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Paris

21e congrès du Planning familial sous le signe de la lutte

Le jeudi 27 mai 1993.

Le 21e congrès du Mouvement français pour le Planning familial, auquel était invitée la Fédération anarchiste, s’est tenu les 15 et 16 mai derniers à Paris. Ce fut l’occasion, pour ce « mouvement féministe de lutte et d’éducation populaire », comme il se qualifie lui-même, de constater que « la situation socio-économique se dégrade de plus en plus, avec la montée du chômage, des femmes et des jeunes en particulier ; l’augmentation de la précarité et du travail à temps partiel non choisi ; la discordance entre le droit et les faits ; la crise du politique et du mouvement associatif. » Il remarque toutefois une certaine avancée de certaines de ses revendications notamment avec la suppression de la notion d’auto-avortement dans le nouveau code pénal, la pénalisation des actions-commando anti-IVG ou du harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Cela confirme la nécessité d’un rapport de force favorable et la poursuite de la mobilisation « pour les deux ans à venir ».

Il réaffirme le droit de chaque personne à une contraception, « remboursée ou gratuite pour les moyens nécessitant une prescription, d’un prix modique ou d’accès gratuit dans les lieux habilités […] pour tous les autres moyens ». Il dénonce la limitation du droit à l’IVG (mineures, femmes étrangères résidant depuis moins, de trois mois en France, femmes hors délais légaux) et demande la dépénalisation de l’avortement.

Quant au sida, le mouvement s’engage à « renforcer sa vigilance sur tout ce qui péut être source d’exclusion de personnes ou de catégories sociales », à renforcer son partenariat avec les acteurs de la lutte contre l’épidémie mais s’inquiète aussi du fait que « les jeunes rencontrent de plus en plus de discours alarmistes sur les risques des relations sexuelles ».

Il compte également faire de la lutte contre les viols et les violences « un enjeu majeur des prochaines années ».

Face à la résurgence en Europe des idées fascistes, racistes et sexistes, il continuera à participer à la lutte et désire, pour le combat féministe, « construire une nouvelle solidarité féministe ». Il réaffirme lors de ce congrès « sa condamnation horrifiée de la purification ethnique et du viol » dans l’ex-Yougoslavie et dénonce « cette stratégie de guerre qui permet de perpétrer ces crimes en toute impunité […], l’idéologie dominante de la violence et le manque de volonté politique d’aboutir dans la résolution des conflits ». Il exige que le statut de réfugiées politiques soient accordées aux femmes obligées de fuir leur pays pour des raisons liées à leur sexe, que les violences sexuelles soient considérées comme des crimes de guerre et jugées par un tribunal international composé, à égalité d’hommes et de femmes.

Bertrand Dekoninck