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éditorial du nº 1217

Le jeudi 19 octobre 2000.

Le lynchage de deux soldats israéliens trouve son illusoire « justification » dans l’assassinat d’une centaine de manifestants palestiniens par le bras armé de l’État d’Israël. Cette conception de la justice se résumant à l’archaïque « œil pour œil »… n’est malheureusement pas spécifique à cette région. Il suffit de se rappeler que la peine de mort est inscrite dans l’arsenal répressif de la plupart des États au motif qu’un assassin doit payer au prix fort. Où est la différence ?

Cet engrenage meurtrier en territoire palestinien est, comme on pouvait s’y attendre, prétexte à régénérer les idéologies les plus nauséabondes. C’est ainsi que des slogans « mort aux juifs » sont réapparus ici même, dans la rue et dans les salles de classe. On dénombre plus de 80 attentats contre des synagogues et autres lieux de prières.

Actes de « vengeance » des morts palestiniens, actes antisémites ou provocations d’extrême droite… difficile de faire le tri. Dans tous les cas de figure, ils nous sont intolérables parce que négateurs de toute civilisation et propagateurs de la haine et de la violence.

En contrepoint, il faut souligner la dignité de la manifestation de soutien au peuple palestinien qui a rassemblé à Lyon plus de 5 000 personnes, essentiellement issues des populations nord africaines. Le calme et la volonté des associations maghrébines initiatrices, ont su donner le sens de la mesure en rejetant toute idée de mépris et de haine à l’encontre du peuple israélien. Cette approche était largement et clairement partagée par l’ensemble des manifestants. Cela nous conforte dans l’idée qu’il existe des espaces et des convergences politiques plus puissants que l’actualité ne le laisse supposer.

L’indispensable rejet de l’état de terreur qui domine au Proche Orient ne trouvera de solution que dans la volonté et l’aspiration des populations à rejeter toute domination et exploitation économique. Car derrière les masques religieux se cachent des intérêts capitalistes et étatiques : États-Unis, États européens, État d’Israël, États arabes et compagnies pétrolières ont créé et alimentent les divisions religieuses et ethniques pour mieux assurer leur pouvoir et leurs profits. En ce moment, leurs stratégies géopolitiques criminelles touchent plus durement les Palestiniens. Mais peut-on oublier le sort des populations kurdes, irakiennes, syriennes et autres dont le sort quotidien n’est guère plus reluisant ?

L’entraide et le fédéralisme libertaire restent des leviers émancipateurs qui ne demandent qu’à être utilisés.