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Gérard Ali Khanifar

Le jeudi 6 mars 1997.

Gérard Ali Khanifar est décédé le 21 février a Crevant-Laveine (63). Né le 10 aout 1950, il fit ses études aux écoles Michelin dans des conditions difficiles. Il restera à jamais marqué par les humiliations dues à sa différence. Jeune ouvrier, il pris le parti des sans-grade, des obscurs.

Son engagement anarchiste se concrétisa en 1968 où il participa activement à l’union des mouvements ouvrier et étudiant. Dès cette époque son souci organisationnel l’avait conduit à militer au sein de l’ORA (Organisation révolutionnaire anarchiste).

Il dut subir les rigueurs des prisons françaises pour sa solidarité active envers les militants libertaires d’Espagne et du Portugal en lutte contre Franco et Salazar. Son militantisme marqué par les idées de liberté, d’égalité et de solidarité fut toujours sans concession. Cela lui valut d’être mis sur les listes noires de nombreux organismes sociaux où il exerçait sa profession de formateur.

Autodidacte, doté seulement d’un certificat d’études, il obtint en 1993 un diplôme à l’École des hautes études en sciences sociales grâce à son travail sur Bakounine [1]. En outre, passionné d’histoire sociale, il avait consacré son DEA à un militant libertaire [2] du Bourconnais [i.e. Bourbonnais]. Depuis, il préparait un ouvrage de vulgarisation sur Bakounine, enfin, il était correspondant du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier fondé par Jean Maitron.

Sa lutte fut toujours désintéressée et n’avait pour but que la défense de l’homme. Il fut le seul objecteur au recensement à passer en France devant un tribunal.

Ses activités de syndicaliste se déployèrent aussi bien au niveau international (solidarité avec les mineurs anglais lors des grandes grèves durant le gouvernement Thatcher), ou local, dernièrement avec les routiers, les chômeurs et les intermittents du spectacle.

Théoricien et homme d’action, il participa en, 1994 à la création du groupe Spartacus de la Fédération anarchiste (Clermont-Ferrand). Très attaché à la lutte syndicale, il fut secrétaire du syndicat interprofessionnel de la CNT de la région Auvergne depuis 1996.

Il restera pour ses amis l’homme chaleureux, bon vivant et surtout solidaire. « Les copains d’abord » n’était pas pour un un vain mot.

Les militants libertaires partagent la douleur de sa compagne Marie et de sa fille Myriade.

L’incinération a eu lieu à Crouel mardi 25 février et ses cendres ont été dispersées au mur des Fédérés selon sa volonté.

groupe Spartacus (Clermont-Ferrand)


[1Pour une lecture contemporaine de Bakounine

[2Une adhésion à une pensée libertaire : le parcours d’Henri Terrenoire (Université Blaise Pascal, Clermont Ferrand, 1994).