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Encore un sans-papier mort en Belgique

Le jeudi 26 octobre 2000.

Le 12 octobre dernier, Ferri Xhedvet, un réfugié albanais âgé de 25 ans est mort au centre fermé (équivalent belge des centres de rétention) du 127 bis à Steenokkzeel. Il avait tenté sa chance : avec 8 de ses camarades, il avait voulu s’enfuir. Hélas pour lui, il est tombé du haut du mur d’enceinte : une chute de 5 m de haut, de laquelle il ne peut se relever. Il appelle à l’aide ainsi que 4 de ses camarades qui renonceront à la liberté pour prévenir les gardiens.

Ceux-ci l’ont récupéré et remis en cellule, sans se soucier, semble-t-il, de son état. Quant ils s’occuperont de lui, il sera trop tard. Les causes de la mort ne sont pas encore connues. Une enquête est en cours.

Deux ans après Semira Adamu, c’est donc le deuxième sans-papiers à mourir en Belgique entre les mains des autorités. Deux morts de trop. Divers témoins rapportent que Ferri, alors qu’il était blessé, aurait été menotté par les gendarmes et traîné par les pieds jusqu’à la cellule.

Le 18 octobre, une délégation du Comité des sans-papiers 59, du MRAP, de la FA et du collectif étudiant, a été reçue par le consul de Belgique à Lille à l’issue d’une manifestation qui s’est terminée devant le consulat aux cris de « Sans papiers expulsé-e-s, sans papiers assassiné-e-s ». Tout en déplorant le décès, le consul a contesté que des irrégularités aient été commise par les autorités belges. S’appuyant sur les premiers éléments de l’enquête et les instructions de son gouvernement, il a affirmé que rien ne laissait voir que Ferri était blessé et qu’il fallait aussi comprendre le personnel très éprouvé de ces centres, et que les ressortissants albanais dans les centres se montraient, selon l’avis de son ministre, particulièrement agressifs et difficiles à maîtriser… Il s’est également répandu sur le fait que 4 500 demandeurs d’asile arriverait par mois sur le sol belge et que la Belgique seule ne pouvait résoudre cette grave question.

La délégation lui a fait remarquer toute l’indignité de la position de l’État belge, qui criminalise toute une communauté pour excuser sa propre culpabilité. Une fois de plus, se trouvent donc posées les questions du droit d’asile, des centres de rétention et de l’arbitraire qui frappe les sans-papiers. Il serait pourtant si simple de régulariser les sans-papiers. Le consul a fait remarquer qu’une procédure de régularisation était en cours en Belgique et que cette dernière constatation était mal venue. C’est vrai : 32 664 personnes ont fait une demande de régularisation en Belgique. Jusqu’à maintenant : 474 personnes ont été régularisées.

Bertrand Dekoninck. — groupe de la métropole lilloise