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Manifestations EPR, une belle victoire

Le jeudi 29 mars 2007.

62 000 manifestants se sont rassemblés le 17 mars, dans cinq villes de France, pour protester contre la construction du réacteur EPR à Flamanville (Manche) et se prononcer pour l’arrêt immédiat du nucléaire [1]. La plus importante s’est déroulée à Rennes, où environ 40000 personnes, la plupart habillées en jaune — couleur de ralliement du mouvement — ont vivement protesté contre l’EPR et le programme nucléaire français en général.

Pour le porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, « il s’agit d’une
mobilisation historique : à Rennes, nous sommes au moins deux fois plus nombreux qu’à la manifestation du 15 avril 2006 à Cherbourg. On est pratiquement revenu au niveau des mobilisations bretonnes antinucléaires des années 1970
 [2] ». Le réseau annonçait la participation, au même moment, de 10000 personnes à Lyon et à Toulouse. Voynet, présente dans la ville du Sud-Ouest, constate « une dégradation du débat, tandis que les candidats, sauf Bové et Besancenot, passent leur temps à répondre aux convocations des groupes de pression EDF et autres, du lobby pro-nucléaire, et à leur faire des promesses, tandis que le PCF reste muet et que Royal demande timidement un moratoire ».

Enfin, 5000 personnes ont défilé à Lille, à reculons pour les premiers mètres, symbolisant ainsi le caractère rétrograde du projet.

Selon nos camarades de la FA Strasbourg, la présence de 5000 manifestants était renforcée par les forces venues de Suisse et de l’Allemagne voisine. Un cortège libertaire a regroupé plus d’une centaine de personnes (FA, antifas d’Offenburg, AL, No Pasaran, CNT) qui avaient pour principal slogan « Société nucléaire, société policière », peu repris d’ailleurs par le reste des manifestants.

Les Strasbourgeois regrettent que la manif se soit limitée à la périphérie : le centre-ville était interdit par arrêté.

EPR, quel projet ?

L’EPR, conçu par ArevaNP, société commune d’Areva et S
iemens, a pour objectif « l’amélioration de la sûreté et de la rentabilité économique par rapport à celles des précédents réacteurs à eau pressurisée ». Mais pour le réseau Sortir du nucléaire « le site de Flamanville, dont le permis de construire a été délivré en août 2006, donne le coup le coup d’envoi du renouvellement du parc de centrales EDF à l’horizon, 2020. Il est dangereux et coûteux, et aggrave le problème des déchets radioactifs. Les travaux de construction sont prévus après les élections, le match n’est pas encore terminé. Mais il ne faut surtout pas laisser passer l’argument de la réduction des émissions des gaz à effet de serre en faveur du nucléaire, car il a trop tendance à oublier les déchets radioactifs et les autres risques encourus ». Pour Greenpeace, le projet est « inutile et dangereux, nous espérons que ces manifestations enverront un message fort, car le projet a été décidé sans véritable débat démocratique. De plus, la France n’en a pas besoin pour satisfaire sa consommation d’énergie ». Enfin, pour les deux associations, « il est temps de répéter que le chiffre d’affaires des énergies renouvelables atteignait environ 40 milliards d’euros en 2005 et double tous les trois ans. Une politique courageuse et volontariste, fondée sur leur développement et sur l’efficacité énergétique, créerait des centaines de milliers d’emplois, alors qu’avec 3,3 milliards d’euros l’EPR va créer 2 000 emplois temporaires, pendant le chantier, et seulement 200 emplois stables à terme. Un véritable gâchis » !

Petr Pasek
Groupe-claaaaaash@federation-anarchiste.org


[1Source : Militants FA, Actunews Environnement, Indymédia, Reuters, Bellaciao. EPR : de l’anglais European Pressurized Reactor, traduction française : réacteur pressurisé européen.

[2Pour mémoire, les manifestations à Plogoff, j’y étais… Le réseau fédère 760 associations et demande la fermeture de 4 centrales anciennes qu’il juge dangereuses, Fessenheim (Haut-Rhin), Tricastin (Drôme), Le Blayet (Gironde) et Bugey (Ain). En France, l’énergie nucléaire représente 78 % de la production totale d’électricité pour l’année 2005, contre 16 % dans le reste du monde et 32 % pour l’Europe. Source : Greenpeace et le réseau Sortir du nucléaire.