Le gouvernement cherche à nous faire travailler plus en nous faisant travailler plus longtemps avec l’« assouplissement des 35 heures ». L’objectif est de produire plus, de créer plus de richesses. Notre bonheur se mesurerait-il au taux de croissance ?
Travailler pour consommer
Pourquoi travaillons-nous ? Pour satisfaire nos besoins essentiels ou pour pouvoir consommer ? Les richesses que nous produisons pour nous et ceux qui profitent de notre travail servent à alimenter la consommation. Consommation qui nous est présentée comme un accomplissement de soi, une façon de se définir, de montrer son pouvoir d’achat, voire une façon d’être ou d’exister aux yeux des autres. Sans le dernier produit à la mode, pas de reconnaissance sociale.
Conséquences de la croissance
À force de produire pour pouvoir consommer et inversement, on en oublie la finalité du travail et l’intérêt réel d’acquérir des biens et des services. Pourtant, toute cette production n’est pas sans conséquences sur notre environnement. Cette course folle à la croissance à tout prix a un impact sur les réserves en matières premières, comme le pétrole, le gaz, l’uranium… Toutes ces matières premières sont le carburant de nos économies, et nous les utilisons comme si elles étaient inépuisables. Or, il n’en est rien. De plus, le rythme économique et son corollaire, la pollution, sont tels que nous détruisons notre environnement. Cette fuite en avant ne peut pas durer indéfiniment
On peut toujours chercher des solutions techniques pour dépolluer, mais autant agir à la racine. Pourquoi à la fois produire de façon polluante et travailler à dépolluer ? Si ce n’est pour créer de la croissance qui profitera toujours aux mêmes.
La décroissance, une occasion à saisir
Face à l’épuisement des ressources et à la destruction de la planète, nous serons fatalement obligés de revoir notre système de production (et donc de consommation). Autant se servir de ce moment pour faire le bilan de notre système économique et voir s’il n’est pas possible à cette occasion d’en modifier le fonctionnement afin qu’au-delà de l’aspect écologique, on vive mieux.
Il s’agit donc d’inventer un mode de vie qui ne conçoive le travail et la consommation que comme des outils parmi tant d’autres de notre épanouissement individuel et collectif. Nous organiser par nous-mêmes est certainement la façon la plus sûre pour contrer les profiteurs actuels, car une telle remise en cause de notre société, en particulier de notre système économique capitaliste, se heurtera à ceux qui en profitent actuellement. Outre l’aspect économique, on touche en effet à la question du pouvoir politique.
Tri nécessaire
Il est nécessaire de faire, dans notre consommation, un tri entre nos besoins réels et les envies nées des injonctions marketing, publicitaires, sociales, etc. De même, pour la production, regardons quels sont les produits et services intéressants en tant que tels et ceux qui requièrent des tâches dures, ingrates, abêtissantes… Nous ne vivons pas pour travailler mais l’inverse. Les activités non marchandes, comme tout ce qui se fait par le bénévolat, concourent elles aussi à notre bien-être individuel et collectif. Ce tri ne doit pas nous faire revenir à la bougie : il s’agit de faire consciemment des choix en évaluant à la fois l’importance de nos besoins, leurs conséquences sur les besoins en travail, l’impact sur notre environnement. Ne pas consommer plus, mais consommer « utile ».
Limites de la démarche individuelle
Évidemment, cette démarche ne peut pas être uniquement individuelle. Nombre de choix sont collectifs. Pour ce qui concerne les transports, par exemple, si l’on veut permettre aux gens de se passer de leur voiture, il faut proposer des transports collectifs efficaces. Si l’accumulation de changements de comportements individuels engendre bien des conséquences collectives, on ne pourra faire l’économie d’une refonte globale du système. Chacun peut travailler à consommer différemment et de façon respectueuse de l’environnement, mais il est nécessaire d’abandonner à un niveau global la logique suicidaire du toujours plus qui sous-tend le système capitaliste.
Dans ce système, riches et puissants ne peuvent prospérer sans croissance. Baisse de la production signifie alors chômage, précarité et une exploitation accrue de la main-d’œuvre bon marché, ici ou dans les pays dits du Sud. D’où la nécessité de l’égalité économique et sociale qui nous permettrait de faire des choix économiques et environnementaux conforme aux intérêts de tous.
Pour en savoir plus
Le site du Réseau pour l’abolition des transports payants (RATP) :
http://ratp.samizdat.net
La brochure sur la décroissance publiée aux éditions du Monde libertaire, Du développement à la décroissance : de la nécessité de sortir de l’impasse suicidaire de capitalisme.