Femmes, tu n’as qu’un droit, c’est celui d’être mère,Sans le contester la loi te le confère ;Pourquoi donc pourrais-tu librement enfanterEt n’aurais-tu pas droit à te faire avorter ?La loi punit cet acte en l’appelant un crime,Je le prétends un droit strictement légitime ;L’être qui dans ton sein puise vitalitéNe peut être qu’à toi seule propriété.Coït irréfléchi n’engendre que misère,Dans tes rapports charnels ne sois pas si légère,Affranchis donc ton mâle en lui développantQue la gêne au foyer survient avec l’enfant.Tout geste à ce propos, pour toute l’existence,Peut amener, vois-tu, très graves conséquences !Commets l’acte charnel avec lucidité,N’aie désormais d’enfants que par ta volonté !Il te faut en amour être avant tout pratique,Envisage d’abord le point économique ;Si celui qui va naître est un impôt nouveau,De ton ventre aussitôt libère ce fardeau.Si l’enfant doit porter des tares d’atavisme,Germes de syphilis, germes d’alcoolisme,Pressentant l’avarie que tu vas enfanter,Femme, n’hésite pas à te faire avorter !Refuse désormais de mettre sur la terreDes êtres qui, plus tard, à nous feront la guerre ;Réponds au capital en laissant pour les grandsLa tâche à l’avenir de faire des enfants.Malgré tes précautions si tu dois être mère,Recours à la science, évite la misère :Plus de chair à plaisir, plus de chair à canon,Plus de chair à travail, plus de chair à patron !Libre à toi de créer, libre à toi de détruire,Ce n’est qu’à ta santé, femme, que tu peux nuire.Si tu risques ta vie à ce jeu dangereux,C’est que le fait d’une autre est par trop douloureuxLorsque contre ton gré, tu te trouves enceinte,T’obliger à créer, c’est te faire contrainte ;La loi te reconnaît : droit à l’enfantement,Tu dois avoir aussi : droit à l’avortement !
Paroles de Lanoff (1912)