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Il y a 20 ans, le droit à l’avortement

janvier 1995.

Janvier 1995 : voilà 20 ans que l’avortement est légalisé en France. La pression de la rue, la pratique illégale mais publique et largement répandue ont obligé le gouvernement de Giscard d’Estaing à concéder la loi du 17 janvier 1975 sur l’avortement, dite « loi Veil », votée pour une durée de 5 ans dans un premier temps.

Si cette loi est un progrès, elle reste restrictive :
  l’avortement est limité à 10 semaines de grossesse alors que dans d’autres pays européen s le délai peut aller jusqu’à 20 semaines ;
  les mineures ont besoin d’une autorisation parentale écrite ;
  les étrangères doivent justifier de trois mis de séjour régulier ;
  un entretien social est obligatoire, il tend souvent à être humiliant et dissuasif ;
  l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est pas remboursé à 100 %.



Rien n’est gagné !

L’avortement et la contraception sont régulièrement remis en cause, en particulier par les religieux qui tendent d’imposer à tous leur « Morale » et leurs dogmes. Le pape va jusqu’à condamner le préservatif qui est aujourd’hui le seul rempart condre le SIDA.

De plus en plus, les commandos anti-IVG font parler d’eux. Ils interviennent dans les cliniques et les hôpitaux, détruisant du matériel médical, agressant le personnel, intimidant et manaçant patientes et médecins. Ces commandos sont en grande partie soutenus par l’extrême droite. Ces militants qui, au nom de la Chrétienté, entendent défendre les fœtus victimes, selon eux, d’un « génocide », sont même allés en pélerinage à Auschwitz afin de protester contre la pilule abortive RU486… N’est-ce pas banaliser les crimes nazis et l’holocauste de millions d’hommes et de femmes ?

Les pouvoirs publics de leur côté sont complices : réduction des budgets aux centres IVG et diminution des subventions aux centres de planification (dépôt de bilan avec fermeture de huit centres dans le Nord) mais par ailleurs octroi de 192 000 FF par le conseil de Paris à SOS Grossesse (association qui dissuade les femmes d’avorter), agrément ministériel au CLER (association anti-IVG) pour les entretiens pré-IVG, complaisance des tribunaux à l’égard des commandos, etc.

Un peu partout dans le monde, le droit à l’avortement est menacé (pays de l’Est, USA)… ou inexistant (continent africain).

Un nouvel « ordre moral » se dessine, limitant le droit aux individus de choisir leur sexualité, d’avoir des enfants quand ils le désirent…

Allons-nous, comme certains le souhaitent, en arriver à la même situation qu’en Irlande par exemple : avortement anticonstitutionnel, contraception au marché noir, divorce interdit ?

Pour nous, anarchistes, la contraception, l’avortement et le droit des individus à disposer d’eux-mêmes sont des droits fondamentaux.

Ensemble luttons :
  contre toutes les remises en cause de l’IVG ;
  pour un réel droit à l’IVG (5 000 femmes sont encore contraintes de se rendre à l’étranger chaque année) ;
  pour la pilule abortive RU486 ;
  pour le remboursement à 100 % ;
  pour la gratuité des moyens contraceptifs ;
  pour le développement de la contraception féminine comme masculine ;
  contre le nouvel Ordre moral.

des capottes pas la calotte !!!

À méditer : avant la loi Veil, il y avait 800 000 avortements par an, aujourd’hui il y en a 160 000. Quoiqu’en disent les anti-IVG, l’information et la législation ont fait chuter le nombre d’avortements.

À l’occasion des 20 ans du droit à l’avortement :

Réunions-débats avec Hélène Hernandez de la commission femmes de la Fédération anarchiste.
Vannes, palais des Arts, le vendredi 10 février à partir de 20 h 30,
Lorient, cité Allende, le samedi 11 février à partir de 15 h 00.

Seront abordés aussi :
  le mouvement féministe aujourd’hui,
  la conférence mondiale du Caire,
  l’analyse des anarchistes.