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Manifeste du Collectif des réfractaires à toutes les lois anti-immigrés

Le jeudi 27 février 1997.

Nous soussignés,

Déclarons défendre les droits et valeurs fondamentales que sont :
• la liberté de circulation
• le droit de fuir la dictature, la guerre ou la misère
• le droit de vivre librement, de bénéficier de la citoyenneté et des mêmes droits que les nationaux pour les étrangers vivant en France de manière durable
• l’exigence de solidarité face aux injustices.

Considérants que :
• La France ne garantit pas les droits fondamentaux des personnes. Depuis plus de vingt ans, la politique dite « d’immigration zéro » mise en place et défendue par tous les gouvernements depuis, sous prétexte de lutte contre l’immigration clandestine, n’a servit qu’à mettre en œuvre la politique du bouc émissaire, le racisme d’État,
• cette politique a fait des milliers de victimes, aujourd’hui sans-papiers et privés de tout droit,
• cette politique pousse ces personnes à la clandestinité et qu’elles sont, dès lors, victimes des négriers des temps modernes, les entrepreneurs qui exploitent les travailleurs clandestins,
• l’immigré n’est pas la cause du chômage et de la misère mais qu’il est, au même titre que le travailleur français, la victime d’une politique dont l’État et le patronat sont responsables,
• le durcissement constant des lois contre les immigrés menace l’ensemble des personnes vivant sur le territoire français en instituant un régime d’arbitraire et d’exception,
• celui-ci, avec notamment la remise en cause du seul titre de séjour garantissant la stabilité aux étrangers, précarise l’ensemble de la population étrangère, et par là même l’ensemble des Français refusant cette logique raciste,
• qu’il est inacceptable qu’il existe dans ce pays un « délit de solidarité » dont serait victime toute personne apportant secours à un étranger mis en situation irrégulière.

Nous déclarons :
• Soutenir les revendications avancées par les sans-papiers : l’abrogation de toutes les lois anti-immigrés ; la régularisation de tous les sans-papiers, notamment suivant les douze « critères » de régularisation mis en avant par ceux-ci,
• être prêts à faire acte de désobéissance civile et à refuser d’appliquer l’ensemble des lois touchant à la situation des étrangers en France,
• avoir fait preuve ou faire preuve à l’avenir de solidarité active avec les victimes de ce système inacceptable en les hébergeants ou les aidant au cours de leur séjour irrégulier,
• poursuivre ces actions tant que les valeurs fondamentales défendues dans ce texte n’auront pas été respectées par l’arsenal législatif de l’État français.

Parce que nous savons où mènent la désignation et la mise à l’écart d’étrangers, nous continuerons à résister.

Article 21 de l’ordonnance de 1945 relative au séjour des étrangers en France : « toute personne qui par aide directe ou indirecte aura facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger sera punie d’une peine d’emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 200 000 francs ou de l’une de ces deux peines ».

Premiers signataires :
Johnny Lavaux - Jérôme Flippe - Claude Delattre - Alain Lucantis - Marjorie Seena - Ludo Brietz - Yvain Lemattre - Frédéric Lemire - Jean Simon - Virginie Derensy - Lolita M’gouni - Stéphane Boulangier - Christophe Fétat - Ellénore Lemattre - Charles Compagnie - Josselin Moinet - Anne Bancourt - Thomas Guelton - Sadia Khiter - Cécile Arfi - Lisa Nihoul - Marie-Rose Leleu - Jean-Michel Denis - Yann Geay - Emmanuel Wachter - Didier Potier - Alexandre Damez - Olivier Godard - Léa Claessens - Bertrand Dekoninck.

Pour rejoindre le collectif c/o CCL :
1-2, rue Denis-du-Péage. Tél-fax : 03 20 47 62 65.


« La Délation c’est dégueulasse » par Charmag & Isabelle
Charmag & Isabelle