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Pour une VAAAG anti G8

Village alternatif, anticapitaliste et anti-guerres
mars 2003.

Nous voulons réaliser lors du sommet du G8 à Évian un village anticapitaliste, alternatif, anti-guerres et antimilitariste. Dans ce village, nous voulons allier rencontres et débats politiques, convivialité et expériences culturelles (théâtre, musique, vidéos…) : « La lutte oui, la fête aussi ». Nous voulons que ce village soit l’expression de la parole des sans-voix, en rupture avec les mouvements institutionnels afin d’inventer d’autres voies possibles par la pratique d’un monde libre et autogéré. Le village VAAAG reflétera une multiplicité d’initiatives démontrant par l’action ce qui anime celles et ceux pour qui « Résister, c’est créer ! ».



Les 1er, 2 et 3 juin va se dérouler le sommet des huit puissances qui dirigent le monde (G8). Avec la montée en puissance des manifestations contre la globalisation capitaliste et après l’assassinat de Carlo Giulani à Gênes en juillet 2001, les huit plus grands prédateurs ont décidé d’organiser leurs festivités dans des coins reculés, protégés par des bataillons de flics et de militaires en tous genres.

Cette année, la France les accueille dans la ville d’Évian, ville au bord du Lac Leman retranchée derrière les montagnes de Haute Savoie. Les classes dirigeantes au travers du G8 et des différentes institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale s’arrogent le droit de diriger le monde au nom du sacro saint Capital. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, le discours est le même : extension de l’économie de marché à tous les domaines de nos vies. Les conséquences pour nous sont toujours les mêmes : la misère, la répression et la guerre.

Depuis plusieurs années les mobilisations s’amplifient pour contrer les saigneurs de ce Monde. Pour nous, lutter contre le G8, ce n’est pas quémander un aménagement « humain » du capitalisme ou sa régulation/taxation par les États, mais bien promouvoir un autre type de société où les rapports humains ne seraient pas basés sur une logique de profit et de domination.

De par le monde les dégâts humains et écologiques ne cessent de croître. La guerre devient le seul recours face aux maux économiques et sociaux auxquels le système ne peut plus répondre : guerre extérieure, encore nommée guerre contre le terrorisme, ou guerre intérieure contre les pauvres. Au Sud comme au Nord, cette pauvreté est la conséquence de la précarisation de l’ensemble des conditions de vie et de travail, de la privatisation de l’ensemble des services sociaux (santé, éducation, eau, transports), des logiques du tout profit et de l’argent facile, de l’exode — dans les pays du Sud, au Nord le « travail » étant accompli — du aux logiques de marchandisation (OGM entre autres) et de la mise sous tutelle par les trusts agro-alimentaires des populations rurales… Pour maintenir la « paix » civile — nommé par euphémisme cohésion nationale — les États et les empires développent des arsenaux militaires et sécuritaires encore jamais égalés. Dans la novlangue on ne dit plus que l’on attente aux libertés et aux droits de l’homme mais : On sécurise. On ne dit plus : On empêche les pauvres de prendre les transports publics mais : On lutte pour de meilleures conditions de voyage pour les clients ! On ne dit pas « les étrangers pauvres dehors » mais on gère humainement le flux d’arrivées en rapport avec les besoins de main-d’œuvre, etc. La peur entretenue a pour effet de déresponsabiliser les indivi- du-e-s, de faire éclater les liens de solidarités, et faire que chacune et chacun cherche dans un pouvoir fort une réponse aux questions posées par la globalisation capitaliste.

Mais les résistances se multiplient et s’organisent. Car c’est bien par la lutte, l’action directe et de nouvelles solidarités que les exploités et les dominés inverseront les rapports de force. C’est bien en mondialisant les luttes que les multinationales et les États ne pourront plus faire de l’Autre, de l’Étranger le bouc émissaire des situations qu’ils crééent par leur politique économique et sociale. Car les délocalisations, les pavillons de complaisance, les exploitations des forêts tropicales, l’exportation des usines polluantes dans les pays du Sud, l’exploitation humaine, etc. ne sont pas le fait du hasard ou du « pas de chance », mais de la logique du profit qui est la seule raison d’être du capitalisme et du libéralisme, comme on peut le voir par ailleurs avec la marchandisation du vivant, de l’éducation et de la culture.

Sans justice, pas de paix ! De nombreux gestionnaires économiques et politiques se mettent à rêver que la lutte des classes n’est plus qu’un souvenir, que celles et ceux qui subissent la loi des classes dirigeantes doivent continuer à courber l’échine et se contenter du Charity business pour ne pas crever… La reprise en main par les exploité-e-s de leur sort, leur capacité à définir d’autres voies que celles d’une croissance indéfinie et destructrice de la nature, d’un travail hiérarchisé et basé sur de multiples dominations — entre les peuples, entre les hommes et les femmes, sur la nature, sur les enfants, etc. —, la remise au goût du jour de l’autogestion et de l’appropriation des moyens de production pour la satisfaction du plus grand nombre et non d’une minorité, seront pourtant les seuls moyens pour contrer les forces belliqueuses, intégristes, national-populistes ou libéralo-sécuritaire qui se développent dans le monde

Depuis plusieurs années, la résistance n’est pas seulement une contestation de l’ordre — ou désordre — établi, mais la recherche d’alternatives aux différents modèles proposés — même par certains des anti-mondialisation. Il y a la volonté de créer d’autres espaces possibles contre toutes les formes de domination (patriarcale, économique, sociale, culturelle, nationale, militaire, autoritaire…), et c’est en cela qu’il nous semble intéressant de proposer la réalisation d’un village qui soit à la fois :

• un espace autonome de réflexion et d’actions qui permette l’expression politique et surtout l’affirmation de nos propositions d’alternatives. L’action étant le reflet de la mise en place d’actes de désobéissance et/ou de résistance et d’alternatives concrètes, de pratiques antiautoritaires, de démocratie directe et d’autogestion.

Nous voulons que ce lieu, au-delà de la visibilité nécessaire, soit aussi un espace d’expérimentation sociale et politique en rupture avec le capitalisme, les formes politiques de représentation classique et/ou institutionnelles ;

• un lieu autonome qui puisse devenir un véritable espace de convergence des résistances à la mondialisation capitaliste où la possibilité est donnée à différents axes ou stratégies de luttes d’être représentés et de s’exprimer (occasion pour tisser des liens entre différents individus, groupes, réseaux et associations).


VAAAG, 21ter, rue Voltaire, 75001 Paris
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