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Transports en commun marseillais

Les ambiguïtés d’une grève gagnée

Le jeudi 2 décembre 1999.

Marseille a connu un mouvement de grève au sein de la Régie des transports marseillais (RTM), interrompant le trafic des transports en commun (bus, tramway, métro) pendant plus d’une semaine. Le mouvement a été largement suivi par les salariés de la RTM.

Les 35 heures n’étaient pas au cœur des négociations. En juillet 1998, les agents de RTM avaient signé avec leur direction l’un des tous premiers accords réalisés en France sur la réduction du temps de travail. Pour les chauffeurs de bus, cet accord ramenait à 33 heures et demie, la durée hebdomadaire du travail et à 35 heures pour les autres catégories. Depuis, 180 emplois ont été créés. En fait, depuis 1995, où la RTM avait été marquée par un conflit de cinquante jours, la dynamique sociale dans l’entreprise avait conduit à garantir un accord sur les 35 heures sans perte de salaire. Mais, depuis le 10 novembre, date du dépôt du préavis de grève par tous les syndicats et ils sont nombreux (CGT, CFDT, FO, CFTC, CSL, SUP, CGC et UGICT CGT), ce sont essentiellement deux points de litige qui ont conduit à paralyser les transports en commun de la ville : les salaires et l’emploi.

Le premier point s’est soldé par un succès pour les agents dans la nuit de mercredi à jeudi. Les salariés demandaient la revalorisation du point 1200 à 47 francs (le point qui permet de calculer le salaire en multipliant par le coefficient), qui jusqu’à leur victoire était limité à 44,02 francs. Cette demande se fondait sur le fait que les salariés des réseaux de transport de Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nantes ont un point 100 fixé à 46,01 francs. Ce qui, à titre indicatif, porte la rémunération moyenne d’un chauffeur de ces villes à quelque 630 francs au-dessus de celle de leurs collègues marseillais. Ce décalage grimpe à 1 000 francs pour un chauffeur qui comptabilise trente ans d’ancienneté. La direction a répondu favorablement à la demande des grévistes en portant le point 100 à 46 francs pour le 1er septembre 2001 et en s’engageant à augmenter les salaires de 4,5 % d’ici là avec la garantie qu’il y ait une progression salariale supérieure à 1 % quelle que soit l’inflation.

Des emplois (de flic…)

Le deuxième point concernait l’emploi. Les grévistes exigeaient un renforcement des effectifs pour faire face aux agressions dont sont victimes les agents de la RTM. Dans un raccourci rapide et dangereux, les syndicats assimilent fraude et insécurité et réclamaient donc la création de postes de contrôleurs. La direction a, pour un premier temps, proposé le recrutement d’emploi-jeunes. Refus des grévistes qui réclamaient des emplois statutaires et qualifiés, ainsi qu’un emploi non-précaire au sein de la RTM pour les 50 emploi-jeunes déjà employés. La direction a finalement cédé. Des postes de contrôleurs vont êtres crées et les emploi-jeunes vont être titularisés. Le travail a donc repris le 21 novembre. Le métro marseillais ferme toujours à 21 h, afin de rendre difficile l’accès du centre-ville aux populations des quartiers nord....

groupe Marius Jacob (Marseille)