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Cinéma

Mobutu, roi du Zaïre

Le jeudi 2 décembre 1999.

Il était une fois, dans un très grand pays d’Afrique, un roi qui régnait sur plus de 40 millions de sujets. Ce roi là s’appelait Mobutu, et Thierry Michel, journaliste et cinéaste belge a entrepris d’en faire un film. Quelle comédie effectivement que la vie de ce satrape-là. D’obscur petit journaliste, il se toujours trouvera toujours au bon endroit au bon moment et dès les balbutiements de la décolonisation, il entamera son ascension vers le pouvoir suprême. Assassinats, intrigues, prébendes tout sera bon pour forger une dictature féroce et affirmer un pouvoir sans partage, sa fortune s’évaluera à la fin de sa vie en milliards de dollars. C’est d’abord le meurtre de Lumumba soupçonné de sympathies communistes (tiens donc !), les exécutions sommaires et les procès bâclés, la construction d’un parti unique et toute une cour de petit marquis et de courtisans veules, avec la surveillance du coin de l’œil de la CIA et des ambassades occidentales. Ce bouffon qui arrangeait bien tout le monde. Étonnant non ?

À travers des images d’actualité, parfois inédites, Thierry Michel nous fait un constat clinique de la comédie du pouvoir, mais mettant insuffisamment l’accent sur le fait que le Zaïre est un des pays aux ressources naturelles absolument fabuleuses (or, diamant, cobalt) et que ceci explique sans doute cela. Mais la transformation de ce sinistre pitre en personnage de cinéma est tout à fait réussie. Mobutu Sese Seko s’avère être un bouffon pitoyable mais aussi un véritable acteur, retors et redoutable politique et communicateur professionnel (qui ne se souvient de sa toque en léopard, bonjour l’identité visuelle !). Deux heures de cinéma pour plus de trente ans de tyrannie ça fait cher payé pour les zaïrois d’autant plus que le tombeur de Mobutu n’a pas grand chose à lui envier.

Jipé