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articles du ML1228

du 18 au 24 janvier 2001
Le jeudi 18 janvier 2001.

https://web.archive.org/web/20031025125947/http://www.federation-anarchiste.org/ml/numeros/1228/index.html

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Aide aux sans-abris de l’impasse des Primevères (Paris XIe)

L’équipe de monsieur Tibéri a généralement recours à un bon moyen de défense : se déclarer les victimes d’incessants propos calomniateurs qui détruisent systématiquement ses entreprises et l’empêchent d’avancer et de faire ses preuves. Cependant, il convient de noter que pour ce qui est d’exhiber à la face des citoyens son répugnant visage puant l’escroquerie et la corruption, la municipalité de Paris n’a besoin de personne et se suffit amplement à elle-même !

Le 20 décembre, nous avons appris que 12 familles africaines expulsées étaient à la rue depuis une dizaine de jours. Ces personnes avaient déjà été pour la plupart expulsées une première fois de leur logement. D’autres vivaient dans des taudis de la Ville de Paris dans le 18e arrondissement. Toutes avaient adressé à la Mairie des demandes HLM qui restèrent sans suite. La nécessité les poussa donc à s’installer dans un immeuble, inoccupé comme tant d’autres (il y a à Paris 134 000 logements vides), d’où elles furent à nouveau brutalement délogées par les forces de l’ordre (quelle équipe utile et sympathique !).

La ville de Paris, propriétaire des lieux, a prétexté pour cette expulsion des raisons de sécurité : l’immeuble, selon eux, n’était plus aux normes d’habitation. Les familles ont donc dû se satisfaire de conditions sans doute bien plus sûres : la rue. Toujours désireuse par ailleurs de manifester son zèle à toute épreuve, notre chère police a même pris soin de détruire l’escalier principal de l’immeuble et d’en murer la porte, contente d’empêcher ainsi tout accès « illégal ».

Vivre sous des toiles de tente en plein hiver

Pendant près de deux semaines, ces familles ont dû camper dans une petite impasse insalubre du 11e arrondissement, en plein cœur de notre civilisation, entre les quartiers Bastille et République richissimement décorés à l’occasion des très saintes fêtes de Noël ! Quelle marque flagrante de l’humanité capitaliste et de la conscience sociale de nos dirigeants ! Vivre sous des toiles de tente ouvertes aux rigueurs de la saison hivernale, dormir entassées sur des matelas à même la rue (ceci ne nous rappelle-t-il pas certains détails, d’une certaine histoire, d’un certain régime nazi ?), sans les minima rudimentaires indispensables à la dignité humaine : pas d’accès à l’eau potable, aucune nourriture, aucune commodité sanitaire ni possibilité d’hygiène !

Cette situation intolérable s’est un peu améliorée le soir du 23 décembre, lors de la fête organisée par le DAL pour les enfants de ces familles. Les militants présents des différents mouvements ou associations (notamment, Droit au Logement, Fédération anarchiste, AL) avec la présence symbolique de quelques personnalités engagées au côté des sans-abris (parmi lesquelles Albert Jacquard, Dieudonné) ont réussi à ouvrir les portes de l’immeuble inoccupé devant lequel campaient les familles. Nous y avons découvert un autre escalier en parfait état et des locaux tout à fait habitables (il restait même quelques meubles), dans lesquels ont pu se réfugier les femmes et les enfants.

Pendant ce temps, dans la rue, était déroulée une chaussette géante de 180 mètres, symbolique de la lutte pour le droit au logement, tandis que la police ­ toujours elle ­ faisait des rondes dans le quartier pour essayer de maîtriser les débordements éventuels. Le résultat de cette action n’est cependant pas mirobolant. Aux dernières nouvelles, si les femmes et les enfants sont à l’abri, les hommes sont toujours obligés de dormir dehors, par manque de place.

Réquisition des logements vides

Il est absolument inacceptable que des gens, et qui plus est des enfants en bas âge, soient contraints de passer l’hiver dehors, quand la municipalité possède tant d’immeubles vides ! Quand celle-ci (qu’il s’agisse de la mairie de Paris, de la mairie du 11e arrondissement ou de la préfecture) refuse de répondre à nos revendications ! C’est pourquoi il est de notre devoir, en tant qu’anarchistes et tout simplement en tant qu’êtres humains, de prendre conscience que notre lutte ne doit pas en rester au stade de revendications théoriques. C’est sur le lieu des événements qu’il faut faire entendre notre voix et lutter plus que jamais contre ces situations intolérables, en cet occident enrichi du XXIe siècle qui se veut dispensateur de progrès et un modèle de réussite !

Fabrice. — Claaaaash FA


Dans la Toile

Sur le site « Québec 2000 » (http://www.quebec2001.net/), vous trouverez les informations de base sur l’organisation des activités contre le Sommet des Amériques qui se tiendra a Québec en avril 2001. Ce site est une des diverses entreprises de la Convergence des Luttes Anti-Capitalistes.

En 1911, Joseph Labadie, un compagnon anarchiste, a fait don de sa bibliothèque à l’université du Michigan. À l’origine, cette collection comportait principalement des documents relatifs à l’anarchisme. Elle s’est ensuite diversifiée à tous les domaines de la protestation sociale (droits de l’homme, colonialisme, impérialisme, révolution espagnole, libération sexuelle). Elle comporte 35 000 livres, 8 000 journaux et 700 photos… Tout cela peut-être consulté sur place… et en partie sur le site (http://www.lib.umich.edu/libhome/SpecColl.lib/labadie.html). Attention, c’est en anglais.

Le syndicat potentiel (http://syndicatpotentiel.free.fr/) est un collectif ouvert rassemblant des personnes issues du monde de l’art et du monde universitaire. Dans un premier temps, le syndicat potentiel a organisé plusieurs rencontres sur Paris autour de « Art et économie » en visant l’ouverture de cette thématique en dehors du marché et de l’État, à l’économie informelle, parallèle, illégale, à l’économie du don ou de l’expérience. Il a également diffusé auprès des publics ses micro-publications et textes de recherches. À présent le syndicat potentiel existe à trois endroits : à Paris ou continuent ses interventions publiques, à Bruxelles, en lien avec des artistes occupant un Bureau de Pointage (équivalent de l’ANPE en France), et à Strasbourg, où l’association le Faubourg en emprunte l’orientation et le nom comme programme artistique.

Face à la crise des régulations économiques, financières et sociales, au creusement des inégalités, à la multiplication des conflits, aux ravages de l’ultralibéralisme et à la perte généralisée des repères, Transversales (http://www.globenet.org/transversales/) cherche à tracer des perspectives pour construire un autre monde.

Aberration ou indices d’un avenir triste, passez quand même jeter un coup d’œil sur ce site anglophone qui s’est dévoué à l’hébergement de… pétitions (http://www.PetitionOnline.com/). Etrange, vraiment. Ils ont même un top 25 des pétitions les plus populaires du moment. Mis à part l’aspect troublant de la démarche, ce peut être considéré comme un outil pratique pour une sociologie de la récrimination organisée.

À bientôt dans la toile.

Blue Eyed Keyboard
alain@minitelorama.com


Dix questions et autant de réponses pour des transports gratuits pour tous

Le droit de se déplacer librement est aussi vital pour un individu que le droit à la liberté, à une éducation libre et laïque ou à un logement décent. Dans ce domaine, comme dans d’autres, la société est fondée sur l’injustice et les inégalités. L’accès à des transports libres et gratuits pour tous est une nécessité dans une société basée sur la liberté de l’individu et l’égalité sociale.

Aujourd’hui, qui paye quoi ?

Les statistiques du ministère des Transports, de la SNCF ou la RATP constatent que les trois quarts des déplacements en transports collectifs sont liés au trajet « domicile-travail ». Pour le réseau SNCF Île de France le nombre de personnes utilisant : une carte orange, une carte hebdomadaire, les cartes étudiants ou imagine « R » représentent plus de 86 % des voyageurs et 90 % sur le réseau Bus RATP.

À la RATP, la billetterie ne représente que 35 % des recettes dont les deux tiers sont les cartes oranges et autres réductions. Des économistes affirment que nous ­ usagers ­ ne payons que la fabrication des billets, l’entretien des machines à composter, les contrôles… Économiquement, les transports gratuits pour tous reviendraient moins cher à la société.

Aujourd’hui qui profite des transports gratuits ?

Nous sommes devant une situation socialement ubuesque : ce sont ceux qui économiquement sont les plus favorisés qui bénéficient des transports gratuits. En effet, nos pôvres patrons et dirigeants politiques ont tous une voiture avec chauffeur, ils voyagent donc gratuitement ! La plupart des cadres « dynamiques » ont des voitures de société, voyagent en première, en avion sur le compte de leur société et personne ne trouve rien à redire. Les salariés ont leur carte mensuelle remboursée pour moitié par leur employeurs. Ce sont donc les hommes et les femmes les plus économiquement précaires qui payent le plus le droit à se déplacer. Jeunes ; précaires, chômeurs, RMIstes, sont les seuls à payer plein tarif alors que leurs besoins en transports sont équivalents aux autres. Ce sont aussi les zones plus défavorisées qui bénéficient des réseaux les moins nombreux : elles sont les moins bien desservies. En région parisienne, si tous les transports publics convergent sur Paris, vers la Défense ou les grands magasins c’est bien pour aider les patrons à « convoyer » leurs employés vers les lieux de travail et les consommateurs vers les zones d’achat ! Ce sont les employeurs, les grandes surfaces qui profitent le plus des transports, c’est donc à eux de payer !

Quels changements pour les usagers ?

Ce service public appartient à tous et à toutes. La gratuité des transports est un pas important, mais non suffisant. Actuellement, les technocrates et les patrons décident de tout : la création de nouvelles lignes « transversales » le rythme des passages en périodes « creuses » sont décidés contre nos besoins. Les gares, le métro sont des espaces publics, ils nous appartiennent. Ce « service au public » doit être géré directement par des représentants mandatés et révocables, représentants des usagers, des salariés et de tous les habitants des communes concernées. C’est les besoins des usagers et l’utilité sociale qui doivent primer et orienter la politique des transports et non la rentabilité financière.

Quels changements pour les salariés ?

Les gouvernements, le patronat ont l’habitude d’opposer les usagers aux salariés. Pas besoin d’être énarque pour comprendre qu’à chaque fois que l’on améliore la qualité des transports pour les usagers, il y a des retombées favorables pour les salariés. Inversement, toute amélioration des conditions de travail se traduit par une amélioration de la qualité des services rendus. Selon la RATP plus de 60 % des conflits « usagers/salariés » sont liés à la perception des « titres de transports ». La gratuité, c’est des rapports plus « cool » entre usagers et salariés.

Et la fraude ? zéro franc = zéro fraude

C’est évident, cette proposition dépasse largement les possibilités d’un cerveau de technocrate. Les contraventions coûtent plus chères qu’elles ne rapportent, 25 % sont réellement payées après des mois de procédures. Pour beaucoup, la fraude est un acte de « légitime défense sociale » face à la misère et à la précarité. Frauder est un acte de désobéissance civile dont le capitalisme et l’État portent la responsabilité initiale. Rendre le service public ouvert et gratuit pour tous les habitants, c’est rendre tous les usagers responsables de leur transport collectif et donc entre autre de le respecter. Bien sûr, tout ne sera pas réglé par un simple coup de baguette magique, tant que la société sera basée sur l’inégalité et l’oppression de quelques uns sur la majorité, des îlots de « liberté » et « d’égalité » ne survivraient pas.

Qui payera ?

La gratuité, c’est d’abord des économies pour les entreprises. Zéro machines coûteuses à entretenir (1), zéro billets à fabriquer. De plus, la multiplication des réductions multiplient les frais de gestion. Mais, c’est aux principaux bénéficiaires du réseau de transports de payer. Si 86% des usagers de la SNCF (Ile-de-France) achète un titre de transport d’abord pour aller travailler, C’est aux patrons de payer cet usage. C’est aussi à tous ces commerçants qui sans transports ne pourraient faire venir dans leurs magasins les centaines de milliers de consommateurs. Il n’est pas possible de comptabiliser tous les bénéficiaires indirects des transports gratuits.

Et l’environnement ?

Dans de nombreuses villes, l’apparition de nouvelles lignes de tramway, de métro, de bus ont eu des répercussions plus que favorables pour l’environnement : — 10 % de circulation à Toulouse, — 5 % à Nantes et à Strasbourg. Il est clair que la gratuité des transports favorisera encore plus les bus, les trams et les métros. Moins de voiture, c’est moins de pollution, moins de maladies respiratoires. Tout le monde l’a déjà compris sauf ceux qui eux ont des voitures de fonction.

Qu’est-ce que le service public libertaire ?

L’éducation, la santé, les transports, la culture, la gestion de l’eau potable… Tous ces services sont indispensables à toute société humaine.

Pour les anarchistes, l’accès à ces services doit être libre et égalitaire. L’égalité des droits que nous propose le capitalisme et la démocratie parlementaire est un leurre sans égalité sociale. Dans notre société, la gratuité est la seule garantie d’égalité sociale. Le service public doit être dégagé de toutes pressions politiciennes et de rentabilité financière.
Les anarchistes proposent la gestion directe de ces services publics, leurs dirigeants doivent mandatés et révocables par les usagers et les salariés.

Et en province ?

Quelle que soit la taille des agglomérations, les problèmes restent les mêmes : la gratuité, c’est l’égalité de tous les habitants. Nos propositions sont en tous points applicables immédiatement, même dans les villes moyennes. De plus, les réseaux SNCF ou de cars interurbains apportent les mêmes services que dans les grandes villes. Plutôt que de fermer des lignes dites secondaires et ainsi favoriser le tout automobile, les usagers et les salariés doivent imposer la notion d’utilité sociale et non subir celle de la rentabilité financière.

Que faire dès maintenant ? Agir au lieu d’élire !

Les élections n’ont jamais résolues véritablement les problèmes de société.
Nous, anarchistes luttons au quotidien, au côté des usagers, des salariés, des chômeurs, pour rendre la société plus juste, plus libre, plus égalitaire. Dès aujourd’hui, il faut exiger des transports gratuits pour tous, demander l’arrêt immédiat des contrôles, des amendes et des poursuites, et de manière générale nous occuper directement de nos affaires pour que personne ne décide plus à notre place.

groupe libertaire Louise Michel

(1) En Ile-de-France, le nouveaux système de billetterie coûtera plus d’un milliard de francs pour équiper deux tourniquets par station et 140 millions de francs pour l’achat de cartes à puces.


Pour un service public de santé

Aujourd’hui, en France, coexistent différentes modalités de services de santé. Entre ce qui dépend des collectivités territoriales, suite aux lois de décentralisation, comme la protection maternelle et infantile, entre ce qui relève de l’action nationale comme les hôpitaux publics, les maisons de retraite publiques ou les dispensaires, entre ce qui est mis en place par l’initiative privée sans but lucratif, tel le secteur du handicap géré par de nombreuses associations de familles, ou telles les institutions mutualistes, ou entre tout simplement l’exercice libéral de la médecine de ville, des laboratoires d’analyses médicales ou des ambulanciers : comment parfois s’y retrouver rapidement ? D’autant, qu’en fonction des régions, le maillage est très différent : l’accès aux soins peut ressembler au parcours du combattant quand on est une jeune fille en demande d’interruption volontaire de grossesse, quand on est porteur d’une pathologie très invalidante, lorsqu’on cumule plusieurs pathologies, ou quand on habite une région montagneuse enneigée, ou bien encore quand on vit sur les marges de cette société par manque de revenu et de logement.

Des revendications portées par les professionnels libéraux peuvent parfois rencontrer un écho favorable auprès de la population : les infirmières contestent aujourd’hui l’encadrement de leur nombre d’actes car il pénalise aussi les actes les plus coûteux, comme ceux exécutés sur la période nocturne avec tarification bonifiée, or ces actes permettent le plus souvent à des personnes d’être soignées tôt le matin pour se rendre à leur travail ensuite. Si ces mêmes actes étaient effectués en période diurne, la personne soignée arriverait en retard à son travail ou perdrait son emploi. Cet exemple montre bien l’absurdité de certaines mesures gouvernementales de restriction des dépenses de santé qui ne s’appuient pas en amont sur les besoins recensés de la population pour organiser l’offre de soins. Mais il révèle aussi les contradictions internes au service de santé dès lors qu’on marchande la santé. Durant de longues années, certes au prix de nombreuses heures de travail, les professionnels libéraux ont profité de revenus très confortables et ils ne trouvaient pas honteux d’écarter une population qui ne pouvait pas se payer leurs services ou d’accepter des personnes dont l’hôpital public ne pouvaient prendre en charge faute d’un budget hospitalier public très restreint.

Mais la question du service public ou du service privé ne doit pas être posée en période de crise économique plus aiguë. C’est une question fondamentale d’emblée.

La santé pour tous

La Sécurité Sociale a été un compromis d’après-guerre qui a marqué de façon magistrale notre société. Ses principes fondateurs étaient l’universalité, l’égalité et la solidarité : que tous les membres de la population puissent accéder aux soins, avec les mêmes devoirs (cotisations) et les mêmes droits (prestations) et que chacun contribue pour sa part au bien commun même s’il n’est pas malade, même s’il ne sera jamais enceint, même s’il ne veut pas d’enfants ou n’est plus en âge de procréer, même s’il est jeune, et en pleine forme. En effet, si comme le précise l’Organisation mondiale de la santé, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social » et que « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique et sociale » , il revient à chaque pays d’assurer à tout être humain la possibilité d’être dans le meilleur état de santé possible. Beaucoup de français ont pu profiter de la Sécurité Sociale, et le niveau de santé en France est l’un des meilleurs du monde, malgré l’exclusion d’une partie de la population.

Mais les principes de la Sécurité Sociale n’ont guère été appliqués. Des résistances importantes se sont fait jour dans certaines corporations pour éviter l’universalité qui leur apparaissait comme trop sous contrainte étatique ou de tendance trop socialisante. De même, l’uniformisation des régimes n’a pu se faire : subsistent des régimes différenciés comme la fonction publique ou les mines. De fait, ni l’égalité ni la solidarité n’ont pu être mises totalement en pratique. Et jamais, le débat sur la suppression du service privé n’a été politiquement posé. Les forces réactionnaires qui se sont déployées contre l’instauration de la Sécurité Sociale, en 1945 et dans les années suivantes, ont toujours trouvé appui dans les forces politiques libérales. La Sécurité Sociale a reçu maints coups de butoir sous lesquels elle a été dénaturée, sa gestion a toujours été confisquée aux représentants de la population car le compromis avait été passé avec les patrons qui n’ont jamais accepté que cette part socialisée de l’épargne ­ salaire différé en quelque sorte ­ soit sous contrôle du seul mandat ouvrier.

Aujourd’hui, la dépense annuelle de santé par habitant s’élève aux environs de 13 000 F dont la moitié pour les soins hospitaliers mais la Sécurité Sociale n’y contribue qu’à hauteur de 74 % et les personnes à plus de 13 %, le reste se répartissant entre les mutuelles, les sociétés d’assurances et institutions de prévention. Quand le remboursement de la médecine de ville est assuré à 100 % en Finlande, au Danemark mais aussi en Espagne en Italie, au Portugal ou en Autriche, certes avec un chois limité du praticien et un accès réglementé aux spécialistes, la France ne rembourse qu’entre 50 et 70 %.

En finir avec la sécu ?

Pour autant, doit-on jeter aux orties ce système de Sécurité Sociale ? Faut-il se le réapproprier ? Faut-il le changer, le modifier ?

Revendiquer un service public de santé, c’est exiger un service au service du public, au service de toute la population, avec un accès pour tous, et des prestations de qualité sans aucune discrimination dans la distribution. Il relève de la solidarité nationale qu’un service public soit développé. En effet, tout le monde n’est pas à égalité devant les risques de santé selon son âge, ses antécédents familiaux, ses habitudes de vie, sa région de vie et de travail. Chacun doit pouvoir être informé, bénéficier de la prévention (qui est une misère dans l’esprit hexagonal), profiter d’une offre de soins de qualité. Si la Sécurité Sociale n’apparaît plus pouvoir répondre à ces aspirations, méfions-nous des initiatives privées avec participation directe de la population : il est indispensable qu’une régulation se fasse entre régions pour garantir des mêmes droits au risque sinon d’exclure encore plus ceux qui n’ont pas l’esprit entrepreneurial ou qui sont trop isolés. Ce n’est pas du tout État qui est prôné là mais ce n’est pas non plus du tout privé.

Qu’un système soit organisé et géré par la population elle-même dans des dimensions qui laissent la possibilité de maîtrise des enjeux, de contrôle, d’initiative, nécessite une proximité avec la population et une responsabilisation de tous les acteurs qu’ils soient soignants ou soignés, donc une éducation à la santé.

Hélène Hernandez. — groupe Pierre-Besnard

(1) Constitution de l’OMS, New-York, 22 juillet 1946.


L’antifascisme passe par l’anticapitalisme

L’antifascisme est un combat qui nous emmerde. Lutter « contre » n’a jamais était notre objectif. Or, avant de construire une réelle lutte antifasciste, il faut abattre toute une série de bêtises et de dérives. La lutte contre le fascisme commence hélas par la critique de certaines formes d’antifascisme.

L’intervention « citoyenne » contre le fascisme est un discours qui passe très bien dans les médias mais que nous digérons très mal. Ce discours recherche le consensus entre les différentes couches sociales, en omettant toute remise en cause du système capitaliste. Or, pour nous, on ne peut pas dissocier l’antifascisme et la critique du système capitaliste. Un exemple : la culture est un axe intéressant dans la lutte antifasciste, mais l’accès à la culture pour toutes et tous doit d’abord être mis en place. Par opportunisme, la gauche a trouvé avec ce discours un autre champ d’intervention que celui de la lutte des classes.

Ces discours antifascistes consensuels permettent aux partis au pouvoir de faire oublier toutes leurs politiques successives qui ont favorisé la consolidation du fascisme. Nous pensons aux politiques sécuritaires ou envers les immigrés (plan Vigipirate, vidéosurveillance, lois Pasqua-Debré-Chevènement, double peine,…), sans parler des multiples manifestations racistes de l’État policier. Nous dénonçons aussi les prises de position fortes mais sans suite contre l’Autriche de Haider alors qu’au même moment des travailleurs maghrébins se sont fait massacrés impunément à El Ejido en Espagne.

On veut nous faire croire à une Europe citoyenne, respectueuse des droits de l’homme, et quelques exemples suffisent pour entacher cette vision. L’Autriche de Haider, la progression nette du Vlaams Blok en Flandres, les attentats en Allemagne, une extrême droite exacerbée au Danemark lors du référendum sur l’adhésion à l’UE, idem en Suisse où les électeurs se sont prononcés sur une éventuelle limitation du nombre d’étrangers sur leur territoire, les attaques et assassinats en Suède de militants progressistes,… la liste est longue et bien entendu passe aussi par la France. Cette Europe citoyenne n’existe pas et n’existera pas une Europe sociale. Et ce n’est pas l’adoption de la charte européenne sur les droits fondamentaux prévue début décembre à Nice qui nous aidera sur ce chemin : la charte casse et fait régresser la plupart des droits sociaux en Europe.

Ne comptons que sur nous-mêmes

Les luttes antifascistes peuvent tomber dans d’autres impasses que l’opportunisme électoraliste. Les associations qui limitent leurs actions dans un cadre antifasciste strict et parfois radical ne sont finalement qu’un réservoir de futurs militants pour organisations qui pratiquent le recrutement sélectif. Ras-le-bol aussi des militants communistes qui sous couvert d’avoir eu une histoire antifasciste glorieuse dispensent aujourd’hui les brevets d’antifascisme ou de révisionnisme, alors qu’ils continuent à évacuer toute réflexion et critique sur les dizaines millions de morts de la révolution russe ainsi que sur les pratiques de leurs partis ouvertement totalitaires.

La lutte contre le fascisme ne se limite pas aux images d’Épinal admises. Certes il faut mettre un terme au F Haine et à la mouvance mégretiste ; tout comme aux fachos avec barres de fer et lacrymos en poche qui foulent le pavé de nos rues. Mais nombreux sont les espaces où les portes sont ouvertes aux intolérants et où s’engouffrent les sbires autoritaires de l’ordre moral (les anti-PACS, les commandos anti-IVG, les associations familiales…). Et nombreux encore des lieux où l’on trouve des fachos en devenir. Réduire le « danger fasciste » à un seul parti, à une seule personnalité, c’est imposer une vision manichéenne de la politique et occulter la réalité de la diffusion et la banalisation des idées de l’extrême droite.

Enfin, une fois encore, s’il faut constamment s’efforcer de définir les spécificités propres du fascisme, on ne peut pas aborder cette lutte sans s’attaquer à une critique sérieuse du système libéral. Le fascisme est le produit du capitalisme et plus exactement son allié dans les heures sombres. L’idéologie fasciste ne fait que reprendre les désirs et fantasmes des capitalistes : productivisme outrancier, compétition systématique, uniformisation, culte du chef, appauvrissement de l’esprit et de la liberté individuels, obéissance aveugle avec des variantes nationaliste, xénophobe et raciste. Plus que son allié, le fascisme est le dernier rempart du capitalisme qui s’efforce sans cesse de survivre aux crises qu’il crée. C’est pourquoi nous restons convaincus que la meilleure forme d’antifascisme est la lutte pour la révolution sociale.

Tout comme il ne sert à rien de lutter contre le fascisme sans s’en prendre aux bases de notre société, nous ne pouvons pas nous contenter à l’échelle de nos quartiers de fouler le pavé face aux fachos. Bien sûr, nous serons toujours présents face aux bandes fascistes, aux commandos anti-IVG, aux intégristes et autres autoritaires. Mais il faut avant tout se réapproprier nos quartiers. Réinventer la gestion de nos quartiers : investir nos écoles et collèges, les bibliothèques, dénoncer les choix partiaux des maires en matière d’aide sociale, d’aide au logement… Ne pas se contenter de déléguer nos idées aux politiciens, mais au contraire les mettre en œuvre nous-mêmes. Nos quartiers nous appartiennent, à nous de se les réapproprier !

La lutte contre le fascisme passe par là ! Par la redécouverte de solidarités qui ont disparu tant le système capitaliste et politicien nous étouffe, et par la mise en place de nouvelles solidarités tant nos frustrations sont grandes.

Claaaaaash. — Paris XIe


Précaire, un métier d’avenir

A la question qu’est-ce que la précarité, nous défions quiconque de répondre d’emblée : « C ‘est… ». Pour chacun, une image, une représentation différente, diffuse prend forme, souvent associée à un vécu, une expérience soit personnel, soit par personne interposée, et dans la plupart des cas, un-e proche. Le terme est nécessairement emprunt d’une subjectivité qui fausse la compréhension d’un « phénomène » que l’on qualifiera dans un premier temps de société. Il en est ainsi de même pour l’exclusion, notion qui semble avoir été inventée en 1974, bien que déjà utilisée une dizaine d’années plus tôt, en 1965, par les associations caritatives (ATD-Quart Monde). Le terme lui-même aurait été choisi pour des raisons médiatiques, pour frapper les esprits.

La notion d’exclusion est donc apparue en période de soi-disante prospérité économique, non pas pour désigner la dégradation du marché de l’emploi et l’affaiblissement des liens sociaux, mais la « marginalisation » d’une partie de la population par rapport au progrès économique et à la répartition des richesses. À cette époque, les institutions d’action sociale parlent d’inadaptation sociale, les conservateurs en attribuent quant à eux la faute aux pauvres, cette mise au banc de la société serait, selon eux, due aux déficiences individuelles, à l’irresponsabilité et à l’imprévoyance. On cherche déjà un moyen pour inciter les pauvres à travailler… c’est-à-dire en faire une main-d’œuvre malléable et corvéable à merci. Dans les années soixante-dix, Lionel Stoléru, avance l’idée d’un impôt négatif qui consisterait à verser aux familles dans le besoin une allocation variable avec le revenu. Ce sont les premiers pas vers la mise en place, dans les décennies suivantes, de diverses garanties de ressources minimales : RMI, allocation solidarité spécifique, allocation parent isolé, etc. Par ailleurs, une autre analyse voit le jour, en 1974, René Lenoir (Les Exclus, un français sur dix, Le Seuil) souligne l’existence de causes sociales comme l’alcool, la drogue, et remet en question la thèse de la « pauvreté volontaire ». Il met en évidence le fait qu’il ne s‘agit plus d’un phénomène marginal mais que de plus en plus de personnes, et ce quel que soit le milieu, sont touchées. De cette théorie découle une transformation des services sociaux qui développent alors des actions de prévention. Suite aux années de crises pétrolières, à la fin des années soixante-dix, début des années quatre-vingt, le chômage devient le problème central et la menace de la perte de l’emploi commence à hanter les esprits, jusqu’à devenir une angoisse collective. La notion d’exclusion est évacuée pour faire place à celle de « Précarité-pauvreté », nom donné à plusieurs plans d’urgence mis en place, en 1983, à l’initiative du ministère des Affaires sociales en partenariat avec les collectivités locales. Le terme précarité est donc bien d’un usage récent.

Aujourd’hui, il recouvre tout et n’importe quoi de même que les termes d’exclusion, de pauvreté. Leur banalisation fait que tout un chacun les emploie à tout propos. Ce qui faisait sens n’a plus de sens, ou trop de sens.

Si l’on prend la définition du Petit Larousse (PL), édition 2000, la précarité est :
 Caractère, état de ce qui est précaire.
 Situation d’une personne qui ne bénéficie d’aucune stabilité d’emploi, de logement, de revenu.
A noter, que le contraire de cette phrase donne : « Situation d’une personne qui bénéficie d’une stabilité d’emploi, de logement, de revenu » or bénéficier signifie tirer profit, jouir ou encore avoir légalement droit à des prestations ou à un privilège juridique !
Cette définition renvoie à « précaire », ce qui :
 N’a rien de stable, d’assuré ; incertain, provisoire, fragile (santé précaire, travail précaire).
 Existe par autorisation révocable (poste précaire ­ travailleur précaire).
Ainsi, le dictionnaire renvoie à différentes situations. Il existerait donc plusieurs précarités : affective, financière, sociale, etc. Hormis quelques exceptions, la précarité (dans sa globalité ou ses particularités) est une réalité quotidienne qui ne se laisse pas saisir dans une signification rigoureuse et objective pour l’expliciter définitivement.

La crise aurait entraîné une « fracture sociale », « l’exclusion », la « pauvreté », « l’insécurité », « la précarité ».
On pourrait le croire si l’on reprend la définition du PL, édition 1950 :
 Précarité : Caractère de ce qui est précaire.
 Précaire : Qui existe par autorisation préalable et révocable. Qui n’a rien de stable, d’assuré : santé précaire.
On constate immédiatement une petite différence mais de taille, la notion de travail ou de travailleur précaire n’étaient pas mentionnés !

Tout est toujours nouveau quand la mémoire est courte

Une partie de la population française a toujours vécu dans une condition matérielle lamentable. Quelles que soient les figures de la pauvreté, sa présence est constante au fil des temps. Au siècle dernier, le vagabond était le clochard des années cinquante ou le SDF des années mille neuf cent quatre-vingt. La sécurité est un thème récurrent. Les pauvres ont toujours fait peur à la minorité qui possède sans partage. L’exclusion ou le sentiment d’exclusion est d’abord politique. Au siècle dernier, la transformation de la condition sociale des travailleurs n’a pas été suivie de l’accession au pouvoir ou du moins de la participation au pouvoir représentatif. D’autre part, il existait et il existe toujours un décalage entre société politique et société réelle qui annule le principe de représentation. Aujourd’hui on ne dénonce plus la démocratie en tant qu’illusion mais le recul permanent de l’Etat devant les injonctions néolibérales, les sacro-saintes lois du marché, etc. L’exclusion n’est plus politique mais socio-économique. De crise sociale en crise sociale (un état permanent ?) les termes changent mais les vécus sont invariants.

La précarité et la pauvreté ont existé de tous temps, l’une générant l’autre. Chaque époque a sa caractéristique et les discours changent en fonction mais les méthodes restent quels que soient les mots employés. Depuis le Moyen Age, répression et assistance constituent le rapport aux plus démunis. Contrainte et assujettissement sont les deux mamelles du pouvoir indépendamment de ce qu’il est, gauche, droite ou « révolutionnaire ». Toutes mesures coercitives sont nécessairement présentées sous un aspect positif en faveur des supposés bénéficiaires. Le Pare en est une entre autre, sorte de contrat de vie qui n’a d’alternative que l’acceptation de n’importe quel boulot, à n’importe quel prix ou la mise au rebut de la société pour acte répréhensible de fainéantise. En état de démocratie les précaires, les pauvres n’ont pas la parole, ils sont en bas de l’échelle sociale, n’ont pas d’argent ou peu, pas de pouvoir et seule la survie compte. Un bulletin de vote n’a jamais changé leur condition. Demain ne veut rien dire seul compte l’aujourd’hui. Les prêt-à-penser du moment changent les mots, autrefois, c’était la question sociale, aujourd’hui c’est la précarité, l’exclusion ; pour eux, la lutte de classe est ringuarde. L’égalité n’est qu’une foutaise, la justice n’a jamais été tendre avec les pauvres, le travail précaire n’est pas vécu de la même manière par un employé et par un patron, la situation n’est pas la même et il n’est qu’à penser à… et au 200 millions de stocks-option comme cadeau de remerciement. Heureux l’employé, l’ouvrier qui a une prime de licenciement ! La précarité ne dissout pas les inégalités comme on tendrait à nous le faire accroire, elle les exacerbe.

Actuellement, le pouvoir économique pourquoi ne pas dire capitaliste, a l’initiative face au recul visible des luttes de la classe ouvrière, ses dernières années. Ainsi face au peu ou au manque de résistance, de perspectives, de volonté de construire un autre monde, et ce malgré quelques flambées de ras-le-bol comme en 1995, la tendance est à la généralisation du travail précaire, c’est la loi du marché mise en pratique et sans véritable obstacle. La précarité est un système d’organisation de la société capitaliste qui vise à ce qu’il n’y ait plus de contrat de travail, une façon de donner toute latitude à l’employeur de décider de notre avenir et de grossir son portefeuille ­ voir les hausses boursières à chaque annonce de licenciements. Avoir un salaire décent, un emploi stable c’est pouvoir se projeter dans l’avenir, échafauder des plans sur la comète. Cette richesse n’appartiendra plus, bientôt, qu’aux seuls patrons.

« Est travailleur quiconque est salarié et soumis aux risques du manque de travail » (Eugène Varlin, 1865)
Flexibilité, précarité, pauvreté, exclusion, ces notions ne recouvrent toutes qu’une même et unique chose, à savoir un rapport de force conflictuel par essence entre le capital et les travailleurs. Ces mots ne sont que l’imposition d’une vision sur le monde, d’une convention dictée par des personnages qui donnent le change en matière d’enjeu social et entretiennent ainsi le rapport de dominé/dominant.

Pour survivre, résister à la soif toujours accrue des possédants de posséder plus, la classe ouvrière s’est organisée. Pour lutter, se défendre face aux conditions matérielles et intellectuelles de vie qui lui étaient faite et pour que chaque homme soit l’artisan de son devenir, elle s’est unie par le moyen des syndicats notamment, a créé des mutuelles au siècle dernier, etc, et n’oublions pas la sécurité sociale en 1945 qui se fonde sur l’idée de solidarité en ce qui concerne la santé.

On ne nous fera pas croire qu’il dépend de chacun de s’en « sortir ». Ce que les travailleurs, avaient compris au siècle dernier nous pouvons encore nous en inspirer. Bakounine avait écrit : « On a développé, au sein de l’Internationale, plus d’idées qu’il n’en faudrait pour sauver le monde, si les idées pouvaient le sauver, et je défie qui que ce soit d’en inventer une nouvelle ».

En fait, ce qu’il faut mettre ou remettre à l’ordre du jour sont les notions de solidarité, d’entraide, de respect de soi et donc de l’autre et l’idée d’une économie dont l’objectif serait la satisfaction des besoins et non le profit à tout va.

groupe Commune Libre de Drancy


Vite fait… Bien fait

* Eau bénite et pastagua : le trouble. Pasqua a annoncé son intention de porter plainte contre de Villiers, ce dernier ayant sous-entendu que l’ex-ministre de l’Intérieur aurait trempé dans les affaires de trafic d’armes à destination de l’Angola.

* Une vingtaine de membres de la Confédération paysanne, dont José Bové, ont été placés en garde à vue mardi 9 janvier à Lille, pour avoir lâché une truie et six porcelets dans les locaux du PS.

* A l’appel de la CGT, plus d’un millier de personnes ont manifesté à Rouen contre le licenciement abusif de 5 traminots de la société de transports en commun de cette ville (TCAR).

* Trois membres de l’association écologiste Robin des bois ont occupé la capitainerie du port de commerce de Brest pour protester contre la décision du gouvernement français (auquel participe les Verts) de laisser une véritable épave flottante, le cargo Han, prendre la mer.

* Le groupe Danone a annoncé son intention de fermer une dizaine de ses usines dans le monde et de supprimer ainsi 3 000 emplois. Plusieurs grèves ont d’ores et déjà éclaté pour protester contre cette décision notamment en France, à Besançon et Calais.

* Racisme municipal. Le maire d’Hautmont dans le Nord, exclu du PS en 1989 et actuellement au RPF, a été mis en examen pour discrimination raciale.

* Après une première condamnation à un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt, le maire de Hambach (57) passe à nouveau en procès… cette fois-ci pour fausses factures.

* Australie. Une étude effectuée par des chercheurs de l’université de Melbourne établit que 30 % de la population australienne (5,5 millions de personnes) vit en dessous du seuil de pauvreté.

* Effet de serre. Le mois dernier, une réunion internationale à La Haye a adopté le principe selon lequel les États pourront mettre en vente leur droit à polluer. Cette possibilité n’est ouverte pour l’instant qu’en matière d’émissions de dioxyde de carbone, malgré tout ce nouveau marché devrait représenter un volume de 3 milliards de dollars d’ici 2010.

* Entre le 1er mars et le 8 avril, des transports de déchets nucléaires sont prévus entre l’Allemagne et le centre de traitement de la Hague. Des actions sont prévues, renseignement sur Indymedia.org

* Rappelons qu’une souscription est lancée pour payer les frais des 5 inculpés libertaires de Nice.

Envoyez vos brèves à monsieur.pol@wanadoo.fr


Criminalisation du mouvement social

Les matraques roses dans tout leurs états !

Des violences policières pendant le sommet européen de Nice, contre une action du CAE (Collectif anti-expulsion), contre des militant-es occupant pacifiquement un local du parti socialiste, contre les sans-papiers de la MDE (Maison des Ensembles) avec près de 130 personnes interpellées, une multiplication des procès à l’encontre de militant-e-s…, la gauche plurielle a délibérément décidé de déployer massivement ses matraques roses…

Charges de CRS, interpellations abusives, intempestives et préventives, violences des BAC (Brigades anti-criminalité), matraquages, tabassages, arrestations arbitraires, procès avec comparution directe, jugements iniques…, l’objectif de l’État est à la fois de criminaliser la misère et tout mouvement social remettant en cause l’ordre social, les puissances économiques qui imposent dérégulation, austérité. Par sa politique répressive l’État montre sa réelle nature : l’État organise le capital, détient un pouvoir de décision sur l’ensemble du système économique (règles, fiscalités, organisation des échanges internationaux) et a ce titre défend les intérêts des possédants. Sa politique répressive est donc claire et de toute époque : la fin justifie les moyens ! Ainsi le capital a besoin, à une époque, de l’apport de main d’œuvre immigrée et à une autre on l’expulse : les besoins ont changé…

Pas de contestation avant les élections

Mais de toute évidence la gauche plurielle a décidé de renforcer sa politique répressive. Situation conjoncturelle ? Nous entrons dans une période électorale étalée sur deux ans. Période pendant laquelle la gauche ne souhaite aucunement voir émerger un quelconque mouvement de protestation qui viendrait rappeler que sa gestion économique et politique des dossiers n’est finalement qu’une gestion libérale. La situation répressive est telle qu’en juin 2000, un certain nombre d’organisations et associations comme le DAL (Droit au logement), Greenpeace, Syndicat de la magistrature, Raisons d’Agir… ont publié un livre aux éditions Esprit frappeur intitulé Répressions, la cagnotte et le bâton : « Incarnée par la police, la justice, voire un État libéral paternaliste à double vitesse la répression est rencontrée au quotidien… »

Le Monde libertaire dénonce régulièrement cette situation. Il y a deux semaines, Le Monde libertaire rappelait l’intervention musclée de la police contre le CAE qui protestait contre l’ouverture d’un nouveau centre de rétention : 6 blessés, 55 interpellations… Ce même numéro rappelait la situation niçoise où la police a réprimé au hasard et de manière massive. Ainsi l’appareil répressif répondait aux exigences des capitalistes. « Le monde des affaires est habitué à travailler avec les syndicats, les organisations de consommateurs et autres groupes qui sont responsables, crédibles, transparents, et qui méritent le respect. Ce que nous mettons en question, c’est la prolifération des groupes, qui n’acceptent pas ces critères d’autodiscipline » (déclaration adoptée dans le cadre d’une rencontre organisée par la chambre internationale du commerce de Genève en 1998). Le numéro de la semaine dernière rappelait l’état de siège policier que devait subir les sans papiers de Lille à chacune de leur manifestation.

Une action efficace : celle de la police !

Quoi de neuf cette semaine ? Dimanche 7 janvier, le CAE Ile-de-France distribuait des tracts pour informer les passagers et les salariés de la situation des sans-papiers. L’action une fois terminée, la PAF (Polices aux frontières) est intervenue violemment (au point de choquer les passagers ainsi que des salariés) dans la cafétéria et a interpellé deux personnes. C’est ainsi que le CAE ne fait plus une seule action sans tentative d’intimidations, violences de la part de la police. Le mardi 9 janvier dernier, les sans-papiers de la MDE décidaient de se donner rendez-vous devant le siège parisien du Parti socialiste afin de dénoncer l’attitude du gouvernement : « En lutte depuis août 1999, nous avons été soutenus en fonction du vent, de la marée et de la lune par des députés PS, PCF, Verts des membres du gouvernement actuel tel que Jospin, Fabius… sans oublier Delanoë… Fort de cette expérience sans résultat, nous sommes décidés plus que jamais à monter au créneau pour dénoncer haut et fort l’hypocrisie et la démagogie de Jospin et de son gouvernement. […] Monsieur Jospin est sourd, surmené par sa future campagne et se tient surtout aux ordres du MEDEF pour imposer une “refondation sociale” basée sur la limitation temporaire des contrats de travail afin de mieux saper les droits des ouvriers salariés nationaux tout en utilisant une immigration temporaire toujours plus précarisée… » Le gouvernement ne l’entend pas de la même oreille et a décidé de tenter de frapper un grand coup afin de calmer les ardeurs de la MDE. Alors que le cortège se situait devant le ministère des Affaires étrangères, la police est intervenue violemment avec 2 blessés évacués à l’hôpital Cochin (dont un dans le coma). Les manifestants entourés par des centaines de CRS ont finalement du subir une charge encore plus importante avec près de 130 personnes interpellées dont 110 sans-papiers.

Libérés au compte goutte, l’objectif est bien de tout faire pour qu’un mouvement social, contestataire ne prenne pas d’ampleur en le réprimant à la base. Dans ce contexte les diverses manifestations en soutien aux sans papiers lors de la journée nationale du 27 septembre prochain se révèlent importantes dans notre capacité à peser et à prolonger le mouvement.

De la matraque au tribunal

Ce même 9 janvier une trentaine de militants de la Confédération paysanne se présentaient devant le siège socialiste de Lille (après avoir demandé par courrier une entrevue). Résultat : 19 interpellations.

Et n’oublions pas que si la police est un appareil répressif au service de l’État, il en est de même de la Justice. On médiatise et on mobilise très largement autour les procès de Montpellier en février (Confédération paysanne pour le McDo de Millau et des syndicalistes agriculteurs d’Inde pour les OGM et la destruction de plants), mais n’oublions pas les autres. De la valse des procès niçois et bordelais qui va débuter suite au sommet de Nice, jusqu’au procès du CAE. Pour le CAE effectivement, le procès a lieu le 30 janvier à 14 heures au tribunal de police d’Aulnay-sous-Bois (93), boulevard Hoche. Le « réquisitoiree aux fins de citation » est daté du 7 juillet 2000, soit près de 6 mois après la supposée infraction officiellement reprochée qui est « exploitation non conforme d’une zone publique d’un aérodrome ». Revendiquer et lutter pour la liberté de circulation devient un motif de comparution devant le tribunal…

Cette répression ne doit pas nous faire taire (c’est son premier et principal objectif), néanmoins elle nécessite que nous nous organisions entre autres par un nécessaire besoin de coordination et de solidarité de l’ensemble des milieux militants anticapitalistes.

Théo Simon. — groupe FA Nantes


La voix de son maître

Un patron aidé par sa déléguée syndicale pour casser une grève

L’entreprise paramédicale Sedat d’Irigny (Rhône, 100 personnes, fabrication de seringues, groupe Pérouze) a connu une semaine de grève à la mi-décembre. À l’ordre du jour, les fameuses 35 heures que bien entendu, le patron voulait combiner à sa sauce, à savoir ne plus compter les temps de pause et de déjeuner comme du temps de travail effectif. Les salariés, avec ce mode de calcul, se retrouvaient à 35 h et 40 min sans que rien ne change dans leur rendement horaire. Pour le surplus, les 40 minutes, le patron lâchait une journée de congé par an. Ce qui correspondait à 25 % de ces 40 min. Un sou est un sou.

Les employé-e-s (majoritairement des ouvrières) ont refusé l’arnaque. Surtout qu’il y a de quoi se rebeller quand on voit l’état des salaires. Une ouvrière avec 27 ßns d’ancienneté et effectuant de nombreuses heures supplémentaires arrive tout juste à 7 000 F net à la fin du mois, primes comprises. Environ 80 % du personnel s’est engagé au départ dans le conflit malgré les tentatives de démobilisation de la part de la déléguée syndicale CGT qui lâcha même le mouvement dès le second jour. L’assemblée des grévistes désigna alors trois porte-paroles afin de rencontrer la direction qui accepta d’entamer des négociations début janvier à condition que la grève cesse bien entendu.

Au lendemain de la reprise, un des porte-parole syndiqué CGT et sympathisant de la Fédération anarchiste et une syndiquée CFDT se sont vu notifié une mise à pied conservatoire en prévision de leur licenciement. Résultat : trois semaines de perte de salaire sur décembre pour les deux têtes à abattre et ensuite deux licenciements maquillés en « faute grave ».

Du rouge au jaune

Le plus fort dans cette histoire, c’est l’attitude et le rôle de la déléguée syndicale qui a sans cesse accompagné la voix patronale pendant la grève, et après la grève, en refusant de soutenir les licenciés et en soutenant la promesse du patron pour calmer le mouvement : des tickets restaurants payés par l’argent du comité d’entreprise. Belle avancée patronale !

Mandatée depuis vingt ans par l’union locale CGT, cette déléguée ne rendait des comptes qu’à son patron et plus du tout au syndicat local. Son rôle était d’assurer un paix sociale en traduisant aux ouvrières ce qui était bon pour la rentabilité de l’entreprise. Autant dire que cette pseudo déléguée syndicale mérite largement d’être révoquée de son mandat. Affaire à suivre…

Nous savions que la répression syndicale est un point fort du patronat. Mais il faut savoir que derrière un mandat de délégué syndical, il peut aussi se cacher la collaboration active avec le patron. Cela n’est malheureusement pas nouveau.

Prochainement, une procédure devant les prud’hommes sera certainement entamée pour réclamer la réintégration des deux syndiqués licenciés.

Manu (groupe Déjacques, Lyon)


Argentine : Des prisonniers politiques en grève de la faim pendant 116 jours

Claudia Acosta, Isabel Fernandez, Ana Maria Sivori, Miguel Angel Aguirre, Claudio Rodriguez, Carlos Motto, Gustavo Messutti, José Moreyra, Luis Alberto Diaz, Sergio Paz, Claudio Veiga, Enrique Gorriaran Merlo et Roberto Felicetti : ces personnes font partie d’un groupe de militants qui occupèrent la caserne de La Tablada en janvier 1989 à Buenos Aires (Argentine). À l’époque, ils sont persuadés de l’imminence d’un nouveau coup d’État ; la riposte de l’armée est terrible : des corps sont brûlés par des projectiles au phosphore ; quelques-uns sont portés disparus et d’autres, fusillés ­ ceux qui s’étaient rendus ­ et ce, en ouverte violation de la Convention de Genève et de l’article 4 de la Convention américaine des droits humains. Les prisonniers politiques de La Tablada ont été jugés en vertu de la loi de Défense de la démocratie (Loi 23.077) qui limite le droit de faire appel et qui viole la Convention américaine des droits humains, dont l’Argentine est signataire. En 1997, une résolution de cette Commission décide de leur mise en liberté au vu des flagrantes irrégularités du jugement. De même, Amnesty International exprime et réitère sa préoccupation pour ces violations des droits humains et demande que ces personnes puissent exercer leur droit de faire appel en concordance avec les normes internationales (Pacte international des droits civils et politiques).

Le 5 septembre 2000 cependant, les prisonniers politiques de La Tablada entame leur deuxième grève de la faim, à la recherche d’une stricte et élémentaire égalité devant la justice : la révision de leur procès. Les militaires, coupables de la disparition de 30 000 personnes restent, quant à eux, libres et impunis grâce à des lois d’exception. Mais ces 13 grévistes de la faim, déjà durement punis par des années de souffrances, doivent livrer un combat inégal et dramatique au prix de leur vie ! C’est après 116 jours de grève de la faim que le gouvernement argentin réagit : le soutien international et l’état de santé des grévistes l’ont amené à pondre un décret présidentiel pour commuer les peines des grévistes. Malgré cela, les revendications restent insatisfaites, puisque en 1997 la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) avaient estimé que les prisonniers de La Tablada, après ce qu’ils avaient vécu, devaient être réhabilités et donc libérés. Le décret ­ qui ne règle rien pour les cas de Enrique Gorriran Merlo et Ana Maria Sivori ­ commue les peines de prison à perpétuité pour neuf d’entre eux à 20 ans ; Celle de Claudia Acosta à 22 ans de réclusion ; et Robert Felicetti ­ réclusion à perpétuité ­ à 25 ans de prison. La majorité d’entre eux obtiendront la liberté conditionnelle en mai 2002, d’autres en 2003 et 2005. Mais ces courageux lutteurs, devant la mise en application partielle des recommandations de la CIDH continueront la lutte sous d’autres formes jusqu’à leur liberté immédiate, et en solidarité pour tous les détenus qui ne bénéficièrent pas du décret présidentiel.

sources : OSL et comité suisse de soutien.


Angola : on ne badine pas avec la liberté d’expression

Cette ancienne colonie portugaise située au Sud-Ouest de l’Afrique est le terrain d’affrontements entre des nationalismes exacerbés. Des luttes incessantes opposent les partisans du MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) à ceux de l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola). Le premier bloc est soutenu par des puissances pétrolières, le second se régale des largesses des diamantaires. Voilà 25 ans que la guerre civile sévit dans ce pays. 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. On pille les ressources naturelles pour alimenter le conflit en achetant des armes sous le regard bienveillant de puissances occidentales et des magnats de l’or noir. Chaque fraction enrôle de force. Dès l’âge de quatorze ans les jeunes garçons sont enrégimentés dans les groupes armés. S’ils parviennent à s’en échapper, une fraction ennemie les cueille au passage et les enrôle à son tour.

Dans ce contexte, le moindre opposant encourt de lourdes sanctions. Rafael Marques est journaliste et milite pour la paix. Il a été arrêté en novembre 1999 et condamné à 41 jours de prison pour avoir écrit dans un article paru en juillet 1999 dans la revue Agora que le président angolais, Jos Eduardo Dos Santos, était un dictateur. Le directeur de la publication, Aguiar Dos Santos a été poursuivi pour le même chef d’accusation : diffamation envers le président. En mars 2000 ils sont condamnés tous les deux : Marques écope de six mois de prison ferme et une amende de 50 000 dollars ; A. Dos Santos de deux mois de prison ferme et une amende de 7 000 dollars.

La sentence est prononcée par un « tribunal populaire » dont le juge n’a aucune compétence mais est officier des services secrets angolais. Le verdict sera confirmé par la Haute-Cour le 27 octobre 2000, réduisant cependant l’amende à 7 000 dollars pour Marques mais l’obligeant à payer les frais du procès (8,50 dollars par jour sur une période de six mois) avec mise à l’épreuve de cinq ans. Pendant ces cinq ans Rafael Marques sera condamné au silence, il ne pourra plus intervenir en public, il ne pourra plus écrire, il ne pourra plus se déplacer. La Haute-Cour confirmera également la sentence retenue contre le directeur de la publication : deux mois de prison ferme mais réduction de l’amende à 4 250 dollars et mise à l’épreuve de trois ans avec autorisation de déplacement.

L’État angolais cherche à museler Rafael Marques. Avec d’autres, il a rédigé en juin 1999 le « Manifeste pour la Paix en Angola » exigeant le cessez-le-feu immédiat et appelant au dialogue. Assigné à résidence, il ne pourra pas se rendre au congrès de l’Internationale des Résistants à la Guerre (War Resisters International) qui se tiendra en Inde du 18 au 24 février 2001 sur le thème : « Nonviolence and Social Empowerment ». En Angola, la liberté d’expression a un prix…

Martine. — Relations Internationales FA


Bolivie : terrorisme d’État

Ces derniers mois, les Boliviens ont connu une véritable convulsion sociale, qui fut en fait un élan plein de vigueur des couches paysannes pour conquérir leur autodétermination. L’autre facteur qui poussa à la rébellion c’est l’extrême misère qui règne à travers le pays. Les exploités et humiliés de toute sorte s’appliquèrent à prendre leurs problèmes en main et à les résoudre, mais n’aboutirent pas sous l’effet conjugué d’un manque de stratégie révolutionnaire et des trahisons des réformistes qui jouent à la fois les incendiaires et les réformistes. L’explosion sociale est restée en suspens, mais le stupide gouvernement n’a pu noyer dans le sang l’avalanche des travailleurs en marche, il a préféré faire des concessions, et retoucher les lois bourgeoises, et tout est retombé. Ce qui n’implique pas que les exploités vont reculer ou qu’ils vont se disperser, mais plutôt qu’ils pourront recommencer, puisque reste toujours l’intention de lutter contre la misère et la répression qui les touche.

Le secteur des paysans cultivateurs de coca fut l’un des plus combatifs durant les troubles sociaux de ces derniers mois ; après avoir arracher quelques mesures à l’État bourgeois, les paysans cocaleros sont en train de payer très cher la capitulation des bureaucrates devant la police prohibitionniste et hypocrite de l’impérialisme bourgeois (1), à propos des drogues. Environ 40 000 familles paysannes se consacrent à la culture de la coca, pour une consommation traditionnelle, et qui n’ont pas d’autres solutions que d’en vendre les excédents aux mafias des narcotrafiquants.

Actuellement, l’État a militarisé la zone de production de coca, déployant 12 000 hommes et menaçant de laisser se déchaîner les corps d’élite de l’armée dans les zones agricoles. Dans cette région se vit une sale guerre, avec son lot de viols, séquestrations, disparitions, incendie d’habitations, mises à sac, incarcérations de syndicalistes sont monnaie courante. Les autorités en sont arrivés à utiliser les services de francs tireurs qui tirent contre les syndicalistes paysans depuis des hélicoptères de la DEA, organisme anti-drogue. Mais les paysans ne sont pas restés indifférents et ont utilisés des comités d’autodéfense mal armés avec des vieux fusils et des bâtons de dynamite, ce qui a donné l’occasion au gouvernement de monter une machination. Les autorités les accusent de protéger des camps d’entraînement pour les guérilleros, sous contrôle des FARC colombiennes. Devant cette escalade répressive, les paysans et leurs familles sont prêts à se défendre jusqu’à la mort.

Les autres secteurs du monde du travail ont affirmé leur solidarité avec les travailleurs paysans, sont en position de combat et menacent de sortir dans les rues et par les chemins, pour trouver les solutions à leurs difficultés à travers l’action directe. La lutte contre le gouvernement bourgeois a laissé une expérience riche en luttes, qui a valorisé la capacité du peuple pour le combat. L’absence d’organisations véritablement révolutionnaires laissent le terrain libre pour une trahison armée des bureaucraties et un véritable bain de sang.

Les anarchistes boliviens et leurs groupes (Jeunesses libertaires, Collectivité libertaire, Bras ouvrier et Cri silencieux) s’efforcent d’y remédier en impulsant la création d’une fédération anarchiste dans leur pays.

Jeunesses libertaires boliviennes

(1) il s’agit en fait du « Plan Colombie » des États-Unis, voir Le Monde Libertaire hors série actuellement dans les kiosques.

Source : Grasswurzelrevolution nº 255, janvier 2001


Tchéquie : 10 anarchistes en prison !

Le 8 janvier, les sentences ont été prononcées dans le procès des « Dix de Zlinn ». Ce procès mettait en accusation dix jeunes antifascistes et anarchistes, qui avaient utilisés la légitime défense alors qu’ils faisaient face à une violente attaque groupée de skinheads néonazis. Lors de l’affrontement, un des nazis avait été grièvement blesse.

Ce procès a dès le début pris une tournure politique, même si la police ne voulait y voir qu’un affrontement de rue, et qualifiait les skinheads de « promeneurs tranquilles », alors que la plupart ont déjà été condamnes pour des violences raciales. À l’inverse, les flics n’ont pas hésité à faire pression sur les témoins, pour faire accuser les militants antifascistes et anarchistes les plus actifs de la région.

Le fait que la plupart des accusés n’étaient pas sur les lieux le jour de l’affrontement ne comptait pas aux yeux des poulets, trop acharnés a faire tomber des militants révolutionnaires.

Trois des antifascistes ont été condamnés a de lourdes peines de prison : quatre ans (dont 3 avec sursis) pour Vladimr Futak (membre de la Fédération anarchiste tchécoslovaque), 3 ans (dont deux avec sursis) pour deux autres compagnons. Tous les autres accuses, dont David Srott (militant de la FSA, section tchèque de l’AIT, internationale anarcho syndicaliste), ont quant a eux été relâchés.

Vladimir Futak a été désigné a la police comme un bouc émissaire, uniquement pour essayer de détruire son témoignage qui innocentait d’autres militants comme David Srott.

Il a été accusé sans aucune preuve, uniquement parce que les néonazis l’ont désigné comme un des agresseurs.

Il est clair que cette condamnation est une mesure préventive de l’État tchèque, contre un des militants anarchistes les plus actifs. L’État cherche a déconcerter son activité politique : il peut maintenant aller en prison pour n’importe quel prétexte. Il a eu une très grosse condamnation uniquement par son implication dans le mouvement anarchiste.

Vladimir va se porter en appel prochainement, la solidarité ne doit pas faiblir.

Ce que vous pouvez faire :
Envoyez des lettres de protestations au Président Havel, Kancelar Prezidenta Republiky, Prazsky Hrad, Praha 1, 119 08
Transmis par Yvan (groupe de Nantes)


Samudaripen, le génocide des Tsiganes

Claire Auzias a écrit ce livre, notamment à l’intention des « relationistes et relativistes » qui par ignorance sans doute, voire naïveté pensent que le génocide ne concerne que le peuple juif. Cette vision restrictive contribue fortement à opposer un groupe à un autre. Pour comparer les chiffres des morts… Claire Auzias veut plutôt mettre en relief les génocides, sans pour autant minimiser les souffrances subies par tel ou tel peuple. Il n’y a pas de hiérarchie dans l’horreur et la négation ! C’est pourquoi, un crime de génocide s’analyse en soi. Condition sine qua non pour se prémunir des dérives restrictives, même si elles sont parfois involontaires !

Reconnaître le génocide tsigane, aujourd’hui

Samudaripen veut dire : Tout Tuer. Il fallait bien créer un mot, puisque jusqu’à ce jour, l’acte et l’argument ne sont toujours pas reconnus. En romani : génocide est la juxtaposition de trois mots : Mudare — Il tue — ipen — l’action et sa ­ tout : le meurtre total.

La seconde guerre mondiale fut pour les roms, le temps d’une extermination jamais atteinte dans leur histoire, lourde pourtant de persécutions policières et physiques ! Il en fut ainsi, également, en France vichyste. Dans un rapport de 1966, Hannah Arendt reconnaît : « Eichman n’était accusé de génocide qu’à l’endroit des juifs. Même si tout le monde savait que les tsiganes avaient été exterminés. Même s’il n’y avait pas de directives pour les tsiganes comme il y en avait pour les juifs. Pourtant il était coupable de leur extermination tout autant que celle des Juifs et de la même manière ». Pour plus d’exactitudes, on peut aussi lire ou relire, Primo Levi.

L’Allemagne nazie, réserve un traitement particulier aux Zigeuners, aux Roms et aux Sinti. Il prend dans le Reich une dimension inégalée ailleurs. Asociaux, mis dans des camps de concentration, le troisième Reich les extermine. C’est facile : le service de la statistique raciale socioprofessionnelle de Göttingen est doté d’un fichier tsigane depuis 1931 ! Les nazis n’ont plus qu’à les cueillir ! Privés de leur citoyenneté, d’asociaux ils deviennent criminels. Marche vers l’anéantissement des sinti allemands puis des tsiganes de toute l’Europe. Norvège, Pays-Bas, pays baltes et Ukraine, progressivement soumis au grand Reich. Enfin les États occupés militairement et collaborateurs, comme la France, participent à l’extermination. Arrêtés, parqués dans des camps de transit ils sont finalement déportés puis gazés. Le Z de Zigeuner, tatoué sur leurs peaux dans les camps. Sous couvert d’anthropologie, science nazie de la classification du genre humain, subdivision hiérarchisées en « races », ou plus exactement en « l’inégalité des races ».

Persécution des tsiganes sous Vichy

Dès la fin du XIXe, les roms sont appelés en France Romanichels ou Bohémiens. Dans l’ensemble de la politique de Vichy, les roms, ne représentent pour personne un enjeu de premier plan. La « France aux Français » du maréchal ravive la question : les tsiganes sont-ils de vrais Français ? Vichy répond par la négative et interne les tsiganes français dans des camps et les tsiganes étrangers dans d’autres camps. Aboutissement de la loi de 1912 qui permit le fichage policier. Il sont internés, dès le 4 octobre 1940. Ensuite, c’est le parcours obligé vers les camps de concentration français (Montreuil-Bellay, Saliers), avant d’être livrés aux nazis.

Expériences médicales dans les camps

Les tsiganes, distincts des Juifs, ont pareillement péri en tant que « race » dans les chambres à gaz. Pourquoi ? Les roms représentent un démenti irréductible à l’ordre nazi : leur civilisation tout entière en est un défi. Dans les camps de la mort, ils sont définis comme « bons à pas grand chose ». Les expériences médicales atteignent des sommets d’horreur. Traitements expérimentés sur les jumeaux, inoculation du typhus et d’eau salée. Enfin, stérilisation.
Qui va se soucier du sort des victimes d’un peuple qui, selon les nazis n’existe pas ?

Le souvenir monstrueux des roms est-il aussi le nôtre ?

Claire Auzias ne prétend pas synthétiser toutes les connaissances sur le Samudaripen. Les jeunes roms lettrés aussi se demandent pourquoi ce génocide n’est pas reconnu. Chez les roms tout passe par l’oral, tous ne sont pas lettrés. Dans l’affirmation publique de leur génocide, ceux-ci posent une question d’éthique. Dans leur culture qui n’est pas faite de mémoire prescrite : la mort est taboue. Les morts sont menaçants et le passé recèle l’esprit des morts qu’il convient de laisser en paix, afin qu’ils n’inquiètent pas les vivants.

Les sociétés dominantes ne pourraient-elles pas contribuer à alléger le dilemme de la culture tsigane. Prendre acte de ce que les morts tsiganes préfèrent l’oubli ? Les jeunes roms, eux, dérogent aux ancestrales positions. Ils ont choisi d’affronter ce monstrueux qui se trouve derrière eux… et derrière nous ?

Patrick Schindler. — Claaaaaash

(1) Claire Auzias, Samudaripen, le génocide des tsiganes, éd. L’esprit frappeur (20 FF).


Dans le fond des poches

La société servile

Élevé au petit lait de l’idolâtrie, le lambda collectionne les baudruches comme autant de preuves de sa conduite exemplaire… Toutes les fantasmagories le menant à sa déchéance, il les encense avec zèle : Patrie, Nation, Famille, État… Quelques omégas essayèrent bien de retoucher ces chimères, disposant d’un socle dialectiquement conçu : Démocratie, Solidarité, Révolution… mais la déchéance n’en fut que plus rapide : la masse n’entend rien aux subtilités et le troupeau est bien trop content d’aller se faire tondre…

Bien au-delà de toutes les formes d’exploitation sociale, dont les variantes réservent encore de sanguinaires surprises, tous ces apprentis sorciers de la chose sociale n’avaient qu’idéalisé de nouvelles croyances attendant leurs benêts et leurs protestataires zélateurs aptes à construire un nouveau dieu aux couleurs du temps, christique ou zen, royal ou démocrate… avec leurs poussées de fascismes passagères…

L’individu nié à la foire sociale ­ si la roulette n’avait qu’un trou on nous ferait miser quand même, disait l’artiste ­ débouche sur un être bafoué, robotisé de convention, aux affects programmés, avec sa dose de compassion sur le chemin balisé de toutes les hypocrisies… En route pour l’espoir, au mieux… avec la mort au quotidien.

Surtout que l’individu ne se réveille pas, qu’il ne rejette pas sa tunique de pantin, qu’il aide à tirer les fils qui l’entravent et les filles sans joie… À moins que lambda botte le cul de sa passivité, qu’il s’invente d’autres possibles, qu’il les confronte dans l’association mutuelle, libre et consciente, qu’il ne cessera de remettre sur le métier…

Stirner nous y invite de la plus belle façon.

* Max Stirner ­ L’Unique et sa propriété ­— éditions La Table Ronde ­ collection La petite vermillon nº 126 — 414 p ­ 65 FF.

***

* Les Cyniques grecs, lettres de Diogène et Cratès — ­lecture de Didier Deleule — éditions Actes Sud -­ collection Babel nº 357 ­ 130 p ­- 39 FF
* Les Cyniques grecs, fragments et témoignages — ­choix de Léonce Paquet — éditions Le livre de poche -­ collection Classiques de la philosophie nº 4614 ­ 352 p — 44 FF
Le compère Deleule nous offre une traduction inédite en français d’une série de courts textes revigorants… échappés de peu aux bûchers et tombeaux de premières que sont les anthologies… Voici les chiens lâchés aux basques de la gloriole et autres écrans de fumée qui forment la modernité…du quotidien de tout étatisme.
Leur refus de la communauté politique dénonçant la citoyenneté…alors naissante, leur a-religion, leur recherche du bonheur en font comme l’avait bien remarqué Max Nettlau, les précurseurs de l’anarchie.
L’ouvrage de Paquet est le recueil le plus complet dont nous disposons à ce jour, comme tel, il est indispensable pour approcher Antisthène, Diogène, Ménippe et les autres…

* La Sculpture de soi, la morale esthétique — Michel Onfray — éditions Le livre de poche -­ collection biblio essais nº 4225 ­ 222 p ­- 40 FF.
Vagabondages géographiques et intellectuels, ce vaste patchwork rayonne de fraternité. L’éthique y gagnera, cheminant en s, vers l’esthétique… gardant de l’élection que pour les affinités…une invitation permanente à l’insoumission.

* Les Larmes d’Ulysse ­- Roger Grenier — éditions Gallimard ­- collection Folio nº 3424 — 170 p ­- 19 FF.
Aimer les chiens ne va pas sans désespérer plus ou moins des hommes. Avec la douceur sans complaisance qui anime sa plume, il nous entraîne dans une odyssée au fil de la littérature. Comme disait le poète : les animaux, qui ne font rien d’inutile, ne méditent pas sur la mort.

* Demain les chiens — Clifford D. Simak — éditions J’ai lu ­- Collection Science-fiction nº 373 — 312 p ­ 28 FF.
L’espèce humaine ayant débarrassé le plancher des vaches, la gente canine occupe le devant la scène…D’ailleurs, l’homme, a-t-il seulement existé ? Seuls quelques récits, transmis de gueule à oreille, narrent ce temps bien éloigné… les clebs racontent…

* Dingo — Octave Mirbeau — éditions Le Serpent à plumes ­- collection Motifs nº 47 — 412 p ­- 45 FF.
Un bien étrange colis arrive un matin : c’est un chiot mi-chien mi-loup qui déboule d’Australie, un dingo…mais consolation, il rue rapidos dans les brancards : le chien naît misanthrope…ça tombe mal pour un maître qui lui demande que de devenir un homme…
Dernier roman d’Octave Mirbeau, il décape cette société de larbins, toutes dents dehors…

Jean-Denis. — Liaison Bas-Rhin

Les ouvrages cités sont disponibles à la librairie du Monde Libertaire


Chronique du flicage ordinaire

Jeudi 7 décembre vers 0 h 30, Jeak prend le métro à la station Nation. Il achète des tickets mais ne peut pas les composter, les composteurs étant hors tension comme tous les jours à cette heure là. Il monte dans la rame de la ligne nº 2 en direction de la porte Dauphine. Quelques stations plus loin, cinq CSA (Contrôle sécurité assistance, nouvelle brigade mi-vigiles mi-contrôleurs créée par la RATP) montent dans la voiture. Il lui demandent son ticket puis l’obligent à descendre à la station Colonel-Fabien pour lui mettre une amende. Jeak présente sa carte d’identité sans broncher, encaisse l’amende, puis attend le métro suivant. Les CSA quant à eux repartent vers Nation et attendent le métro sur la quai d’en face. Échange de propos. Le ton monte. Les CSA s’énervent et commence à menacer Jeak. Ils décident de faire le tour pour revenir le chercher. Les voyant arriver en courant, Jeak cherche à s’enfuir mais les CSA finissent par le rattraper. Ils le plaquent sur le mur, lui tordent le bras, puis commencent à le molester. À ce moment là, le métro vient d’arriver. Les passagers assistent à la scène, assez violente, pendant que Jeak pousse des hurlements. Un des passagers, Seb, décide d’intervenir. Les CSA le plaquent au sol pour lui faire subir le même traitement : clef de bras, coup de pied… Mais les CSA ne comptent pas en rester là et appellent des renforts. Au bout de cinq minutes, les flics arrivent pour prendre le relais et emmener Seb et Jeak en garde à vue. Ils ne seront libérés qu’à 17 h 30 avec quelques blessures : trois jours d’ITT (Incapacité totale de travail) pour Jeak et un jour pour Seb.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Pour couvrir leurs exactions, deux CSA ont déposé plainte : Nadège Ratton a en effet eu le malheur de se casser un ongle dans la bagarre. Pour cette raison, elle s’est vu délivré une ITT d’un jour et a déposé plainte contre Seb pour violence volontaire en l’accusant de lui avoir donné plusieurs coups de poing (rien que ça) ! Quand on sait avec quelle largesse les ITT sont attribuées à la flicaille pour les couvrir, on comprend le caractère particulièrement mensonger de cette accusation. Un second CSA, Jean-Christophe Choquet, a quant à lui déposé plainte contre Jeak pour outrage et rébellion. Dans les deux cas, la RATP a elle aussi porté plainte.

Seb et Jeak ont été convoqués le 19 décembre devant le tribunal correctionnel. Leurs avocats ont demandé un report du procès en insistant sur le fait que Seb avait un sursis (huit mois de prison), ce qui nécessitait plus de temps pour préparer la défense compte tenu de l’enjeu. La juge a alors accepté le report en concluant sur ces termes : « Oui, en effet, compte tenu de son comportement vis-à-vis de la police, il va falloir prendre des mesures »…

De la flicaille en milieu souterrain

Ces six dernières années, la RATP a procédé à une véritable reconquête du territoire (comme elle le dit si bien elle-même) en multipliant les contrôleurs et en créant des groupes de vigiles telles les GPSR (équipés de matraques, menottes et bombes lacrymogènes). Cette politique de flicage accrue rentre dans le cadre d’une augmentation de la présence policière en général en milieu urbain. Ce flicage de la RATP est bien sûr ciblé sur les plus pauvres, qui en sont les premières victimes : outre les SDF expulsés du métro en plein hiver (avec les funestes conséquences que l’on sait), il permet de terroriser les sans-papiers et tous ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un titre de transport. On peut ainsi constater que la présence policière de la RATP est précisément orientée sur les quartiers immigrés et populaires de la capitale.

Mardi 23 janvier à 9 heures, Jeak et Seb passent en procès devant la 30e chambre du palais de justice de Paris.

des usagers


Davos : aller sans retour pour les capitalistes

Du lundi 22 au samedi 27 janvier inclus aura lieu en Suisse une semaine d’actions animées par la Coordination antiWTO contre le World economic forum (WEF) de Davos. Comme chaque année, les plus grands capitalistes de la planète se réunissent à Davos pour discuter de leurs futurs projets, signer des contrats, pour pouvoir s’en mettre encore plus dans les poches.

Le samedi 27 janvier est le jour de leur grande réunion et aussi celui prévu pour une grande manif (avec une organisation au point). Diverses organisations (radicales en majeure partie) seront présentes pour tenter d’empêcher la réalisation de ce sommet. Nous y seront pour combattre le capitalisme, mais aussi toutes les sortes de discrimination et d’inégalités telles que le racisme, le patriarcat, l’autoritarisme, le nationalisme, l’antisémitisme… La Fédération anarchiste est signataire de la plate-forme rédigée par la Coordination antiWTO de Suisse et vous êtes invités à cette semaine d’action et plus particulièrement à la manif. Pour ceux et celles qui viennent de loin et qui veulent être hébergé (jeudi 25 et vendredi 26) ou qui n’ont pas de moyen de transport, ou qui ont de la place dans leur auto et qui voudraient avoir plus d’infos… Contactez :
Espace autogéré des Tanneries. 17, bd de Chicago, 21000 Dijon. Tél : 03 80 66 64 81 ; e-mail : taneries@free. fr

Seb. — groupe Atanar

Coordination antiWTO :
www.under.CH
anti-wto@reitschule.ch


Que fait la police à Boulogne-sur-mer ?

À quelle époque et sous quel régime vit-on à Boulogne-sur-mer ? À Boulogne-sur-Mer, les fonctionnaires chargés du maintien de l’ordre surveillent les lectures des Boulonnais, au besoin les interpellent dans la rue, fouillent leurs sacs et saisissent les ouvrages qu’ils estiment pernicieux. Des livres en vente libre dans toutes les bonnes librairies.

À Boulogne-sur-mer, les policiers stationnent en permanence devant le local du Comptoir du chanvre, menacent et intimident ses responsables, dissuadent les passants de franchir le seuil de la boutique.

À Boulogne-sur-mer, défendre le concept de chanvre global, instruire sur ses multiples usages et mettre à la disposition du public des produits légaux à base de chanvre, vous attirent des ennuis.

À Boulogne-sur-Mer, informer sur le cannabis, expliquer pourquoi le CIRC défend l’autoproduction en tant que politique de réduction des risques, vous exposent à un procès.

À Boulogne-sur-Mer, c’est la liberté qui est en jeu. La liberté de se réunir, la liberté de s’exprimer, la liberté de défendre des idées partagées par des millions d’autres.

À Boulogne-sur-mer, ce n’est pas aux policiers, même si l’ordre vient d’en haut, de se déguiser en censeurs et de persécuter celles et ceux qui contestent les lois liberticides sur les drogues.

Le CIRC, les éditions du Lézard et les éditions Trouble-Fête, Chanvre et Cie, le Jardin d’Éden et Baracanna oragnisaient une soirée de soutien le 15 janvier au local du Comptoir du chanvre à Boulogne-sur-Mer.

Fédération des CIRC

(Collectif d’information et de recherche cannabique)
Pour toute information : 01 40 09 69 69 (Élisabeth).