée, enfumée ; c’est le Centre International de Recherches sur l’Anarchisme.

Les amis de passage y travaillent, ceux qui ont un moment libre, d’autres qui s’y consacrent quleques jours. J’y ai passé une semaine cet été. Jamais le travail ne m’a semblé fastidieux, à tout moment arrivent des visites, des camarades, des curieux.

Et leur curiosité est bien récompensée : dans six ou sept armoires s’entassent des trésors, documents uniques, périodiques, manuscrits empaquetés, bouquins de tout poil et de toute plume. Derrière des vitrines, les classiques de l’anarchisme côtoient les romans et poèmes, rarement excellents, de quelques libertaires inspirés. Parfois, une surprise : si vous ouvrez l’armoire où sourit, immuable et placide, Bakounine-le-barbu, vous serez submergé par d’antiques (et crasseux) hebdomadaires suédois ; si vous jetez un coup d’œil… non, je ne dirai rien, allez y voir vous-même !

Peu à peu, cependant, l’ordre se fait : les journaux sont prêts pour le relieur et n’attendent plus qu’un mécène ; le fichier alphabétique est en bonne voie ; la correspondance presque à jour. Mais des rayons entiers restent à classer : Solidaridad obrera, 27 de enero de 1947, 19 de octubre de 1940 à triple, encore le même ; ah, non, c’est l’édition mexicaine, ou un autre journal, ou une date complètement fantaisiste (on est anar ou on ne l’est pas !), c’est plein d’imprévu, oui… Il arrive aussi que l’on découvre un article passionnant, alors foin des devoirs de solidarité, laissez-moi lire tranquille dans ce fauteuil défoncé.

Foin aussi de plaisanteries. Qu’est-ce au juste que le CIRA ? Comme son nom indique, il cherche à centraliser tout ce qui s’écrit et se publie sur l’anarchisme, dans toutes les langues et dans tous les temps. Ainsi, il crée d’une part des archives, renseigne d’autre part tous les intéressés, sert enfin de lien entre les divers pays ; ce qui lui procure évidemment une correspondance abondante, revues, périodiques, questions, projets farfelus, conseils, offres et demandes. J’au eu la chance précieuse d’y travailler avec Piero Ferrua, le meilleur des amis et le plus exemplaire des camarades anarchistes. Permettez-moi de terminer par un peu de réclame : pour vos études personnelles, pour vos groupes de discussion, pour vos recherches, demandez le Bulletin du CIRA, empruntez des livres, inscrivez-vous comme membre à dix francs suisses par an. L’adresse ? CIRA, Case 25, Plainpalais, Genève (Suisse). Pour le prêt international, adressez-vous à une bibliothèque publique, avec l’en-tête : BPU Genève (CIRA). Ainsi, à peu de frais, vous saurez tout sur l’Anarchisme.

Marianne Enkel [Enckell]